Lot 36
  • 36

Baudelaire, Charles Œuvres complètes précédées d’une notice par Théophile Gautier. Paris, Michel Lévy, 1868-1870.

Estimate
60,000 - 80,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Œuvres complètes précédées d’une notice par Théophile Gautier.Paris, Michel Lévy, 1868-1870.
7 volumes in-12, 179 x 114 mm.
I) Fleurs du Mal. 
II) Curiosités esthétiques. 
III)  L’Art romantique. 
IV)  Petits poèmes en prose – Les Paradis artificiels. 
V) Histoires extraordinaires par Edgar Poe, traduction.
VI) Nouvelles Histoires extraordinaires par Edgar Poe, traduction.
VII) Aventures d’Arthur Gordon Pym –Euréka, traductions.



Un portrait de Baudelaire gravé sur acier par Nargeot en frontispice du premier volume et 34 gravures originales ajoutées.



Reliure de l'époque, signée de Chambolle-Duru. Plein maroquin grenat, encadrement des plats de filets dorés, dos à nerfs ornés de caissons dorés, titres dorés, tranches dorées sur témoins, dentelle intérieure. 
Superbe état de conservation. Minimes rousseurs et très faibles usures angulaires.



Première édition collective, en partie originale : Les Fleurs du Mal sont en 3ème édition originale augmentée de 14 poèmes inédits ; les Curiosités esthétiques, L’Art romantique ainsi que les Petits Poèmes en prose sont en édition originale. 



Exemplaire auquel on a ajouté à la fin du tome I le Complément aux Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, Bruxelles, chez tous les libraires, 1869. In-12. Exemplaire de tirage ou d’édition « B » sur 3 effectués la même année.



Un des très rares exemplaires sur grand papier de Hollande, dont le tirage n’a pas été indiqué (une dizaine).



Pièces jointes : l'ensemble est enrichi de 34 gravures originales, 5 lettres de Baudelaire, 2 lettres de Poulet-Malassis à Charles Asselineau, 2 lettres de Champfleury et Émile Deschamps à Mme Aupick à propos de cette édition.



5 lettres autographes signées de Baudelaire :
- À Auguste Poulet-Malassis, [Honfleur, 29 avril 1859], 1p. in-8 ; seul fragment de fin conservé d’une longue et importante lettre à son éditeur, dont le début est connu par la Correspondance Générale : Baudelaire expose son admiration pour Chateaubriand, évoque l’édition des Curiosités esthétiques et un article élogieux de Barbey sur Mistral : « Puisque je vous cause du tintouin, il faut bien que je vous fasse rire un peu. Sachez que pour remettre mon cerveau à l’endroit, je viens de relire (pour la première fois depuis vingt-cinq ans peut- être) la Grandeur et décadences des Romains, le Discours sur l’histoire universelle, et Les Natchez ! Je deviens tellement ennemi de mon siècle que tout, sans en excepter une ligne, m’a paru sublime. Toutes les fois que vous serez trop abattu, faites comme moi.  / Avez-vous lu l’éloge insensé de Mireio par le vieux mauvais sujet ? À propos de M. Mistral, il a eu soin de ne pas rater l’inévitable calembour : un nom beau comme un surnom ! / un poète plein de souffle ! » Ce fragment autographe était joint à l’exemplaire des Fleurs du Mal de la collection d’Armand Godoy relié par Canape (et figurant dans le présent catalogue (voir lot n° 15).
- À Auguste Poulet-Malassis, [Honfleur], 18 octobre 1860, 2 pp. in-4. Baudelaire ne fait rien, « La gêne causée par le grand éboulement [de la falaise de Honfleur sur laquelle la maison de sa mère était située] (…) Je puis, dans toutes ces histoires, avoir besoin de M. Camille Doucet (Ministère d’État). Ayez l’obligeance de lui envoyer un Paradis. »
- À Auguste Lacaussade, directeur de la Revue européenne, où viennent de paraître deux poèmes de Baudelaire, « La Voix » et « Le Calumet de la paix », qui avaient d’abord été promis à la Revue contemporaine d’Alphonse de Calonne ; [Paris, début mars 1861], 1 p. in-8. « Les vers ont malheureusement paru (…) Quand j’ai dit à M. de Calonne que pour payer sa dette par acomptes, je donnerais des morceaux ici, il m’a déclaré qu’il était inutile de lui apporter désormais quoi que ce soit, et qu’il allait décommander deux articles sur des livres de moi (…) »
- À Narcisse Ancelle, notaire et tuteur financier de Baudelaire, Bruxelles, 1er janvier 1865 ; 2 pp. in-8. Il le prie de mettre « obstacle au dégagement de l’objet [une montre de 40 francs] par tout autre que vous ou moi. »
- À Edmond Laumonier, copiste de Baudelaire, Paris, août 1862 ; 1 p. in-12. « N’oubliez pas que demain mardi je renvoie M. Lévy tout ce que j’ai de manuscrits, et qu’ainsi il faut remettre chez moi les feuillets de mon écriture. (...) » (Publiée avec erreur de date dans La Pléiade : « automne 1863 », p. 338].




2 lettres autographes signées de Poulet-Malassis à Charles Asselineau sur les traductions de Poe :
4 pages in-8 au total sur 2 doubles feuillets.
- 1er août 1854 : « (…) Pourquoi a-t-on suspendu les traductions de Poë dans le Pays, savez-vous cela ? Quel singulier homme que ce Baudelaire on lui parle de son volume, il vous demande de quelle couleur sera le papier de la couverture. Il veut aborder le théâtre et avant de commencer la pièce, il se met à séduire les comédiens. Faites-lui mes amitiés quand vous le rencontrerez (…) ».
- 4 juillet 1855 : « (…) Dites bien à Baudelaire que j’attends toujours les poésies de Poë, ces poésies qui devaient être imprimées à l’usage des asiles d’aliénés et des cent personnes en Europe assez fortes pour jouir de la folie sans y sacrifier. Mais Baudelaire n’est qu’un rédacteur de la Revue des Deux Mondes et je n’ose plus rien lui demander depuis que Mr Buloz a cru pouvoir assez répondre de son honnêteté pour patronner ses écarts. (…) ».



Lettre autographe signée de Champfleury, adressée à la mère de Charles Baudelaire. 17 décembre 1868, 1 p. in-8. Au verso du second feuillet, la destinataire a inscrit quelques opérations de chiffres.
« Madame,
Je relis les Œuvres complètes de l’ami, qui, au début de la vie littéraire, m’ouvrit de nouveaux horizons et je ne saurais trop vous remercier d’avoir pensé à moi en me faisant parvenir les deux premiers volumes. Si notre ami pouvait être jugé sérieusement, comme son œuvre l’exige. Les œuvres complètes, c’est la Postérité qui commence (....) Champfleury ».



Lettre signée d’Émile Deschamps adressée à la mère de Charles Baudelaire.
Versailles le 12 décembre 1868, 3 pages in-8. Lettre rédigée par une autre main en raison de la faible vue de l’écrivain, âgé alors de 77 ans. La signature est très tremblée. Émouvante lettre de ce poète au sujet du tome I des Oeuvres complètes  en appendice duquel sont reproduits la lettre et les vers qu’il avait adressés à Charles Baudelaire pour le soutenir durant le procès de 1857.
« Madame,
(…) Je me suis fait relire tout ce premier volume des Poésies de votre cher fils notre grand Poète, dont l’âme et le génie plane sur nous tous. J’en savais une grande partie de mémoire et toutes mes premières émotions se sont renouvelées les mêmes à cette dernière lecture.
Je suis bien fier d’avoir trouvé ma lettre et mes vers à Baudelaire reproduits à la fin de ce beau volume. Ce sont deux frêles exquifs (sic) que son grand navire va emporter bien loin et bien haut. C’est sans doute à notre ami Charles Asselineau que je dois pour beaucoup cette gloire, mais vous l’avez permise Madame et c’est un honneur qui a ainsi pour moi un double prix. (…) »
Émile Deschamps (1791-1871) fut à l’origine du tout premier cénacle romantique en France, réuni autour de La Muse française, publication dominée par le duo formé par Victor Hugo et Alfred de Vigny. Le long poème daté du 12 août 1857, intitulé « Sur les Fleurs du mal / À quelques censeurs », fut envoyé à Baudelaire huit jours avant le procès du livre. Baudelaire en avait été si touché, qu’il avait fait aussitôt publier le poème à ses frais par la petite revue Le Présent. Dans sa lettre de remerciement, Baudelaire avait écrit : « Je n’ai pas pu résister au désir de jeter vos vers dans une imprimerie. Ils ne seront composés qu’après votre consentement. Je vous écrirai plus longuement ce soir, et j’aurai le plaisir de vous dire plus à loisir tout ce que vous m’avez inspiré de reconnaissance et aussi de respect pour votre noble génération. »
Très bel hommage d'un poète de la première génération romantique à victor hugo.



34 gravures originales réparties dans les 4 premiers volumes dont les portraits de Baudelaire d’après Deroy lui-même (2), Courbet, Manet (1862 et 1865) et Bracquemond ; le frontispice des Épaves de Rops sur Chine et, du même, une gravure pour Gaspard de la nuit  ; ainsi que des portraits de Daumier, Barbey d’Aurevilly, Ingres, Delacroix, Gautier, Balzac, Hugo, Borel, Asselineau, etc. ; des gravures d’après Goya (« Bien tirada esta », vol. II, p. 428), Célestin Nanteuil (frontispice de « la Bibliothèque romantique », 1866), ou Grandville (« La mort au coin d’une rue ») ; ainsi que le très rare frontispice sur Chine des Fleurs du Mal de Bracquemond refusé par Baudelaire, signé par l’artiste au crayon (vol. I, p. 305).

Provenance

Jules Noilly (ex-libris, vente Drouot, Paris, 1886 , n° 510).
Charles Hayoit (ex-libris, vente Sotheby’s Paris, 30 novembre 2005, n° 39 ; avec 32 gravures et 3 L.A.S. de Baudelaire seulement : tous les autres documents ont été ajoutés par Pierre Leroy).

Literature

Carteret, I, 129 (« Ensemble fort rare en grand papier »).
Vicaire, I, 349-350.
Clouzot, p. 46 (« Extrêmement importante. (…) Quelques très rares exemplaires sur Hollande extrêmement recherchés »).
Lettres de Baudelaire publiées dans Baudelaire, Correspondance, Pléiade, I, pp. 566-568 ; II, pp. 100, 132, 338, 434.