Bibliothèque littéraire Hubert Heilbronn

Bibliothèque littéraire Hubert Heilbronn

View full screen - View 1 of Lot 197. Le Poète assassiné. 1916. Exemplaire de Louise Faure-Favier avec envoi, carte lettre jointe.

Apollinaire, Guillaume

Le Poète assassiné. 1916. Exemplaire de Louise Faure-Favier avec envoi, carte lettre jointe

Auction Closed

May 11, 05:00 PM GMT

Estimate

4,000 - 6,000 EUR

Lot Details

Description

Apollinaire, Guillaume


Le Poète assassiné. Paris, L’Édition, 1916.


In-12 (176 x 109 mm). Demi-basane racinée à coins, dos à nerfs avec pièce de titre rouge, tranches mouchetées, couverture illustrée (Reliure moderne). Un peu rogné.


EXEMPLAIRE DE LOUISE FAURE-FAVIER.


Édition originale, illustrée d’un portrait-frontispice d'Apollinaire par Rouveyre.


Le Poète assassiné, publié en octobre 1916, marque le retour d'Apollinaire sur la scène littéraire après sa longue convalescence due à sa blessure au front survenue le 17 mars et sa trépanation du 11 mai 1916. Ce recueil de contes et nouvelles pré-surréalistes, au ton fantasque et polémique, était déjà prêt avant la déclaration de guerre, et n'a été complété par Apollinaire que de quelques pages se rapportant directement à son expérience des tranchées ("Le Cas du brigadier masqué").


Décoré de la croix de guerre, le sous-lieutenant Kostrowitzky, qui s'était fait naturaliser français en 1914 pour pouvoir combattre dans les rangs de l'armée du pays qu'il avait choisi, devint un modèle de ce patriotisme lyrique qui toucha nombre de poètes soldats, contre le pacifisme et le défaitisme d'une large partie de l'opinion. Pourtant, loin de tomber dans l'éloge chauvin de la France des militaires, Le Poète assassiné dépeint violemment le cataclysme de la guerre en écho à la persécution des poètes, et si Apollinaire en appelle à la victoire des armes, c'est avant tout comme victoire du poète sur le temps et la mort.


Envoi autographe signé : 

"A Louise Faure-Favier

très cordial souvenir

de son ami dévoué

Guillaume Apollinaire

S/lieut. au 96e d’inf.", sur le premier feuillet blanc.


En 1906, Louise Faure-Favier (1870-1961) fonde avec son mari Jean Ernest-Charles, la revue Le Censeur Politique et Littéraire où elle donne ses premiers articles. Sa plume y est repérée par Apollinaire. Ils deviennent amis intimes ainsi qu'avec Marie Laurencin, André Billy, Erik Satie, Picasso ou encore Cocteau. En juin 1915, elle est une des premières à recevoir un exemplaire de Case d'Armons. Elle collabore à de nombreuses revues et journaux et s'illustre aussi bien dans des articles consacrés à l'art qu'à la condition féminine. La disparition d'Apollinaire en 1918 met fin à un projet qui devait réunir, pour un ballet autour d'un conte qu'elle avait dédié à Satie, le poète et le compositeur. En 1945, elle publie chez Grasset Souvenirs sur Apollinaire.


Provenance : Louise Faure-Favier (envoi).


[On joint :]

APOLLINAIRE, Guillaume. Lettre autographe signée à "Mlle Chérie Faure-Favier" (11 août 1915, Aux Armées, 38e régiment d’artillerie, une page serrée sur une carte-lettre de correspondance militaire, avec souscription au dos. La carte est expédiée à Saint-Jean-le-Thomas, Manche. Signée des initiales "G.A.", elle est montée en tête de volume), au sujet des bagues faites avec les éclats d'obus. Il en a fait une pour sa mère, Louise Faure-Favier : "Ma chère petite amie, Votre opinion sur les bagues est tout simplement injurieuse pour notre batterie. Elles sont entièrement faites à la main et selon l’habileté du bijoutier, elles sont plus ou moins belles. Il y a de véritables artistes, et surtout dans l’artillerie, plus particulièrement encore dans notre batterie. [...] Mes loisirs actuels sont occupés par la confection d’un grand poème destiné à la Voce, qui est la plus importante revue italienne. Je le copierai pour vous et vous pourrez le lire à vos amis. La guerre vous paraît-elle maintenant moins morose ? Avez-vous des nouvelles de Marie [Laurencin] ?".

Fille de Louise Faure-Favier, Chérie Faure-Favier, née vers 1900, épousera Léon-Paul Fargue en 1935.


Référence : Correspondance générale, éd. V. Martin-Schmets, Champion, III, n° E354 (envoi) et II, n° 1062 (lettre).