Livres et Manuscrits

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View full screen - View 1 of Lot 66. Le Mystère Laïc. Manuscrit autographe + Édition originale, ex. sur Japon (1/10)..

De la bibliothèque d'un éminent bibliophile

Cocteau, Jean

Le Mystère Laïc. Manuscrit autographe + Édition originale, ex. sur Japon (1/10).

Lot Closed

December 8, 02:06 PM GMT

Estimate

24,000 - 35,000 EUR

Lot Details

Description

De la bibliothèque d'un éminent bibliophile


Cocteau, Jean


Le Mystère laïc. Manuscrits autographes et édition originale.

[1927] et Paris, Quatre-Chemins, 1928.


LE MYSTÈRE DE CHIRICO ÉCLAIRÉ PAR COCTEAU.


Avec croquis et dessins sur 5 pages, dont plusieurs à caractère érotique.


Manuscrits autographes.

50 pages in-4 et 11 pages in-8 ou in-12, avec un feuillet de papier brun titré "Chablis. Voix Humaine. Chirico" et 2 pages in-4 dactylographiées (de 270 x 210 à 140 x 110 mm). À l’encre noire ou bleue, sur papiers divers dont des enveloppes, des courriers reçus ou envoyés, une carte publicitaire, des feuillets de garde d’un livre imprimé, ou encore sur un paquet de cigarettes ouvert et aplati.

In-4 (275 x 215 mm). Box crème bordé d’un listel de veau brun et d’une frise mosaïquée de box brun et noir, titre estampé sur le dos lisse. Emboîtage doublé de veau brun (Reliure moderne).

Éraflures sur l’étui.


Ce très intéressant ensemble de notes et de manuscrits de travail, présente de nombreuses corrections, passages inédits ou biffés, montés dans un ordre différent que dans le texte définitif, mais tout aussi labyrinthique que dans la version finale. Les annotations sur le feuillet de couverture indiquent que Cocteau travailla simultanément en 1927, à Paris ou à Chablis, à plusieurs projets dont La Voix humaine, Le Livre blanc et ce texte dans lequel il prend la défense de De Chirico, attaqué par les surréalistes, autant qu’il décrypte les goûts et les modes de son temps. "Chirico m’intéresse au point de vue éthique. Il me prouve l’existence d’une vérité de l’âme, n’ayant jamais de pittoresque avec tous les éléments qui le suscitent".


"Mysticisme laïc. Carrefour. Pureté. La vraie pureté impure. / Notre époque s’appellera un jour l’époque du mystère. On peint du mystère comme on peignait le cirque. Chirico est un peintre du mystère. Picasso est un peintre mystérieux. Son mystère vient de ce qu’il est un grand peintre et que toute grandeur est mystérieuse. Mystère de la beauté. Adolphe, La Princesses de Clèves, La Fontaine, Le Bal [du comte d’Orgel] – aussi mystérieuse que L’Idiot ou qu’une Saison en enfer ou que Maldoror. Mystère de l’élégance. L’élégance, beaucoup plus que l’obscurité rend une œuvre invisible. Picasso n’est pas un peintre du mystère. Il est l’élégance même".


Tout au long de ces pages, composées de souvenirs, anecdotes, confidences, récits de rêves, commentaires sur ses contemporains ou ses prédécesseurs, aphorismes et calembours : "L’écheveau blanc de la lune. Les culs rient de Chirico", on croise, entre autres, Miró, Stravinsky, Picasso, Maritain, Satie, Rimbaud, Matisse, Max Jacob, Marcel Duchamp, et bien entendu Victor Hugo avec la fameuse sentence : "Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo".


Outre les étoiles si chères à Cocteau qui parsèment ces pages, 5 feuillets présentent des petites illustrations ou dessins : études de mains, de pieds, de personnages masculins nus, parfois en érection, et de visages (dont celui de Jean Desbordes).

On relève également des essais de signature, notamment sur le premier feuillet de texte, une page ne comptant aucun texte mais seulement des essais de monogramme, très semblable à celui de Stéphane Mallarmé, ou encore de simples notes jetées au verso d'une lettre dactylographiée commandant une boîte d'Achanol, un substitut à l'opium, à envoyer à l'hôtel de la Madeleine.


Le Mystère laïc (Giorgio De Chirico). Essai d’étude indirecte. Avec 5 dessins de Giorgio De Chirico.

In-4 couronne (250 x 195 mm). Broché, couverture rempliée. Sous emboitage doublé de veau brun glacé.

Papier de la couverture un peu frotté, éraflures à l’emboîtage.


Édition originale ornée de 5 illustrations en noir de Giorgio De Chirico.


Tirage à 100 exemplaires de luxe réimposés in-4 couronne, avant 2875 exemplaires sur Rives et 25 exemplaires hors commerce.


Un des 10 exemplaires de tête sur Japon impérial (n° 4), signé par l’auteur au faux-titre, avec les deux eaux-fortes originales signées et numérotées et les 2 pages d'épreuves corrigées par Cocteau accompagnant ces exemplaires.


C'est en 1926, lors d'une exposition des œuvres récentes de De Chirico chez Paul Guillaume, que les surréalistes, Breton en tête, se déchaînèrent contre la nouvelle démarche du peintre. Il n’y eut guère que Roger Vitrac, avec son étude critique parue en 1928, et Cocteau pour riposter. Cocteau y vit sans doute davantage une façon de s’opposer lui-même à un surréalisme "moraliste" plutôt qu’une véritable prise de position en faveur de l’artiste.

De Chirico écrit dans ses Mémoires que si Cocteau "fut le seul intellectuel qui me défendit alors avec une certaine chaleur", il le fit surtout pour ennuyer les surréalistes. "Je suis très reconnaissant pour l’intérêt qu’il [Cocteau] m’a témoigné mais je dois dire que je n’approuve absolument pas le genre de louanges qu’il m’adresse ni l’explication qu’il veut donner de mes tableaux" (Mémoires de ma vie, 1965).


[On joint :]

Le Mystère Laïc. Prospectus imprimé, illustré d’un dessin de Cocteau, annonçant la parution et le tirage de l’ouvrage (in-4, sur papier gris).


Provenance : Strachan, The Book as art, II (Sothebys, 21 novembre 1995, n° 84).


Référence : The Artist and the Book, 56. ─ J. Roucloux, "L’oracle et l’énigme. Cocteau peintre de Chirico" in Littérature et savoir(s). Bruxelles, 2019 (https://books.openedition.org/pusl/20367?lang=fr).