Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques
Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques
Lot Closed
December 16, 01:07 PM GMT
Estimate
150,000 - 250,000 EUR
Lot Details
Description
Statue, Malagan, Nouvelle-Irlande, Archipel Bismarck
haut. 147 cm ; 57 7⁄8 in
Malagan Figure, New Ireland, Bismarck Archipelago
Julius Carlebach, New York
Collection Robert et Jean Schoenberg, Westmoreland
Christie's, New York, African and Oceanic Art : The Robert and Jean Schoenber Collection, 14 Novembre 2008, n° 82
Importante Collection privée européenne, acquis lors de cette vente
Considérées comme « l’une des formes d’art les plus inattendues que l’homme ait pu imaginer ; un art qui révèle une prodigieuse imagination, et plus encore une incroyable dextérité d’exécution » (Guiart, Océanie, 1963, p. 293), les créations artistiques de Nouvelle-Irlande fascinèrent l'Occident dès le XIXe siècle, notamment grâce à la transcription par Hugh Romilly, en 1883, des rites malangan.
Chacune de ces œuvres illustre un motif ancestral qui identifie le particulier ou le clan dont il est la propriété. « Sous ce rapport, une effigie malangan n’est pas le portrait d’un défunt, mais bien plutôt une représentation de l’énergie vitale qui l’a engendré et animé » (Gunn, Arts rituels d’Océanie, Nouvelle-Irlande dans les collections du musée Barbier-Mueller, 1997, p. 49). La diversité des constructions iconographiques et des motifs témoigne du dynamisme et de la vigueur des traditions malangan : évoluant autour d’un noyau structurel stable, les sculptures agissent ainsi comme un stimulus pour la mémoire, suscitant de multiples interprétations et ressuscitant le passé lors de leur exposition.
A la richesse iconographique répond une virtuosité formelle superbement illustrée ici : autour d’un axe robuste se construit un pourtour arachnéen créant une structure complexe où les formes pleines dialoguent à force égale avec les espaces vides. Cette opposition est magnifiée par les contrastes entre les grands aplats de couleurs vives et les fins motifs géométriques qui ornent les parties principales. De la multiplicité des thèmes s’inspirant des figures totémiques de l’art malangan emerge la figure ancestrale. Cette figure s’impose par son visage expressif caractéristique de la représentation de la figure humaine dans l'art malangan. La présente statue est extrêmement similaire - et il est très tentant de dire qu’elle pourrait en être la paire – à une statue masculine dans le Rautenstrauch-Joest-museum für Völkerkunde de Cologne (Kunst und Kultur aus der Südsee, Cologne, 1987, p. 154, fig. 138). La statue masculine, qui est entrée dans les collections du musée en 1900, a également un bernard l’Hermite sur le sommet de la tête et tient un poisson volant, avec d’autres poisson volant sur la partie inferieure entre les rosettes. Quand il décrit une autre statue masculine avec une créature marine sur la tête, dans ce cas un poulpe, issue du musée d’Ethnologie de Berlin (op. cit. 2006, p. 223, Pl 86), Gunn écrit « Il n’est pas clair pourquoi des animaux sont représentés dans l’art du Nord de la Nouvelle-Irelande et pourquoi d’autres ne le sont pas. Poissons, oiseaux et serpents forment une large partie du répertoire, différentes variétés de lézard sont aussi représentées, comme l’est occasionnellement le poulpe. Mais les chiens, requins et crocodiles sont tous absent de l’iconographie. Les poissons volants sont probablement l’animal le plus commun, car presque toutes les sculptures humaines Malagan ont un poisson volant tenu devant buste mordant le menton de la figure principale. Différents spécialistes des Malagan nous ont dis que le poisson-volant représente le discours d’un chef voyageant loin ».
Tant par la richesse de son iconographie que par la puissance de sa polychromie cette œuvre s’impose comme l’un des très beaux témoins de son corpus.