Livres et Manuscrits

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De la bibliothèque Jacques Lacan

Heidegger, Martin

HEIDEGGER. 11 ouvrages avec envoi du philosophe à Jacques Lacan. On joint : 9 traductions.

Lot Closed

December 15, 03:16 PM GMT

Estimate

2,000 - 3,000 EUR

Lot Details

Description

De la bibliothèque Jacques Lacan

Heidegger, Martin


11 ouvrages avec envoi autographe à Jacques Lacan.


Les exemplaires de Jacques Lacan, dont Heidegger disait : "le psychiatre a besoin d’un psychiatre."


- Wom Wesen des Grundes. Francfort, Vittorio Klostermann, 1949.

- Was ist Metaphysik ? Francfort, Vittorio Klostermann, 1951.

- Erläuterungen zu Hölderlins Dichtung. Francfort, Vittorio Klostermann, 1951.

- Zu einem Vers von Mörike. Ein Briefwechsel mit Martin Heidegger von Emil Staiger. Zürich, Atlantis Verlag, [1951].

- Ernst Barlach. Darmstadt, Eduard Stichnote, 1951. Monographie sur le sculpteur Barlach, comprenant une préface de Heidegger : "Seinsverlassebheit und Irrnis", p. 5-12.

- Holzwege. Francfort, Vittorio Klostermann, 1952. Mouillure.

- Der Feldweg. Francfort, Vittorio Klostermann, 1953.

- Einführung in die Metaphysik. Tübingen, Max Niemeyer, 1953.

- Vorträge und Aufsätze. Pfullingen, Günther Neske, 1954.

- Aus der Erfahrung des Denkens. Pfullingen, Günther Neske, 1954.

- Gespräch mit Hegel. Aus der Schrijftenreihe des hegelbundes, 1956, n° 4. Tiré à part, avec un portrait de Heidegger contrecollé.


Ces envois datent, pour la plupart, du 27 août 1955, et ont été faits à Guitrancourt, où Lacan avait invité le philosophe, dans sa maison de campagne, La Prévôté. 


Celui sur Was ist Metaphysik ? est ainsi rédigé :

"Für

J.Lacan

Zur freundschaftlichen Erinnerung

an den schönen Aufenthalt

in Guitrancourt

27.Aug.1955

Martin Heidegger

["à J. Lacan, en souvenir amical de l'agréable séjour à Guitrancourt, Martin Heidegger, 27 août 1955"].


La formulation des autres envois est très proche ("Für J. Lacan Zur freundschaftlichen Erinnerung and den schönen Aufenthalt In Guitrancourt" ; " Für J. Lacan Zur freundschaftlichen Erinnerung and den schönen Tage In Guitrancourt", etc. Celui dans le dernier ouvrage, de 1956, est adressé également à Sylvia Lacan.


Après la guerre, l’un des plus ardents défenseurs de Martin Heidegger contre les attaques de ceux qui lui reprochaient ses accointances avec le régime nazi était le philosophe français Jean Beaufret. En 1951, Beaufret commença une analyse avec Jacques Lacan, et remarqua vite l’intérêt de son psychanalyste pour le philosophe allemand. "Avec une grande habileté", explique E. Roudinesco, "il utilisa donc la relation transférentielle comme véritable piège auquel Lacan se laissa prendre. Non seulement il ne cessa pas, tout au long de la cure, de parler de Heidegger, mais, pour flatter le narcissisme de son analyste dont les silences l’exaspéraient, et lui dit un jour : "Heidegger m’a parlé de vous." Lacan sursauta : 'Que vous a-t-il dit ?' " (p. 297-298). Le psychiatre, qui relut alors Heidegger, instilla la notion heideggerienne du soupçon dans sa refonte lévi-strausienne de Freud, "en faisant de l’existence humaine l’abîme sans fond d’une vérité qui se dit dans l’erreur, dans le mensonge, dans l’ambiguïté" (idem, p. 298). Lacan rencontra ensuite Heidegger, l’invita à Guitrancourt en 1955 — où Sylvia découvrit l’antisémitisme de l’épouse du philosophe et où, le 27 août 1955, Heidegger lui dédicaça la plupart de ces volumes — et travailla à une traduction du "Logos" de Heidegger. En introduction à sa traduction publiée à partie de 1956 dans la revue La Psychanalyse, Jacques Lacan dressait un vibrant hommage à Heidegger — un hommage qui était une "véritable ruse de Sioux" (idem, p. 304) puisque Lacan en profitait pour asseoir la psychanalyse française.


La relation entre les deux penseurs semble donc basée sur une erreur de compréhension : d’une part, Lacan, sans être heideggérien, célébrait le philosophe et voulait en être reconnu alors que, d’autre part, le philosophe, n’entendait rien aux discours du psychanalyste.

Ces ouvrages de 1949-1956 témoignent des échanges entre les deux penseurs. On sait que Lacan, de son côté, offrit également ses Écrits, mais qu'ils furent mal reçus, puisque Heidegger en dit : "je ne parviens pas pour l’instant à lire quoi que ce soit dans ce texte manifestement baroque." Il déclara aussi : "Il semble que le psychiatre a besoin d’un psychiatre." (idem, p. 306). E. Roudinesco raconte une dernière rencontre entre les deux hommes, au cours de laquelle Lacan soliloqua tandis qu’Heidegger garda obstinément le silence.


[On joint :]

9 traductions de Heidegger :

- Qu’est-ce que la philosophie ? Paris, Gallimard, 1957. Envoi autographe signé de Jean Beaufret (voir supra). 

- Lettre sur l’humanisme. Paris, Aubier, 1957. Envoi autographe signé du traducteur et éditeur Roger Munier.

- Chemins qui ne mènent nulle part. Paris, Gallimard, 1962 (dérelié). Envoi autographe signé de François Fédier, l’éditeur scientifique.

- Approche de Hölderlin. Paris, Gallimard, 1962. Exemplaire du Service de Presse. Envoi autographe signé d’un des traducteurs.

- Lettre sur l’humanisme. Paris, Aubier, 1964. Envoi autographe signé du traducteur et éditeur Roger Munier. 

- Héraclite. Séminaire du semestre d’hiver 1966-1967. Paris, Gallimard, 1970. Envoi autographe signé des traducteurs.

- Questions II, III et IV. Paris, Gallimard, 1966-1976. 3 volumes, chacun avec envoi du traducteur ou de l'éditeur.


Provenance : Jacques Lacan (envois), puis par descendance.


Référence : E. Roudinesco, Jacques Lacan, Fayard, 1993, en particulier "Vibrant hommage à Martin Heidegger", p. 291-306.