
Lettre autographe signée à son oncle maternel, François Parain, datée du Caire le 2 février 1850, pendant son voyage en Orient.
No reserve
Lot Closed
June 27, 12:32 PM GMT
Estimate
3,000 - 5,000 EUR
Lot Details
Description
Flaubert, Gustave
Lettre autographe signée à son oncle François Parain.
Au Caire, samedi 2 février 1850.
4 pages in-4 (267 x 209 mm) sur un bifeuillet, encre brune. Signée "Gve Flaubert".
Superbe lettre datant du voyage en Orient en compagnie de Maxime Du Camp, écrite d'Égypte.
Avec quelques lignes et un post-scriptum inédit.
Se préparant à partir pour la Haute-Égypte, Flaubert promet à son vieil oncle qu’il en aura des choses à lui conter, lorsqu’ils se retrouveront au coin du feu. "Quant à nous autres, nous ne suons pas du tout pr le quart d’heure. On dit que depuis les plantations de Mehemet-Ali le climat de l’Egypte a changé. C’est possible. On dit de plus que cet hiver-ci est un des plus rigoureux que l’on ait eu. Ça se peut […] Nous sommes couverts comme des oignons et nous grelottons […] on est dans les maisons à peu près comme en rase campagne. Les carreaux sans mastic tremblent et sonnent comme des grelots, les portes grincent, les murailles dansent. Quand il fait grand vent, c’est une cachucha universelle. […] Si vous étiez ici vous auriez belle à vous promener par la ville et à faire des questions sur tous les arts et métiers. […] Oui, tout vous amuserait, pauvre père Parain, si vous étiez avec moi, depuis les boucles d’oreilles que les paysannes se passent dans le nez jusqu’au harnachement des chevaux et des dromadaires. J’en ai vu (des chameaux, ne confondons pas) qui étaient couverts de perles de couleurs et qui portaient des miroirs aux genoux. C’était ceux qui accompagnaient la belle-mère d’Abbas-Pacha [gouverneur de l’Égypte] revenant de La Mecque".
Il est question ensuite de sa famille et de ses amis, restés en France. Flaubert demande à son oncle s’il voit parfois le jeune Bouilhet et le charge, par une dizaine de lignes inédites, de remercier sa cousine Olympe et son mari, Louis Théodore Bonenfant, pour leur lettre : "Si je ne leur écris pas plus souvent c’est que franchement cela m’est impossible. Mais quant à recevoir des lettres c’est autre chose. Plus on m’en enverra et plus je serai content. Olympe donnera sa fille à maman (du moins d’après ce que m’écrit celle-ci) au mois de mars prochain, pendant qu’elle sera à Paris cela est bien aimable de sa part. Au reste tout cela ne m’étonne pas. Je sais comment vous la soignez. Restez ainsi toujours près d’elle. Mon bon vieil oncle vous qui êtes son plus ancien et pour mieux dire son seul ami ".
Flaubert fait également allusion au prochain mariage du "beau" Narcisse [Lormier] dont il espère des détails : "Il paraît que la jeune personne ne plaît pas trop aux parents. Quelle charge ! et si notre jeune ami un de ces jours devenait cocu, c’est moi qui rirait ! Et vous ?"
Jeune filateur rouennais, Narcisse Lormier épousa le 5 février 1850 la nommée Mélanie Le Bourgeois, fille d’un notaire également rouennais ; il était le beau-frère par alliance d’Achille Flaubert, frère aîné de Gustave, celui-cine manquant pas, dans d’autres lettres, de se moquer de la bêtise et de la lourdeur de ce parent.
La lettre se conclut par un post-scriptum inédit : Flaubert charge son frère de se renseigner auprès des douanes des formalités à remplir pour qu’une malle expédiée d’Égypte à Marseille ne soit pas ouverte avant son retour, ou la façon de l'adresser directement à Rouen.
Entre récit de voyage et nouvelles familiales, cette lettre témoigne du fort attachement de Flaubert pour certains membres de sa famille nogentaise comme son oncle paternel François Parain (1782-1853), marchand bijoutier et orfèvre, veuf d’Edmée Eulalie, la sœur d’Achille Cléophas Flaubert. Séjournant parfois à Croisset, Parain accueillit la mère de Flaubert à Nogent-sur-Seine durant quelques mois lors du voyage en Orient de son fils.
Sa fille Olympiade, dite Olympe, avait été une compagne de jeux lors des vacances auboises du jeune Gustave. Mariée à Louis Théodore Bonenfant, elle eut trois filles, la seconde ─ décédée en 1841 ─ fut la filleule éphémère de Flaubert, et la troisième, dont il est question dans cette lettre, était alors âgée de sept ans.
Correspondance, V. La Pléiade, p. 947.
You May Also Like