La Collection Michel Lequesne

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View full screen - View 1 of Lot 28. Figure de reliquaire, Tsogho / Sango, Gabon | Reliquary figure, Tsogho / Sango, Gabon.

Figure de reliquaire, Tsogho / Sango, Gabon | Reliquary figure, Tsogho / Sango, Gabon

Auction Closed

June 5, 02:55 PM GMT

Estimate

8,000 - 12,000 EUR

Lot Details

Description

Figure de reliquaire, Tsogho / Sango, Gabon


haut. Height 41,5 cm ; 16 1/3 in


Reliquary figure, Tsogho / Sango, Gabon

Private collection, Paris
Galerie Alain Bovis, Paris
Michel Lequesne Collection, Paris, acquired from the above in 2007

Les figures de reliquaires sont parmi les objets les plus emblématiques du Gabon. À l’instar des Kota ou des Lumbo, les populations Tsogho et Sango du Centre Gabon, adeptes du Bwiti, une société initiatique masculine, ont perpétué cette tradition des reliquaires en produisant des exemplaires aux formes caractéristiques. Composés d’un panier en osier surmonté d’une sculpture anthropomorphe, ils sont destinés à conserver les ossements des défunts, et sont notamment exposés aux jeunes initiés afin de perpétuer le souvenir des ancêtres du lignage.

Décrits pour la première fois par Paul du Chaillu[1], premier homme occidental ayant publié le récit de voyage d’exploration au Centre Gabon, les rites Bwiti rythmaient la vie sociale et culturelle des Tsogho et Sango. Les formes et les styles des objets rituels de ces deux groupes éthiques sont en outre très proches si bien que leur différenciation en est difficile, comme en témoigne le Docteur Andrault, familier du territoire Tsogho, en soulevant les « attitudes d’emprunt et d’hybridations de certains groupes »[2].


Les échanges d’influences abordés par le Dr Andrault sont particulièrement visibles avec cette rare figure de reliquaire. Les similitudes avec les reliquaires Kota, telles que la base triangulaire s’insérant dans le panier, et la forme stylisée de la coiffe à tresses rappelant celles des reliquaires Kota Obamba-Mindumu, attestent d’un métissage artistique évident. De plus, l’ajout d’éléments de cuivre pour souligner la bouche et les yeux renvoie à l’esthétique Kota tout en réaffirmant des principes du Bwiti selon lequel « Le brillant du métal indique que le Bwiti a les yeux pénétrants auxquels rien n’échappe, ni les choses cachées, ni les choses futures »[3]. Par ailleurs, la présence d’une plaquette sur le front s’inscrit plutôt dans le style Tsogho, et se retrouve aussi sur les statuettes en pied[4] et les cloches rituelles.


La forme du visage en cœur, se terminant par un menton triangulaire, illustre la volonté de synthétisation des formes des sculpteurs Tsogho/Sango. Cette esthétique particulière, réhaussée par une polychromie sur fond de blanc kaolin, respecte un canon type présent sur la plupart des objets Tsogho/Sango, jusqu’aux décorations des poteaux de l’ebanza, la maison de culte.

Evocation symbolique d’un ancêtre qu’elle honore, cette effigie conjugue sa fonction rituelle primordiale avec un fort impact visuel, reprenant les codes distinctifs de l’art Tsogho, associé à des emprunts aux figures de reliquaire des cultures voisines.


[1] GOY B., Tsogho, les icônes du bwiti, Galerie Bernard Dulon, 2016 : p. 23.

[2] Contribution à l’étude des masques du Gabon, entretien entre Yves le Fur et Jean-Claude Andrault, 1998.

[3] WELKER, SILLANS, Rites et croyances des peuples du Gabon, 1962.

[4] Sotheby's, New York, Art of Africa, Oceania and the Americas, 13 mai 2019 : n° 172.