Modernités
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Property from the former Alain Delon Collection | Provenant de l'ancienne Collection Alain Delon
Nature morte au poelon
Auction Closed
October 26, 05:24 PM GMT
Estimate
1,000,000 - 1,500,000 EUR
Lot Details
Description
Property from the former Alain Delon Collection
Nicolas de Staël
1914 - 1955
Nature morte au poelon
bears the studio stamp on the reverse
oil on canvas
65 x 81 cm ; 25.6 x 31.9 in.
Executed in 1955.
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Provenant de l'ancienne Collection Alain Delon
Nicolas de Staël
1914 - 1955
Nature morte au poelon
porte le cachet de l'atelier au dos
huile sur toile
65 x 81 cm ; 25.6 x 31.9 in.
Exécuté en 1955.
Private Collection, Paris
Jacques Dubourg, Paris
Galerie Nathan, Zurich
Loudmer, Paris, 23 November 1987, Lot 44
Christie's, New York, 11 May 1988, Lot 68
Briest, Paris, 13 December 1997
Alain Delon Collection
Cornette de Saint Cyr, Paris, Collection Alain Delon, 15 October 2007, Lot 15
Private Collection
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Collection Particulière, Paris
Jacques Dubourg, Paris
Galerie Nathan, Zurich
Loudmer, Paris, 23 novembre 1987, Lot 44
Christie's, New York, 11 mai 1988, Lot 68
Briest, Paris, 13 décembre 1997
Collection Alain Delon
Cornette de Saint Cyr, Paris, Collection Alain Delon, 15 octobre 2007, Lot 15
Collection Particulière
Jacques Dubourg and Françoise de Staël, Catalogue raisonné des peintures, 1968, p. 374, no. 986, illustrated
Françoise de Staël, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, 1977, p. 624, illustrated
Françoise de Staël, Catalogue Raisonné of the paintings, 2021, Lausanne, p. 580, no. 1052, illustrated in colour
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Jacques Dubourg and François de Staël, Catalogue raisonné des peintures, 1968, p. 374, no. 986, illustré
Françoise de Staël, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, 1977, p. 624, illustré
Françoise de Staël, Catalogue Raisonné of the paintings, 2021, Lausanne, p. 580, no. 1052, illustré en couleurs
Nicolas de Staël emerged on the Parisian art scene in the aftermath of the Second World War, in the midst of a debate between figuration and abstraction. His work falls between the two and shows a more or less marked syncretism. It does indeed claim free expression. Here, the sauce pan, which gives the painting its name, is placed at the heart of the work, its bright red center immediately capturing the viewer's gaze. This color nevertheless unfolds simultaneously around the object, in a more indeterminate way. The painter plays with the forms, the notion of space, color contrasts, transparencies and opacity. The saucepan is only a pretext for the artist’s experiments with different pictorial processes. The background shifts and merges, between purples and mauves, around the objects, moving from the visible strokes of the brush, to the abstract dimension of the spaces left bare. This background remains undefined and mysterious to the viewer, as do the black, gray and white objects behind. These balance the horizontality of the rest of the composition whilst evoking other abstract compositions by the artist painted around the same period.
With Nature morte au poêlon, Nicolas de Staël falls into the tradition of still life, which inspired Dutch, French and even Spanish artists for centuries, from Willem Kalf to Paul Cézanne, including Juan Sanchez Cotan, Jean -Baptist Monnoyer or Pablo Picasso. The painter’s interest in still life was particularly evident in his work from the 1950s, when he was staying in Antibes. It arose from his knowledge of the old masters, enhanced by his visits to the Louvre and his travels, in particular to Amsterdam where he became familiar with the work of Vermeer. Staël’s interest in still life combined with his awareness of Fauvism, encouraged by his visit to the Fauvism exhibition at the Musée national d’art moderne in Paris in 1952, marked a turning point in his career that resulted in a return to pattern and color. The links between the Fauve paintings and Nature morte au poêlon are obvious and demonstrate De Staël's understanding of their artistic research. This is reflected in the use of contrasting colors and in an understanding of their constructive properties.
The work’s provenance is significant in several respects. Indeed, it passed into the hands of the actor and great collector Alain Delon. Previously, it had belonged to the gallery owner Jacques Dubourg, who played both the role of representative and that of moral support for the artist. Jacques Dubourg was encouraged by André Lanskoy to take an interest in the work of Nicolas de Staël, at a time when the latter was encountering difficulties with the gallery owner Louis Carré. Dubourg thus discovered the artist's work at Jeanne Bucher's gallery in 1945, and began the following year to purchase discreetly a work for his personal collection every year. Jacques Dubourg presented the works of Nicolas de Staël alongside the impressionists Renoir, Monet or Sisley in his gallery. The link between Dubourg and de Staël was such that Dubourg was the recipient of the painter's farewell letter, written before he killed himself on March 16, 1955, ending with: "Thank you for everything you have done for me. With all my heart. Nicolas.” Painted that same year in 1955, Nature morte au poêlon is part of the artist's dazzling trajectory, comparable to that of Van Gogh, whose work he admired.
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Nicolas de Staël fait son apparition sur la scène artistique parisienne aux lendemains de la seconde guerre mondiale, en plein débat entre figuration et abstraction. Son travail se place entre les deux et fait preuve d’un syncrétisme plus ou moins accentué. Il revendique en effet une expression libre. Ici, le poêlon, qui donne son titre à la toile, est placé au centre de l’œuvre, captant immédiatement le regard du spectateur avec sa partie centrale peinte d’un rouge vif. Cette couleur se déploie néanmoins simultanément autour de l’objet, de façon plus indéterminée. Le peintre joue à la fois sur les formes, la notion d’espace, les contrastes de couleurs, les transparences et l’opacité. Le poêlon n’est pratiquement qu’un prétexte à partir duquel l’artiste expérimente différents procédés picturaux. Le fond se fond et se confond, entre violet et mauve, avec le support des objets, à partir de la touche visible de la matière étirée au pinceau, conférant une dimension abstraite aux espaces laissés vides. Ce fond reste indéfini et mystérieux pour le spectateur, tout comme les objets noir, gris et blanc à l’arrière. Ceux-ci permettent à la fois d’équilibrer l’horizontalité du reste de la composition tout en laissant présager les compositions quasiment abstraites exécutées autour de la même période.
Avec Nature morte au poêlon, Nicolas de Staël s’inscrit dans la tradition de la nature morte, qui a inspiré les artistes hollandais, français ou encore espagnols des siècles durant, de Willem Kalf à Paul Cézanne, en passant par Juan Sanchez Cotan, Jean-Baptiste Monnoyer ou Pablo Picasso. L’intérêt pour les natures mortes est particulièrement sensible dans l’œuvre du peintre au cours des années 1950, lorsqu’il séjourne à Antibes. Cela passe par sa connaissance des maîtres anciens, exacerbée par ses visites au Louvre et ses voyages, notamment à Amsterdam où il se familiarise avec le travail de Vermeer. Cet attrait se conjugue avec celui pour le fauvisme, encouragé par la visite de l’exposition Le fauvisme au Musée national d’art moderne à Paris en 1952, qui opère un tournant dans sa carrière. Il se traduit par un retour au motif et à la couleur. Les liens entre les toiles fauves et Nature morte au poêlon sont patents et démontrent la compréhension par de Staël de leurs recherches plastiques. Cela se répercute au niveau des couleurs contrastées employées et par les propriétés constructives accordées à la couleur.
La provenance de cette œuvre est significative à plusieurs égards. En effet, l’œuvre est passée entre les mains de l’acteur et grand collectionneur Alain Delon. Elle avait auparavant appartenu au galeriste Jacques Dubourg, qui a joué à la fois le rôle de représentant et celui de soutien moral pour l’artiste. Jacques Dubourg est ainsi encouragé par André Lanskoy à s’intéresser au travail de Nicolas de Staël, à un moment où ce dernier rencontre des difficultés avec le galeriste Louis Carré. Dubourg découvre ainsi l’œuvre de l’artiste chez Jeanne Bucher en 1945 puis il commence dès l’année qui suit à acquérir tous les ans, discrètement, une œuvre pour sa collection personnelle. Dans sa galerie, Jacques Dubourg présente les œuvres de Nicolas de Staël aux côtés des impressionnistes Renoir, Monet ou Sisley. Le lien entre Dubourg et de Staël est tel que Dubourg s’avère être le destinataire de la lettre d’adieu du peintre, écrite avant qu’il ne se donne la mort le 16 mars 1955, s’achevant par : « Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. De tout cœur. Nicolas ». Peinte cette même année 1955, Nature morte au poêlon s’inscrit dans la trajectoire fulgurante de l’artiste, comparable à celle de Van Gogh, dont il admirait le travail.