Livres et Manuscrits

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View full screen - View 1 of Lot 79. La Vie anecdotique, 1914. Manuscrit autographe signé, où il est question du "Pont Mirabeau".

XXe siècle

Apollinaire, Guillaume

La Vie anecdotique, 1914. Manuscrit autographe signé, où il est question du "Pont Mirabeau"

Lot Closed

December 8, 02:19 PM GMT

Estimate

1,500 - 2,500 EUR

Lot Details

Description

XXe siècle


Apollinaire, Guillaume


La Vie anecdotique. Manuscrit autographe signé. 

[1914].


2 pages in-8 et 3 pages in-4 (130 x 210 et 267 x 210 mm), avec ratures et corrections, au dos d’un feuillet imprimé pour le feuillet de titre et de papier à en-tête du quincailler A. J. Laferté pour le texte de l’article. Numérotées au crayon bleu de typographe.

Marges de 2 feuillets légèrement salies.


CHRONIQUE ÉVOQUANT L’ENREGISTREMENT DU POÈME "SOUS LE PONT MIRABEAU", PAR APOLLINAIRE LUI-MÊME.


Article paru dans La Vie anecdotique du 1er juillet 1914, puis recueilli dans Anecdotiques (Gallimard, 1955).


Apollinaire commence par une anecdote relatée par le barbier du Sénat qui coiffa le peintre Whistler, en lui conservant une mèche entièrement blanche ; il propose aux astronomes "qu’ainsi la chevelure de Bérénice, la mèche de M. Whistler soit mise au nombre des constellations".


Puis il rend compte d’une "audition de poèmes symbolistes dits par les Poètes eux-mêmes et enregistrés" par Ferdinand Brunot, directeur des Archives de la Parole, dressant le programme complet de cette séance qui eut lieu le 27 mai 1914, avec Pierre Louÿs, Jean Royère, Henri Aimé, Gustave Kahn, Henri Hertz, André Spire, André Fontainas, Paul Fort, René Ghil, Maurice de Faramond, Émile Verhaeren, et lui-même qui déclama Sous le Pont Mirabeau et Marie. Il cite quelques-unes des personnalités présentes dans la salle puis s'amuse de la manière plus ou moins audible dont ses confrères ont récité leurs poèmes.


"Après l’enregistrement, on fit redire mes poèmes à l’appareil et je ne reconnus nullement ma voix. D’ailleurs, comme je fais mes poèmes en les chantant sur des rythmes qu’a notés mon ami Max Jacob, j’aurais dû les chanter comme fit René Ghil qui fut avec Verhaeren le véritable triomphateur de cette séance. Le chant de René Ghil, on eut [dit] des harpes éoliennes vibrant dans un jardin d’Italie, ou encore que l’Aurore touchait la statue de Memnon et surtout l’hymne télégraphique que les fils et les poteaux ne cessent d’entonner sur les grandes routes. Après cette musique aérienne qui vibrait si bien dans l’espace, l’assaut guttural de Maurice de Faramond chanta plus sourdement […], mais la voix vibrante de Verhaeren, parole claire et juvénile éclata encore comme un joyeux chant de coq".


Enfin, Apollinaire termine sa chronique par une anecdote piquante concernant le peintre L.-D. [Lévy-Dhurmer] lors de la visite d'une dame, "Mme de R.", dans son atelier.


De 1911 à 1914, quelques 300 enregistrements furent réalisés à la Sorbonne par le linguiste et philologue Ferdinand Brunot, créateur des Archives de la Parole, annonciatrices de la phonothèque nationale. Enregistrements de voix prestigieuses françaises et étrangères, écrivains, orateurs, acteurs, mais aussi de langues régionales, dialectes et contes traditionnels, aujourd’hui conservés à la Bnf.


Référence : Œuvres en prose complètes, Pléiade, III, p. 212-214.