Livres et Manuscrits

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View full screen - View 1 of Lot 1. Belle et longue lettre de direction spirituelle à Mme d'Albert de Luynes, 2 janvier 1696. .

Livres et manuscrits anciens

Bossuet, Jacques-Bénigne

Belle et longue lettre de direction spirituelle à Mme d'Albert de Luynes, 2 janvier 1696.

Lot Closed

December 8, 01:01 PM GMT

Estimate

2,400 - 3,000 EUR

Lot Details

Description

Livres et manuscrits anciens


Bossuet, Jacques-Bénigne


Lettre autographe signée à Henriette Thérèse d'Albert de Luynes.

Meaux 2 de l’an 1696.


11 pages ½ in-8 (135 x 200 mm) sur 3 bifeuillets montés sur papier vélin, paginés 1-3. Signée "JBenigne ev. de Meaux".


MAGNIFIQUE LETTRE DE DIRECTION SPIRITUELLE.


Bossuet approuve sa correspondante d’avoir accepté l’emploi qu’on lui a proposé. 

"L'amour de la retraite est quelquefois dans le cœur sans être sensible et ailleurs il n'en vaut que mieux, parce que c'est une partie de la retraite que la volonté soit si fort en elle-même, et l'âme dans un si grand recueillement que les sens n'y entrent point. […] Si vous n'avez pas agi dans tout le degré de perfection que Dieu demandoit, c'est que vous êtes une créature faible et pécheresse et il n'y a point à s'en étonner. Humiliez-vous, ne vous découragez pas, et n'y pensez plus. [...] Quand vous avez agi et parlé dans les momens selon les mouvemens de la conscience, ne vous inquiétez plus : l'amour-propre que vous craignez tant excite ces inquiétudes et veut être trop asseuré d'avoir bien fait : mais la vraye charité abandonne tout à Dieu. […] La règle de St Augustin sur le désir qu'on soit content de nous est bonne et très suffisante. C'est une espèce d'amour-propre de tant raisonner sur l'amour-propre. […] J'aime mieux une espèce d'oubli de soy-mesme que la déploration des fautes de son amour-propre : et cet oubli ne nous vient que lorsqu'on est plein de Dieu [...]".

Il explique pourquoi et comment on peut parfois donner l’impression de tromper autrui pour son bien : "Il faut aimer la vérité ; mais la vérité elle-mesme veut qu'on la cache par des moyens innocents à ceux qui en abusent et à qui elle nuit". Et encore une fois, il approuve ce que Mme d'Albert pense des écrits des païens et des profanes : "Il faut marcher en simplicité : il y a quelquefois un grand orgueil à craindre tant l'orgueil : il faut se familiariser avec son néant et quand après on s'élève c'est sans sortir de ce fond. […] ».

Il suggère à Mme d’Albert de suivre ce qu’ont dit par exemple saint François de Sales ("Aimer Dieu sans scavoir pourquoy ou plutôt sans sentir pourquoy et sans le scavoir distinctement, est un bel amour") ou Catherine de Gênes qui se défiait d’un goût trop occupé de soi-même qui peut détourner de Dieu.


Il annonce son retour probablement pour le commencement du carême, l’encourage à poursuivre ses traductions et enfin, la charge de saluer Mme de Luynes.

Henriette Thérèse d'Albert de Luynes (1647–1699) dite Mme d’Albert et sa sœur aînée, Marie Louise, dite Mme de Luynes, étaient toutes deux religieuses à l’abbaye de Jouarre. Elles étaient les filles du premier mariage de Louis Charles de Luynes, et donc demi-sœurs de la comtesse de Verrue, bibliophile renommée, née du remariage de leur père avec la princesse de Rohan-Montbazon.


Provenance : Collection Morrison, t. I, p. 260.


Provenance : Urbain et Levesque, Correspondance, t. 7, n° 1321.