La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

View full screen - View 1 of Lot 24. Tissu cérémoniel sacré mawa et Tissu cérémoniel porisityutu, Toraja / Rongkong, Célèbes, Indonésie, début du 20e siècle  | Sacred ceremonial cloth mawa and Ceremonial hanging shroud porisityutu, Toraja / Rongkong, Sulawesi, Indonesia, early 20th century.

Tissu cérémoniel sacré mawa et Tissu cérémoniel porisityutu, Toraja / Rongkong, Célèbes, Indonésie, début du 20e siècle | Sacred ceremonial cloth mawa and Ceremonial hanging shroud porisityutu, Toraja / Rongkong, Sulawesi, Indonesia, early 20th century

Lot Closed

April 9, 12:30 PM GMT

Estimate

7,000 - 10,000 EUR

Lot Details

Description

Tissu cérémoniel sacré mawa et Tissu cérémoniel porisityutu, Toraja / Rongkong, Célèbes, Indonésie, début du 20e siècle 


84,5 x 232 cm ; 33 1/6 x 91⅓in et 169 x 243,5 cm ; 66½ x 95⅞ in

Collection privée, Suisse, avant 1980

Indianapolis Museum of Art, Indianapolis (prêt long terme)

Adams, Threads of Life A Private Collection of Textiles from Indonesia and Sarawak, The Katonah Gallery, 1981 : n.p., n° 13 et fig. 7.

Au cœur des régions montagneuses de la province du Sulawesi du sud, sur l’île indonésienne de Célèbes, le peuple Toraja cultive une culture singulière dont les élaborés rites funéraires s’imposent comme l’un des éléments les plus frappants. C’est dans ce cadre rituel que s’est développée une production textile pour le moins fascinante, destinée non pas à être portée par les vivants, mais à honorer les morts.


Parce qu’elle suit un ensemble de règles très précises, l’organisation de l’enterrement du défunt en pays Toraja prend parfois des mois, voire des années dans le cas de certains nobles, avant de s’achever. Durant cette période, le corps est conservé dans la maison familiale et recouvert d’un porisityutu, large textile tissé à cet usage. Réalisées principalement dans le district de Ronkong, selon la technique de l’ikat, ces étoffes sont ensuite le fruit d’un commerce avec les autres communautés Toraja. Arborant toute une gamme d’éclatant motifs – losanges, cornes, entrelacs spiralés… –, les porisityutu sont également utilisés pour recouvrir les murs des habitations temporaires en bambou érigées pour accueillir les invités des funérailles. La vivacité des couleurs – principalement le bleu et le rouge, caractéristiques des productions de Ronkong – tranche avec les nuances plus subtiles des mawa.


Ces derniers, tout aussi importants dans le déroulement des rites funéraires, contribuent à assurer le caractère sacré de l’évènement. Comme en écho au porisityutu, recouvrant le corps lui-même, le mawa est drapé autour du tau-tau, l’effigie du défunt façonnée en bois de jacquier par un sculpteur spécialisé. Apanage de la noblesse, le tau-tau est ensuite placé dans une niche à proximité du tombeau, clos d’une planche de bois, qui présente la particularité d’être creusé à même la falaise.


Fascinants exemples de textiles funéraires, la production des mawa se répartit entre le pays Toraja, l’Inde et plus tard l’Europe, en particulier les Pays-Bas. Les productions locales où le décor est réalisé en mêlant peinture et impression au bloc de bois présentent des motifs liés à la mythologie ou à la vie pastorale. La figure du buffle, toujours représentée en plongée pour mieux dévoiler la longueur et la beauté de ses cornes, se retrouve sur de nombreuses étoffes, rappel de l’importance de cet animal chez les Toraja qui lui associent prospérité et fertilité. Si on retrouve l’image du buffle sur les textiles importés d’Inde, c’est principalement l’iconographie de l’arbre émergeant d’une montagne, sans doute inspirés des palempores, qui distingue cette production. Combinant cette iconographie avec des motifs agrestes, les mawa européens inondent le marché asiatique à partir du XIXe siècle.