Bibliothèque littéraire Hubert Heilbronn

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View full screen - View 1 of Lot 201.  Lettre à André Rouveyre. 1920. Lou repentante : elle regrette son comportement.

[Apollinaire, Guillaume] -- Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou

Lettre à André Rouveyre. 1920. Lou repentante : elle regrette son comportement

Auction Closed

May 11, 05:00 PM GMT

Estimate

5,000 - 7,000 EUR

Lot Details

Description

[Apollinaire, Guillaume] -- Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou


Lettre autographe signée à André Rouveyre. [Floing] 1er octobre 1920.


2 pages in-8 (197 x 248 mm), à l'encre violette. Signée "Loulou". Enveloppe à l’adresse de Rouveyre à Challes-les-Eaux barrée et rétablie "Hôtel Toulouse à Barbizon".


LOU REPENTANTE : "JE LUI AI FAIT DE LA PEINE PARCE QUE JE NE L'AI PAS COMPRIS".


Très belle lettre dans laquelle Lou regrette, deux ans après la mort du poète, son comportement vis-à-vis de lui.


Lou a écrit cette lettre à la suite de la lecture d'un texte de Rouveyre sur Apollinaire : "Ton récit des dernières années de Guillaume, de ses années de guerre […] m’a beaucoup émue […] il m’a fait de la peine pour des raisons que tu ne peux pas comprendre […] et je suis ainsi moins en formes [sic] pour t’engueuler comme tu le mériterais […] Je ne savais pas que tu avais connu Guillaume aussi intimement après le malentendu qui nous a séparés […] il y a alors bien des détails que je n’ai plus su sur lui et que je te demanderai quand nous nous verrons […] La mort qui empêche à jamais les amis de se réconcilier – est une chose horriblement triste ! Il t’a parlé de l’inconstance de mon amitié -- Je lui ai fait de la peine parce que je ne l’ai pas compris. — Il y avait un trop grand abîme entre sa mentalité et celle dans laquelle j’avais vécue jusque là. — Plus tard avec plus d’expérience de la vie, nous nous serions rapprochés, j’en suis sûre — nous devions être des amis ! Seulement il y avait les premières incompréhensions à vaincre". Elle ajoute en post-scriptum : "Je ne puis trouver Case d’Armons nulle part — tu serais gentil de m’envoyer le tien […] Je le garderai huit jours pas un de plus et te le renverrai".


Selon le témoignage de la jeune femme, que Rouveyre recueillit après leur rupture en 1915, Apollinaire et Lou ne se revirent qu'une seule fois, à Paris, en 1917 ou 1918 : "Entrevue navrante pour tous deux. Une sorte de fuite intime de part et d'autre. Lui était d'ailleurs déjà très atteint, très émotif. Puis, se retrouver ainsi soudain auprès d'une femme qu'il avait si profondément aimée et qui l'avait déçu […] Reproches, entretien assez pénible. Entretien écourté où ils se sont regardés avec tristesse, et avec l'impression qu'ils ne se reverraient plus. Ce qui devait être, en effet" (M. Décaudin, préface des Lettres à Lou, Gallimard, 2004, p. X).


Les lettres de Lou à Apollinaire, ou l’évoquant directement, sont rares. Six d'entre elles, conservées à Bibliothèque de Washington, ont fait l'objet d'une plaquette à tirage limité en 1978. Récemment, une cinquantaine de lettres de Lou à Apollinaire, retrouvées dans les archives du poète, ont aussi été publiées (Lettres à Guillaume Apollinaire, Gallimard, 2018). Une lettre de Lou à Rouveyre, datée du 28 septembre [1939], est actuellement conservée dans le fonds Rouveyre de la BHVP (Exposition André Rouveyre entre Apollinaire et Matisse, BHVP, 1995, n° 308).

Auparavant, seules les lettres d'Apollinaire à Lou, toutes publiées depuis, permettaient de comprendre sa relation avec Louise de Coligny, parente d’André Rouveyre qui la décrivit ainsi : "spirituelle, dégagée, frivole, impétueuse, puérile, sensible, insaisissable, énervée, un peu éperdue en somme [...]. Gracieuse et novice aventureuse, frivole et déchaînée, prodigue à la fois et avare de soi, imprudente et osée, et plutôt d'ailleurs pour la frime que pour l'enjeu".


Provenance : André Rouveyre. — Succession André Rouveyre.