Lot 131
  • 131

JARRY, NICOLAS. PRIÈRES DÉVOTES.1652. MANUSCRIT SUR VÉLIN. REL. ATTRIBUABLE À LE GASCON. EX. D'ANNE DE ROHAN.

Estimate
15,000 - 20,000 EUR
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Description

  • Nicolas Jarry
  • Petit Office de la Vierge Marie.Escrit par Nicolas Iarry, 1652.
Manuscrit original signé et enluminé. In-24 (89 x 57 mm). Maroquin rouge, décor "à la fanfare" formé de compartiments ornés de filets au pointillé, dos à nerfs orné de même, doublure de maroquin rouge avec encadrement de filets dorés, larges fleurons au pointillé, médaillon oval central portant un monogramme d'A renversés, surmonté d'une couronne ducale, fermoirs en or composé des mêmes initiales et de pièces d'armes, tranches dorées (Reliure de l'époque). Étui en maroquin vert. Rousseurs sur les gardes. Exemplaire d'Anne de Rohan, dans une belle reliure attribuable à Le Gascon. Un des plus ravissants manuscrits de Jarry. 43 feuillets, calligraphié sur vélin par Nicolas Jarry en lettres romaines et bâtardes, à l'encre brune ou dorée. Toutes les majuscules sont peintes en or ou en couleurs. Les titres sont en or ou en bleu ; les titres courants en rouge. Les pages sont encadrées d'un large filet doré. Livre de piété pour une courtisane pénitente : Anne de Rohan, princesse de Guéméné (1604-1685), dont les armes et le chiffre sont peints sur la page de titre et au-dessous d'un cartouche bleu et or, orné de fleurs et de feuillages. Le chiffre couronné et le blason des Rohan se répètent alternativement en tête de chaque partie, entourés de rinceaux dorés et de fleurs entrelacées. Fermoir en or fin orné du chiffre d'Anne de Rohan et de pièces d'armes. Cousine et maîtresse du cardinal de Retz, la princesse de Rohan est citée au début de ses Mémoires. Tallemant des Réaux lui consacre un chapitre dans ses Historiettes. À la cour de Louis XIII, la précieuse mène une vie de galanterie et d'intrigues. Après une jeunesse tumultueuse, séduite par le jansénisme, elle se rapproche en 1640 de Port-Royal. Elle fait construire un corps de logis dans l'enclos du jardin de l'abbaye, où elle se recueille, sans cependant rompre avec ses amants. Elle inspire à Antoine Arnaud son De la fréquente Communion (1643) et se voit qualifiée, avec humour, par le duc de La Rochefoucauld, de "fondatrice du jansénisme". Bientôt reprise par les intrigues, la volage princesse quitte sa retraite et reprend une vie dissolue. De ces années pourtant, date la commande de ce livre de prières. Deux charmantes miniatures peintes, attribuables à Louis Du Guernier, représentent : - sous les traits de la Vierge, Anne de Rohan elle-même (le "propre portrait de la princesse, une femme grasse, aux traits à la fois fins et sensuels, mais ce qui étonne, quand on connaît sa vie fantaisiste, avec les vêtements et l'arrangement des portraits de la Vierge", écrit Portalis) ; - sous les traits de l'ange gardien, le fils préféré de la princesse, Louis, chevalier de Rohan, alors âgé de dix-sept ans, dont la carrière sera brillante et qui sera décapité en 1674 pour avoir conspiré contre Louis XIV. "Voilà de bien considérables souvenirs pour un si petit livre !", s'exclame Portalis en retraçant les vies tumultueuses d'Anne de Rohan et de son fils. À pleine page, ces miniatures sont, selon Portalis, de la main de Louis Du Guernier (1614-1659), le grand miniaturiste de l'époque qui collabora avec Jarry à d'autres réalisations. On dit que toutes les effigies de saintes étaient des portraits "des plus belles dames de la cour peintes au naturel". Le calligraphe Nicolas Jarry (c. 1615-1670). Les superlatifs absolus des monarques, gens de cour, collectionneurs, amateurs éclairés ou spécialistes contemporains des manuscrits enluminés, ont toujours consacré l'œuvre de Jarry comme la plus parfaite, la plus élégante et la plus recherchée parmi les manuscrits enluminés post-médiévaux. Jarry a porté l'art de la calligraphie à un niveau que seuls les plus beaux manuscrits de Rousselet peuvent atteindre. De Bure prétendait qu'on distinguait Jarry de ses imitateurs à ce qu'on ne s'apercevait jamais du moment où il avait repris de l'encre.Ses manuscrits de piété étaient "très réclamés par les grandes dames du temps, curieuses de les avoir en poche" (Portalis). Délicieuse reliure, avec un décor à la fanfare, richement doublé. Dites "fanfares tardives", ces reliures mêlent aux éléments typiques des fanfares du XVIe siècle des fers nouveaux et plus de liberté dans le dessin des caissons. Le Gascon a relié certains des plus beaux manuscrits du calligraphe : outre le formidable manuscrit de La Guirlande de Julie et le manuscrit de l'Adonis que La Fontaine offrit à Nicolas Fouquet, citons les exemplaires conservés à la B.n.F., à la bibliothèque du Musée Condé à Chantilly, à la Pierpont Morgan Library de New York, ainsi que les trois exemplaires répertoriés par R. Esmérian.

Provenance

Anne de Rohan, princesse de Guéméné. -- Acheté à la marquise de Saissan par le baron J. Pichon (annotation manuscrite du bibliophile en tête du volume). -- Baron Pichon (ex-libris avec sa devise "Memor Fui Dierum Antiquorum PS. CXLII" ; annotations du baron sur la page de garde de vélin ; I, 3-8 mai 1897, lot 76, cité dans l'introduction p. XII), à la vente duquel il fut acheté par le libraire Théophile Belin (selon une annotation dans un exemplaire du catalogue). -- Librairie Lardanchet (1974, catalogue n° 67, n° 131).

Literature

R. Portalis, "Nicolas Jarry et la calligraphie au XVIIe siècle", Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1897, n° 59. -- R. Esmérian, Douze tableaux synoptiques sur la reliure au XVIIsiècle, Annexe A, n° 25 à 27. -- J. Lesaulnier, "La Fréquente communion d'Antoine Arnauld. Genèse d'une œuvre, Chroniques de Port-Royal, n° 44, 1995, p. 61-81.

Condition

Rousseurs sur les gardes.
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