Lot 140
  • 140

Monet, Claude

Estimate
12,000 - 15,000 EUR
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Description

  • Claude Monet
  • Lettre autographe signée sa femme Alice. [Londres], samedi midi 16 mars 1901.
  • ink on paper
8 pages in-8 (204 x 128 mm), sur 3 feuillets à en-tête du Savoy Hotel. Signée "Ton vieux qui t’aime Claude".
Traces d’attaches métalliques et petite annotation à l’encre bleue, biffée.

Monet n’a plus le goût à peindre et songe à rentrer en France, malgré les encouragements de son ami, le peintre John Singer Sargent. Longue lettre familiale, à propos de la situation de son beau-fils, Jean-Pierre Hoschedé, qui effectue son service militaire.



Il s’inquiète de la fâcheuse affaire concernant le médecin major venu contrôler Jean-Pierre à Giverny, absent lors de cette visite : "Comment ne pas avoir eu la pensée d’agir un peu auprès de ce Major soit par M. du Château, ou Planchon, je sais que c’est ennuyeux c’est vrai mais enfin il y a des cas où il faut agir et vous avez été bien, bien maladroits. Quand à son absence elle est impardonnable, il y a longtemps déjà que tu m’as écrit que tu allais faire chercher ses vêtements militaires. Mais s’en aller juste au moment où il fallait s’attendre à une constatation, ta lettre reçue hier ne me disait pas cela, et ne sais qui a reçu le Major car il y avait à dire la vérité et mieux eu valu prendre les devants en se faisant un peu pistonner et vous avez omis de le faire même aujourd’hui par Marthe, c’est une affaire fichue et regretterai bien ces lettres où je mendiais une faveur. Enfin je veux espérer encore et j’attends une longue dépêche me renseignant d’avantage".



Puis Monet donne des nouvelles de sa santé et de son travail. "J’espérais avoir un mot de Sargent, de son docteur pour savoir s’il viendra mais rien. Est-il plus mal ou parti à la mer, n’ayant eu aucune visite hier ni ce matin. Je suis là avec mes pensées toutes en préoccupations. Tu me parles toujours de mes toiles, mais c’est une affaire finie je n’y pense pas et ne veux plus y penser -- je n’ai qu’une idée revenir et qu’une crainte, être pas assez prudent et que cela tarde c’est pour cela que je voudrais voir Mr Playfair [le médecin de Sargent]. Mais en somme je me fais plus de bile que je ne souffre car je ne souffre pas du tout, n’ai plus ces chaleurs, seule une faiblesse par manque de nourriture, dont j’ai une peur terrible surtout depuis hier avec cette pauvre côtelette. Ce matin j’ai pris mon thé avec croissant et maintenant du lait."



Il commente à nouveau le problème de Jean-Pierre, regrettant qu’Alice ne l'ait pas compris lorsqu'il lui a dit que sa présence était plus utile à Giverny qu’à ses côtés : "Je n’ai songé qu’à J.P., à ton inquiétude loin de lui justement au moment où on pouvait venir pour s’assurer de sa maladie et comme je ne courrais aucun danger j’ai de suite pensé qu’il fallait s’éviter ce déplacement dans un pareil moment. Mais il est si difficile de se faire comprendre que je ne sais plus que dire si ce n’est mon chagrin de n’être pas assez solide pour venir bien vite près de toi de vous tous".



Ayant interrompu la rédaction de cette lettre, Monet la reprend, à 3 heures de l’après-midi, après avoir reçu la visite de Sargent : "Il est bien à présent et part lundi pour Douvres et de là à Boulogne ou Calais, son docteur ne veut venir que si j’étais plus mal en consultation, avec le mieux ne voulant pas aller sur ses loisirs. […] Sargent m’a obligé à manger et à sortir un peu j’ai donc pris une aile de poulet et des pruneaux. Ça m’a fait plaisir et réconforté puis bien couvert suis allé me promener pendant 20 minutes dans le jardin sous ma fenêtre. Je viens de rentrer et me sens beaucoup mieux. Seulement Sargent par exemple était furieux que je renonce à mes toiles voulant les voir mais m’y suis refusé, il est désolé de ne pouvoir rentrer avec moi mais ne peut rester à Londres sans travailler. Du reste le docteur lui recommande le changement d’air. Un de ses amis un jeune peintre moitié français moitié anglais viendra me voir pour me distraire, c’est aussi un ami de Clemenceau et le connait du reste. Mme Sargent qui l’avait conduit en voiture est revenue le chercher.
Il suggère à Alice d’écrire un mot de remerciement à Mme Sargent et à Mme Hunter, "car sans elles j’aurais été bien abandonné, Sargent étant malade et c’est toujours une consolation de voir des personnes s’intéresser à vous". Après l’avoir assurée de son amour, Monet s’inquiète de n’avoir toujours pas de réponse à sa dépêche du matin : "si j’avais eu des détails j’aurais peut être encore pu agir. Bien tourmenté, vous embrasse tous, amitiés à Butler [le peintre Théodore Butler, mari de Suzanne Hoschedé]. J’espère que tu as bien reçu ma lettre où je répondais à Blanche d’envoyer au salon."  



Monet avait de nouveau séjourné à Londres de janvier à mars 1901, mais sa santé s'était détériorée et le Dr Playfair avait diagnostiqué une grippe sévère, transformée en pleurésie. Le peintre s'ennuyait de sa famille, inquiet pour son fils Michel et son beau-fils Jean-Pierre Hoschedé (né en 1877, qui pourrait être son fils naturel), tous deux effectuant leur service militaire, mais supportant mal la vie sous les drapeaux.
Blanche Hoschedé, seconde fille d’Alice, avait épousé en 1897 Jean, le fils de Monet et de sa première femme, Camille Doncieux. Modèle et élève du peintre, elle réalisa plusieurs œuvres dans une veine impressionniste, proche de l’œuvre de Monet des années 1870.

Condition

Traces d'attaches métalliques et petite annotation à l'encre bleue, biffée.
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