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Desnos, Robert
Estimate
8,000 - 10,000 EUR
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Description
- Desnos, Robert
- [La Liberté ou l'Amour !] 2 cahiers in-8, comme suit : 1°. Manuscrit autographe signé, daté 13 Décembre 1924, 12 feuillets in-8 dans un cahier à couverture illustrée (Hindoue de Malabar), sous chemise demi-chagrin rouge à rabats, étui - 2°. Manuscrit autographe, Sans date, 28 feuillets in-8 sur un cahier d'écolier à couverture illustrée (Le Théâtre de Guignol), chemise demi-chagrin rouge à rabats, étui.
- ink on paper and leather
TRÈS PRÉCIEUX MANUSCRITS DE PREMIER JET DE LA LIBERTÉ OU L'AMOUR ! appartenant à la période des sommeils.
Ces deux cahiers constituent le tout premier manuscrit de La Liberté ou L'amour ! publié aux éditions du Sagittaire en 1927. Ce livre de Desnos se signale par de grandes audaces d'écriture, qui effrayèrent l'éditeur, qui censura de lui-même certains passages érotiques (qu'on trouve intégralement ici).
Le texte donné par ces deux cahiers est celui d'un premier jet des chapitres I, II et VII (correspondant aux pp. 1-25, 66-77 de l'éd. L'Imaginaire/ Gallimard, 1998). Par rapport au texte imprimé, nous avons relevé plus de 250 variantes. Mais on doit souligner que les 4 dernières pages (Récit d'un gardien de phare) ne se retrouvent pas dans le livre, et semblent bien INÉDITES.
Premier cahier :
Il se compose de 12 pages, suivies. Sur la page 1, on lit cet étonnant début : Chapitre I / Robert Desnos / né à Paris le 13 Décembre 1924 jour où / il écrit ces lignes. Suit le Chapitre II, intitulé Bruit étrange dans les cités [devenu dans l'imprimé Les profondeurs de la nuit] ; ne comportant que de très rares ratures, il est complet. Il s'agit d'une très curieuse rêverie onirique et érotique, mettant en scène un narrateur (Corsaire Sanglot), qui poursuit désespérément à travers Paris une chanteuse, Louise Lame. Ce très beau texte, intensément poétique, offre un remarquable exemple d'écriture automatique.
Revenu sur mes pas et longeant les arcades de la rue de Rivoli je vis enfin Louise Lame marcher devant moi… Encore quelques pas et voici qu'elle dégrafe ce dernier vêtement. Il choit. Je cours de plus en plus vite. Louise Lame désormais plus grande que sa destinée est nue, nue, toute nue, dans le bois de Boulogne. Les autos s'enfuient avec des barrissements légendaires. Leurs phares éclairent tantôt un bouleau, tantôt une cuisse de Louise Lame sans atteindre cependant la toison sexuelle…. La femme nue marche avec des claquements d'étoffes invisibles… La femme nue heurte à chaque porte, soulève toute paupière close… Bébé Cadum magnifiquement éclairé reste seul témoin attentif des événements dont la rue sera le théâtre.
Second cahier :
Il se compose d'un cahier dont 15 pages in-8 carré sont écrites au recto seul, de 9 pages volantes, d'un format in-8 plus étroit (placées dans le même cahier), et de 4 pages volantes de cahier in-8 carré, également écrites au recto seul. Ces trois textes sont de premier jet, avec peu de corrections. Visiblement, Desnos les a écrits au fil de la plume sous une inspiration subite, ce qui leur donne un caractère d'écriture automatique assez prononcé. Les 24 premières pages appartiennent à ce qui deviendra dans l'imprimé la première partie du chapitre VI, Révélation du monde.
Corsaire Sanglot trouve sur un trottoir de Paris le cadavre d'une femme nue : Il entra dans le couloir. La concierge, une belle sirène, était en train de changer d'écaille suivant la volonté de la saison. C'était dans la loge meublée d'une table et d'un buffet Henri II des tourbillons d'écailles vertes et blanches… Puis il pénètre dans un appartement : Les valets du club des buveurs de sperme s'empressai[en]t autour de lui. Après avoir choisi un cru de choix, du sperme sénégalais, année du naufrage de la Méduse, Corsaire Sanglot alluma une cigarette. Suit un long historique de ce très singulier club : … Une brigade spéciale s'occupait de la liqueur féminine. Les amateurs goûtaient fort également certains mélanges recueillis dans la vasque naturelle après d'admirables assauts… Cet autre, engagé dans un pensionnat d'Angleterre, recueillait la preuve de l'émoi d'une jeune pensionnaire quand, étant parvenue à la puberté sans que les maîtresses s'en soient aperçues, elle doit, pour une faute vénielle, recevoir jupes troussées et culotte basse, la fessée et les verges en présence de ses compagnes ou d'un collégien amené là par le hasard, dieu des joies amoureuses… Le second manuscrit est le récit, assez libre, de deux liaisons féminines du narrateur. D'abord Marie, une jeune dactylo : … Je l'obligeais à palper toutes les parties secrètes de mon corps. Jamais je ne parvins à poser mes lèvres plus haut que la séparation de la jarretelle au pantalon. Un pantalon de petite fille, brodé, ourlé et orné d'entre-deux, maladroitement cousus, mais d'une blancheur !… Puis c'est l'admirable Lucie, un mannequin : Je l'avais aperçu[e] à travers une baie de son magasin situé près de la Madeleine. Un rendez-vous inscrit avec le doigt sur la buée de la vitre me surexcita jusqu'à neuf heures du soir… - Le troisième texte - sans doute inédit - relate une conversation sur la mort, entre Corsaire Sanglot et un gardien de phare : … Mais je voudrais savoir si la chrysalide au moment de devenir papillon fait son testament, reçoit l'extrême-onction et bénit ses enfants. Mais le premier homme qui vit une tempête crut à la fin du monde. Nous nous transformons à une période de notre vie qui dépasse rarement la centième année après notre "naissance" et nous croyons à ce moment à la fin du monde…
SUPERBE ENSEMBLE, PERMETTANT DE SUIVRE LA GENÈSE DE CE TRÈS BEAU RÉCIT D'AMOUR ET DE MORT, L'UN DES CHEFS-D'OEUVRE DU SURRÉALISME.
Ces deux cahiers constituent le tout premier manuscrit de La Liberté ou L'amour ! publié aux éditions du Sagittaire en 1927. Ce livre de Desnos se signale par de grandes audaces d'écriture, qui effrayèrent l'éditeur, qui censura de lui-même certains passages érotiques (qu'on trouve intégralement ici).
Le texte donné par ces deux cahiers est celui d'un premier jet des chapitres I, II et VII (correspondant aux pp. 1-25, 66-77 de l'éd. L'Imaginaire/ Gallimard, 1998). Par rapport au texte imprimé, nous avons relevé plus de 250 variantes. Mais on doit souligner que les 4 dernières pages (Récit d'un gardien de phare) ne se retrouvent pas dans le livre, et semblent bien INÉDITES.
Premier cahier :
Il se compose de 12 pages, suivies. Sur la page 1, on lit cet étonnant début : Chapitre I / Robert Desnos / né à Paris le 13 Décembre 1924 jour où / il écrit ces lignes. Suit le Chapitre II, intitulé Bruit étrange dans les cités [devenu dans l'imprimé Les profondeurs de la nuit] ; ne comportant que de très rares ratures, il est complet. Il s'agit d'une très curieuse rêverie onirique et érotique, mettant en scène un narrateur (Corsaire Sanglot), qui poursuit désespérément à travers Paris une chanteuse, Louise Lame. Ce très beau texte, intensément poétique, offre un remarquable exemple d'écriture automatique.
Revenu sur mes pas et longeant les arcades de la rue de Rivoli je vis enfin Louise Lame marcher devant moi… Encore quelques pas et voici qu'elle dégrafe ce dernier vêtement. Il choit. Je cours de plus en plus vite. Louise Lame désormais plus grande que sa destinée est nue, nue, toute nue, dans le bois de Boulogne. Les autos s'enfuient avec des barrissements légendaires. Leurs phares éclairent tantôt un bouleau, tantôt une cuisse de Louise Lame sans atteindre cependant la toison sexuelle…. La femme nue marche avec des claquements d'étoffes invisibles… La femme nue heurte à chaque porte, soulève toute paupière close… Bébé Cadum magnifiquement éclairé reste seul témoin attentif des événements dont la rue sera le théâtre.
Second cahier :
Il se compose d'un cahier dont 15 pages in-8 carré sont écrites au recto seul, de 9 pages volantes, d'un format in-8 plus étroit (placées dans le même cahier), et de 4 pages volantes de cahier in-8 carré, également écrites au recto seul. Ces trois textes sont de premier jet, avec peu de corrections. Visiblement, Desnos les a écrits au fil de la plume sous une inspiration subite, ce qui leur donne un caractère d'écriture automatique assez prononcé. Les 24 premières pages appartiennent à ce qui deviendra dans l'imprimé la première partie du chapitre VI, Révélation du monde.
Corsaire Sanglot trouve sur un trottoir de Paris le cadavre d'une femme nue : Il entra dans le couloir. La concierge, une belle sirène, était en train de changer d'écaille suivant la volonté de la saison. C'était dans la loge meublée d'une table et d'un buffet Henri II des tourbillons d'écailles vertes et blanches… Puis il pénètre dans un appartement : Les valets du club des buveurs de sperme s'empressai[en]t autour de lui. Après avoir choisi un cru de choix, du sperme sénégalais, année du naufrage de la Méduse, Corsaire Sanglot alluma une cigarette. Suit un long historique de ce très singulier club : … Une brigade spéciale s'occupait de la liqueur féminine. Les amateurs goûtaient fort également certains mélanges recueillis dans la vasque naturelle après d'admirables assauts… Cet autre, engagé dans un pensionnat d'Angleterre, recueillait la preuve de l'émoi d'une jeune pensionnaire quand, étant parvenue à la puberté sans que les maîtresses s'en soient aperçues, elle doit, pour une faute vénielle, recevoir jupes troussées et culotte basse, la fessée et les verges en présence de ses compagnes ou d'un collégien amené là par le hasard, dieu des joies amoureuses… Le second manuscrit est le récit, assez libre, de deux liaisons féminines du narrateur. D'abord Marie, une jeune dactylo : … Je l'obligeais à palper toutes les parties secrètes de mon corps. Jamais je ne parvins à poser mes lèvres plus haut que la séparation de la jarretelle au pantalon. Un pantalon de petite fille, brodé, ourlé et orné d'entre-deux, maladroitement cousus, mais d'une blancheur !… Puis c'est l'admirable Lucie, un mannequin : Je l'avais aperçu[e] à travers une baie de son magasin situé près de la Madeleine. Un rendez-vous inscrit avec le doigt sur la buée de la vitre me surexcita jusqu'à neuf heures du soir… - Le troisième texte - sans doute inédit - relate une conversation sur la mort, entre Corsaire Sanglot et un gardien de phare : … Mais je voudrais savoir si la chrysalide au moment de devenir papillon fait son testament, reçoit l'extrême-onction et bénit ses enfants. Mais le premier homme qui vit une tempête crut à la fin du monde. Nous nous transformons à une période de notre vie qui dépasse rarement la centième année après notre "naissance" et nous croyons à ce moment à la fin du monde…
SUPERBE ENSEMBLE, PERMETTANT DE SUIVRE LA GENÈSE DE CE TRÈS BEAU RÉCIT D'AMOUR ET DE MORT, L'UN DES CHEFS-D'OEUVRE DU SURRÉALISME.