Lot 288
  • 288

Goya y Lucientes, Francisco de

Estimate
120,000 - 160,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Francisco de Goya
  • [La Tauromaquia. Madrid, vers 1816].
  • paper
Album in-folio à l’italienne (485 x 353 mm pour le volume), présentant 3 ff. (page de titre en français calligraphiée, lettre autographe signée contrecollée, table des planches calligraphiée en espagnol en deux colonnes), puis 33 planches montées sur autant de feuillets de vergé d’Arches. Maroquin noir, plats ornés de filets à froid gras et maigres et de filets dorés formant un quadrillage au sein duquel sont estampés des motifs à froid et dorés, dos lisse portant le titre doré et orné de filets dorés et à froid, encadrement intérieur de maroquin doré orné de filets dorés et à froid, doublure et gardes de soie rose et or à motifs d’animaux fantastiques (G. Cretté, succ. de Marius Michel).
Charnières et dos un peu frottés en queue, éraflure sur le second plat. Petits trous de papier comblés dans les coins supérieurs de chaque planche, rousseurs éparses, quelques pliures.

L’exemplaire Muguiro, offert par Goya



La plus rare des quatre principales suites de Goya, d’une prestigieuse provenance.



"Exemplaire exceptionnel de cette 1re édition" (Delteil).



Première édition, d'un tirage à très petit nombre. "The edition appears to have very small” (Harris, p. 307). Papier avec les filigranes " " (planches n° 14, 18, 22, 24, 25 et 26) ou "Morato" (planche n° 5 et 6), caractéristiques de la première édition, comme l’est le très faible biseautage des cuivres.



"This edition is the only one in which the full qualities of the plates can be appreciated. The impressions are extremely fine and are all clean-wiped" (ibid.).



Suite complète de 33 planches, gravées à l’eau-forte, à l'aquatinte, au burin et à la pointe-sèche. Les 32 premières planches, de la première édition, sont à toutes marges (environ 320 x 445 mm) et ont été complétées par une dernière planche (n° 33), d’un autre tirage sur papier vergé, aux marges plus étroites (258 x 371 mm). Les planches sont montées dans l’album par le côté gauche ; la légende est calligraphiée sur les feuillets de l’album, en français et en espagnol.



Goya et la tauromachie. Réalisée en 1815-1816 par celui qui fut appelé "Don Francisco de los Toros", cette suite est un véritable hymne à l’art national de la tauromachie. Ayant lui-même toréé jeune, Goya vouait une véritable passion pour la tauromachie et avait pour ami les plus grands toreros de son époque. Dès 1777, il eut l’idée d’illustrer la discipline, mais ce n’est qu’après la parution en 1796 du manuel du torero Pepe Hillo qu’il avança dans son projet.



Ainsi que le relève Gauthier dans son Voyage en Espagne, Goya était "l'homme le plus compétent du monde pour traiter à fond la matière. Quoique les attitudes, les poses, les défenses et les attaques [...] soient d'une exactitude irréprochable, Goya a répandu sur ces scènes des ombres mystérieuses et des couleurs fantastiques. [...] Les taureaux et les chevaux, bien que parfois d'une forme un peu fabuleuse, ont une vie et un jet qui manquent bien souvent aux bêtes des animaliers de profession". Effectivement, plutôt que de s’intéresser à l’aspect festif de la corrida, Goya souligne l’aspect dramatique des combats entre toreros et taureaux. En apparence très éloignées du propos politique des Caprichos et des Desastres, certains critiques n’ont d’ailleurs pas hésité à voir dans ces scènes les révolutionnaires et leurs oppresseurs.



Provenance prestigieuse : cet "exemplaire exceptionnel" provient de la famille Muguiro, ainsi que l’explique Delteil (II, n.p.), plus précisément de l'un des deux frères connus des amateurs de Goya :



- Juan Bautista Muguiro, marchand et banquier de son état — il fut celui de Javier Goya et peut-être de Goya lui-même —, il fréquenta le peintre durant leur exil commun à Bordeaux. En mai 1827, Goya réalisa de lui un remarquable portrait, ainsi dédicacé : "D.n Juan de Muguiro, por su amigo Goya, á los 81 años, en Burdeos, Mayo de 1827". Après la mort du peintre, le banquier acquit aussi en 1830 La laitière dite "de Bordeaux". Ces deux tableaux échurent ensuite à son neveu, qui les légua au Prado, respectivement en 1908 et en 1892. On peut concevoir que c’est vers cette époque que la Tauromaquia des Muguiro changea également de propriétaire ; Loÿs Delteil en mentionne la provenance dans son catalogue paru ensuite, en 1922.



- José Francisco Muguiro, le beau-frère de la sœur aînée de Gumersinda de Goicoechea, belle-fille de Goya et épouse de Javier Goya. Comme son frère Juan Bautista, il travaillait dans le commerce et la banque.



Soulignons encore qu’à sa mort, en avril 1828, Goya fut enterré au cimetière bordelais de la Chartreuse, dans le mausolée de la famille de son ami Martín Miguel Goicoechea, père de sa belle-fille, beau-père de Juan Francisco Muguiro.



La particularité de l’exemplaire Muguiro est qu’il a été composé au fur et à mesure que les planches étaient imprimées, ainsi que l’explique Delteil : "M. S[anchez] Gerona possède un exemplaire exceptionnel de cette 1re édition, provenant de la famille Muguiro et qui, formé au fur et à mesure, ne renfermait à l’origine que 32 planches ; il fut complété par la suite" (ibid.).
Précisant les propos de Delteil, Sanchez Gerona, ancien directeur de l’Escuela Nacional de Artes Gráficas de Madrid et de la Calcografía Nacional, adresse en 1924 cette lettre, restée inédite et montée en tête du recueil, au véritable propriétaire des planches :
"Difiriendo a su deseo de conocer la procedencia del ejemplar en hojas, sueltas, a todo margen, sin desbarbar, que ha cedido a V. el 4 del mes actual, tengo el gusto de manifestarla que proviene de la familia Muguiro y componías de solas treinta y dos laminas que habían sido regaladas por el autor a su amigo y banquero a medida que se iban estampado. Este ejemplar está citado por Delteil, y como este indica, ha sido completado con la hoja 33, en prueba de 1a edición de formato algo menor."
["Au sujet de votre désir de connaître l'origine de l’exemplaire en feuilles, isolées, à toutes marges, non ébarbées, que vous m'avez montré à examiner le 4 du présent mois, je suis heureux de vous annoncer qu'il vient de la famille Muguiro, et que ces 32 planches ont été données par l'auteur à son ami le banquier au fur et à mesure qu’elles étaient imprimées. Cet exemplaire est cité par Delteil et, comme celui-ci l'indique, il a été complété par la planche 33, en épreuve de 1re édition d'un format un peu plus petit."].



Ainsi s’explique non seulement que la dernière planche soit d’un autre tirage (un collectionneur a complété les 32 premières que Goya avait offertes seules), mais aussi pourquoi n’est présente ni la page de titre ni la liste des 33 compositions, qui ont dû être imprimées seulement une fois le tirage des planches terminé. De cette lettre de Sánchez Gerona, il ressort en outre qu’il n’était pas propriétaire du recueil, ainsi que l’affirme Delteil, puisque sa lettre est visiblement adressée au véritable possesseur.



Belles épreuves, à grandes marges.



[On joint :]
José Sánchez Gerona. Lettre autographe de cet ancien directeur de l’Escuela Nacional de Artes Gráficas de Madrid, 14 juillet 1924, 1 p. in-12, papier à en-tête, montée en tête de l’album, à propos de la présente série (cf. supra).



Références : Delteil, 224-256 (exemplaire cité). -- Harris, III-1, 204-236. -- M. Núñez de Arenas Manojo, "La suerte de Goya en Francia", in Bulletin Hispanique, t. 52, n° 3, 1950. p. 229-273.



Provenance : famille Muguiro, selon Delteil.

Condition

Charnières et dos un peu frottés en queue, éraflure sur le second plat. Petits trous de papier comblés dans les coins supérieurs de chaque planche, rousseurs éparses, quelques pliures.
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