Lot 63
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Paire de panneaux en "broderie de jais" et fils d'or aux armes de France d'époque Louis XV, vers 1730

Estimate
50,000 - 80,000 EUR
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Description

  • Panneau : 70 x 95 cm ; cadre : 95 x 121
  • Pannel : 27 1/2 x 37 1/2 in ; frame : 37 1/2 x 47 1/2 in
à fond blanc composés de petits tubes de verre, à décor de L entrelacés surmontés d'une couronne royale et rinceaux en fils d'or et broderie de fleurs polychromes ; dans un cadre en bois doré d'époque Louis XIV à décor de lambrequins et feuilles d'acanthe

Condition

Illustration is slightly too orange. Overall good condition. Very few pearls are missing and it is mainly on the borders. Exceptional and very rare embroideries with a lot of reliefs and brightness. We would suggest a slight cleaning in order the panels sparkle a lot more. Each embroidery canvas is mounted on a stretcher frame. The giltwood frame of a later date (chips in places). French royal cypher probably means a royal provenance. To recommend.
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Catalogue Note

Cette technique particulière de broderie dédiée à la décoration intérieure a été évoquée par H. Havard dans son Dictionnaire de l'Ameublement et de la Décoration qui précise que l"on a donné ce nom de jais à des pâtes de verre de toutes sortes de couleurs dont on se servait comme des perles, pour broder les ameublements". 

Les centres traditionnels de production de pâtes de verre, en Bohême, Russie, France, à Venise ont depuis le Moyen-Age réalisé ces petites pièces de couleurs qui étaient utilisées pour orner certains vêtements et divers petits objets, souvent destinés au service du culte. Toutefois la réalisation de décors intérieurs de grande échelle semble être typiquement française.

 

Il semblerait que la mode pour cette technique ait décliné dans la seconde moitié du XVIIIe avec l'avènement du renouveau classique alors qu'elle fut très en vogue au début du siècle et perdura pendant plusieurs décennies. Elle fut largement utilisée dans la décoration intérieure : panneaux muraux, décor de chambre, lits, couverture de sièges au même titre que la plus traditionnelle tapisserie "au point". L'utilisation de fond blanc, mêlé à l'aspect éclatant et brillant de la pâte de verre pouvait donner l'illusion de l'argent et d'une grande richesse, c'est donc tout naturellement que ces éléments décoratifs en trompe l'oeil se sont merveilleusement intégrés aux intérieurs du moment. Les sources des différents décors sont souvent des interprétations de gravures d'ornemanistes et d'artistes comme Jean-Baptiste Monnoyer, Daniel Marot, Jean Pelman ou Christophe Huet.

 

Plusieurs mentions apparaissent dans les catalogues de vente du XVIIIe siècle comme lors de la vente des biens de la duchesse de Brancas, le 14 décembre 1769 et le 3 mai 1770 où figurait "un superbe ameublement complet et paravent de jays blanc, brodé en chenille nuancée" et "un grand lit et huit fauteuils de tapisserie de soie encadrés de jais de couleur" ;  le 3 septembre 1781 dans le catalogue de vente de la duchesse de Mazarin, on peut voir décrit "un beau meuble de jais sur bois doré".

L'engouement pour ce type de décor s'est propagé dans l'Europe entière, et si la technique première apparaît comme étant bien française, il n'est pas exclu qu'elle fut reprise par de nombreux ateliers, tant en Allemagne, en Italie ou en Russie.

Quelques rares exemples nous sont parvenus comme la feuille (vers 1710) de l'écran conservé au musée Louis-Philippe au château d'Eu tandis que des éléments de décors subsistent  encore dans différents palais et musées en Europe : dans la Salle d'Audience (vers 1710-1720), Schloss Favorite en Allemagne ; neuf panneaux ornés de colonnes torses (vers 1710) appartiennent aux collections de Waddesdon Manor en Angleterre tout comme les majestueux panneaux fleuris (1710-1720) remontés à Knebworth House, Hertfordshire au milieu du XIXe siècle. Le palais chinois de Catherine II à Oranienbaum à côté de St Petersbourg a conservé son décor original réalisé par Antonio Rinaldi en 1762-1764.

 

Notre paire de panneaux avec les L entrelacés et la couronne royale brodés en fils d'or plaident pour une origine royale dont la destination ou l'utilisation sont à découvrir.