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Auction Closed
April 30, 05:01 PM GMT
Estimate
8,000 - 12,000 EUR
Lot Details
Description
Masque hyène suruku, Bamana, Mali
Haut. 41 cm
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Bamana Hyena Suruku Mask, Mali
Height 16 in
Collection Jean-Paul Chazal, Paris
Zürich, Museum Rietberg, Bamana, Afrikanische Kunst aus Mali, 9 septembre-9 décembre 2001
Colleyn, Bamana. The Art of Existence in Mali - Bamana: Afrikanische Kunst aus Mali - Bamana: un art et un savoir-vivre au Mali, 2001, p. 119, n° 104
Chez les Bamana, les sociétés initiatiques occupent une place considérable sur le plan social et politique. La plus connue d’entre elles est le Ntomo, la société initiatique des jeunes enfants de six à treize ans dont la circoncision était une des étapes importantes. Les masques du Ntomo sont bien connus du grand public pour arborer jusqu’à huit cornes sur leur front. Le Ntomo ouvre ensuite la porte au Korè, la société initiatique sacralisant le passage de l’enfance à l’âge adulte. Jean-Paul Colleyn rappelle ainsi que « l’initiation au Korè est la phase destinée à construire, au niveau du sujet et du groupe, l’identité masculine. » [1] On parle de mort symbolique de l’enfance, de « garçons tués au Korè ». « Par ce pseudo sacrifice, [ceux-ci] prouvent leur qualité d’hommes courageux, car, bien évidemment, personne ne les informe qu’il s’agit d’un simulacre. Lorsqu’ils ressuscitent sous une identité adulte, les initiés doivent renoncer aux privilèges de l’enfance. » [2] Les garçons passent ensuite une période d’une semaine dans la brousse sous la surveillance d’aînés qui leur font subir brimades et humiliation et leur transmettent une instruction dans les domaines des plantes, de la médecine, de la sexualité... Par ailleurs, les initiés du Korè sont répartis dans différentes classes ayant chacune un attribut animalier. Á l’occasion du retour au village, certains initiés portent les masques correspondants aux animaux qu’ils incarnent : des lions (Jaraw), des singes (Sulaw) ou des hyènes (Suruku).
Le masque hyène (suruku) de la Collection Jean-Paul Chazal est un exemple emblématique de ce type de masques prévalent dans les rituels du Korè. Il reflète d’une part le caractère de son jeune porteur et les efforts consentis pour parfaire ses connaissances. Il incarne d’autre part l’achèvement de l’initiation et le passage à l’âge adulte. L’esthétique de cet objet participe grandement au succès des exploits du jeune homme et l’investit d’un pouvoir nouveau tout en lui accordant la reconnaissance de la communauté.
Ce masque présente les caractéristiques traditionnelles des masques suruku : le front proéminent et bombé sur lequel se dresse une crète stylisée en forme de pointe ; deux oreilles incurvées et un museau très large de forme rectangulaire. Son visage est marqué par des scarifications sur les côtés. Enfin, son ancienneté se manifeste par une belle et intense patine, produit des sacrifices reçus pour augmenter le pouvoir du masque.
Si ce masque hyène présente donc une iconographie traditionnelle, il se démarque néanmoins du corpus habituel par son ancienneté et l'élégance de ses lignes. Il offre au regard un équilibre des formes remarquable, alternant les parties en reliefs et les courbes concaves, tandis que les côtés du visage sont ponctués de lignes de scarification qui partent de la base des oreilles et assurent admirablement l’élancement de l’ensemble de cette œuvre.
[1] Colleyn, Bamana. Un art et un savoir-vivre au Mali, 2003, p. 98
[2] Ibid. p. 98
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