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Vian, Boris

8 chroniques pour "Les Temps Modernes" [les "Chroniques du Menteur"] et pour "La Rue" [sur Jean-Paul Sartre], 1946-1948.

Lot Closed

June 27, 01:57 PM GMT

Estimate

2,000 - 3,000 EUR

Lot Details

Description

Vian, Boris

Huit chroniques du menteur pour Les Temps Modernes.

5 manuscrits ou notes autographes, dont 3 signés, et 6 tapuscrits corrigés, parfois en double exemplaire.

1946-1948.


Avec un article pour La Rue, sur Jean-Paul Sartre, et un court texte inédit.

 

En 1946, Vian fait la connaissance de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir qui le recrutent pour Les Temps modernes, fondés quelques mois auparavant. Il leur propose des chroniques sur l’actualité littéraire, sociale et politique mais en la détournant, usant d’un style potache, ironique ou provoquant, où l'on remarque le ton déjà pataphysicien de Vian, officiellement reçu au sein du Collège de 'Pataphysique en 1952.

Cependant certaines de ces crâneries ne plurent pas à tous les membres du comité directeur des Temps modernes, et deux de ces chroniques furent refusées.


[1]. Le Pays sans étoiles […]. Dactylographie en double exemplaire, chacune présentant les mêmes petites corrections au crayon et à l’encre brune, avec une annotation au premier feuillet indiquant que la première frappe a été remise aux Temps Modernes le 20 avril et "apparemment acceptée" (5 pages in-4 chaque).

Article paru en juin 1946 (n° 9). Critique cinématographique du Pays sans étoiles de Georges Lacombe et d’Étoile sans lumière de Marcel Blistène avec Édith Piaf, critique du livre d’André Frédérique, Histoires blanches, que Vian affirme être la traduction d’un texte du cinéaste Eisenstein : Lumière sans pays.

 

[2]. Quelques révélations sur des gens connus [...]. Dactylographie avec titres et 3 corrections autographes, à l’encre brune (7 pages in-4).

Article paru en juillet 1946 (n° 10), composé en trois parties où Vian, pourfendeur de quelques personnalités communistes ou socialistes, se décrit comme l’assassin de Marcel Cachin, directeur de L'Humanité, de Christian Pineau ou encore d’Édouard Herriot. Il est contraint de terminer sa chronique, se souvenant qu’il vient d’être guillotiné.

 

[3]. Pour une rénovation des Temps Modernes. Manuscrit autographe, au crayon puis à l’encre noire avec quelques corrections (8 pages ½ in-4 avec dactylographie de 10 pages agrafées).

Manuscrit de travail de la chronique parue en octobre 1946 (n° 13). Critique sans ménagement du format, du papier, de l’impression et de la mise en page des Temps Modernes, proposant différentes solutions pour améliorer la revue, dont 190 pages sur 192 seraient réservées à la seule Chronique du Menteur. Vian incite ensuite le lecteur à découvrir un livre de photographies sur les coins secrets de Paris : "L’on appréciera particulièrement la scène charmante où Louis de Broglie montre sa mécanique ondulatoire à François Mauriac, son nœud de vipères à la main. Une parfaite réussite". Dans la dactylographie qui reprend ce passage, on relève le texte où sont expliquées les règles du jeu du "bégophone" pour ne pas s’ennuyer pendant les vacances, texte resté inédit du vivant de l’auteur, et sans doute destiné à La Rue (d’après Noël Arnaud).

 

[4]. [Sans titre]. Dactylographie en deux exemplaires, avec quelques corrections (deux fois 6 pages in-4, agrafées).

Chronique parue en juin 1947 (n° 21), composée en trois parties : commentaire sur Marcel Duhamel traducteur de Caldwell, "critique" théâtrale de L'Aigle à deux têtes de Cocteau, et parodie de discussions au sein de la direction des Temps Modernes, "disons Merloir de Beauvartre pour simplifier", au sujet des coupes, parfois drastiques, opérées dans les articles de leurs collaborateurs.

 

[5]. [Sans titre]. Manuscrit autographe signé (10 pages in-4, avec ratures et biffures). Chronique parue en novembre 1947 (n° 26) : jugement sans concessions sur L’Homme manifeste de Jean Legrand, chantre du "sensorialisme", un ouvrage choisi au hasard parmi les nombreux exemplaires de presse reçus par la maison Gallimard et que personne ne lit. Avec un avis, beaucoup plus indulgent, sur le film de Pierre Bost d’après Radiguet, Le Diable au corps, avec Micheline Presle et Gérard Philippe, Vian déclarant qu’il ne peut rien dire sur cet acteur puisque sa femme Michèle en est amoureuse.

 

[6]. Avant-propos. Dactylographie, avec quelques corrections autographes, à l’encre bleue (2 pages in-4).

Texte prévu pour le numéro de décembre 1947 mais finalement refusé.

À propos du livre de James Agee [Let us now praise famous men] dont un extrait allait être publié dans Les Temps Modernes (traduit par Michèle Vian-Léglise). Vian, prétendant que les Américains n'ont pas l'habitude de travailler, leur préconise un séjour dans un camp de concentration ou un stage dans une mine de diamants d'Afrique du Sud, et propose quelques solutions "constructives" pour Agee qui semble s’être complu à décrire la vie pénible des pauvres Blancs de l'Alabama, lynchant un Noir de temps en temps pour se changer les idées :

"a) pendre régulièrement Mr. Agee devant un public de nègres et le dépendre juste avant l’instant fatal pour qu’il puisse resservir […]

b) ne plus rien traduire de l’américain, et supprimer du même coup Les Temps Modernes.

c) parler d’autre chose. C’est ce que je fais. Qu’est-ce que vous pensez de Micheline Presle ?".

 

[7]. Pour une race en voie d’extinction / Chronique du Menteur engagé. Pas de crédits pour les militaires. Manuscrit autographe signé (10 pages petit in-folio, sur bifeuillets de papier quadrillé, calculs au verso du dernier feuillet relatifs aux diamètres de poulies ; avec des notes autographes sur 1 p. in-8 et deux versions dactylographiées du texte, avec corrections, 4 et 9 pages in-4).

Prévue pour Les Temps Modernes du mois de septembre 1948, cette chronique fut rédigée alors que Vian était la cible d’une nouvelle information par le parquet de Paris pour outrage aux bonnes mœurs après la parution de J’irais cracher sur vos tombes. Vian règle ses comptes avec les militaires de tous grades, responsables de l’extinction progressive de nombreuses espèces, proposant un Petit manuel d’anéantissement du militaire. Le manuscrit et le premier tapuscrit présentent quelques passages inédits.

 

[8]. Les chemins de fer. Notes autographes (3 pages ½ sur 3 feuillets in-4).

Notes de travail inédites pour des chroniques inachevées, évoquant la réparation de soldats par des pièces artificielles, l’amélioration des transports, le recyclage des obus, une séance au tribunal de police ou encore les travers du journaliste Georges Ravon. Avec petits dessins dans les marges de deux feuillets.

 

[9]. Un petit tarticle [sic] sur Sartre et la merde. Manuscrit autographe signé. 6 pages in-4 sur des feuillets de cahier d’écolier ; dactylographie jointe, avec 4 petites corrections, 3 pages petit in-folio.

Manuscrit de travail de ce petit "tarticle" paru le 12 juillet 1946 dans le n° 6 de La Rue. Vian défend Jean-Paul Sartre face à d’autres écrivains, parce qu’osant exorciser la merde en la déposant sur le papier "au lieu de la répandre à tous les vents comme font les négligents (Claudel, Péguy, Romain Rolland) ou de la conserver par devers soi, tels les égoïstes parmi lesquels on citerait en premier lieu messieurs Emile Henriot, Pierre Emmanuel, et d’autres membres de l’Académie Française". Et il prédit la prochaine résurrection d’Alfred Jarry qui fourrera le nez de tous les dégoûtés dans son pot de chambre.

Boris Vian publia six chroniques dans La Rue, hebdomadaire relancé par Léo Sauvage qui avait repris le titre du journal de Jules Vallès, mais qui ne compta que 12 numéros, d’avril 1945 à novembre 1947.


[10]. Variations sur l’enculage des mouches. Manuscrit autographe (3 pages ½ in-8, au crayon avec corrections et ajouts à l’encre noire, sur 2 fiches cartonnées).

Texte inédit. Souhaitant faire triompher la clarté et la logique de la langue française, Boris Vian distingue deux expressions : "enculer une mouche" et "pinailler". "Enculer une mouche suggère l’idée d’une opération de précision, mettant en œuvre une technique d’orfèvre ou d’horloger. Il implique la minute, le soin, le centrage parfait. Pinailler, c’est grosso modo, planter ça et là un engin impatient et mal assuré, éparpiller aux quatre vents une substance inactive, gâcher pour tout dire la marchandise. Pinailler c’est lancer mille bombes, quand deux suffisent".


[On joint :]

Collège de Pataphysique. Statuts. [Paris, 1949]. In-12. Broché, couverture jaune imprimée en vert, 12 pp.

Édition originale des statuts du Collège, déposés le 1er du mois de Décervelage an LXXVI E.P. [1er décembre 1949] par le Vice-Curateur Fondateur Sandormir [Emmanuel Peillet].

Œuvres romanesques complètes, II, Pléiade, 2010.

 

Œuvres (tomes I à XV), éd. M. Lapprend et G. Pestureau, sous l’autorité d’Ursula Vian Kübler, Fayard, 1999-2003.