
Très important ensemble d’environ 415 aquarelles originales pour le jardin botanique de la Marine de Toulon. 1794-1827.
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June 27, 12:09 PM GMT
Estimate
15,000 - 20,000 EUR
Lot Details
Description
[Botanique ─ dessins originaux]
Très important ensemble d’environ 415 aquarelles originales pour le jardin botanique de la Marine de Toulon.
1794-1827.
Impressionnant témoignage de ce que fut le jardin botanique de Toulon avant sa dispersion.
Belle collection de dessins originaux sous la direction d'importants botanistes.
La plupart au format in-folio, avec 17 gravures et 3 pages d’herbier (détails infra).
Ces aquarelles représentent la grande variété des collections du jardin botanique de la Marine de Toulon, à l’époque l’un des plus beaux et l’un des plus riches jardins de France. Elles ont été réalisées entre 1794 et 1827 sous la supervision des deux directeurs du jardin, François J.-B. Martin, puis Gaspard-Nicolas Robert.
Le jardin botanique de la Marine de Toulon fut créé en 1789 pour acclimater, reproduire, étudier les plantes rapportées par les marins, et approvisionner l'école de médecine navale ; c'est l'un des trois jardins de la Marine, avec ceux de Brest et Rochefort créés quelques années auparavant.
Le botaniste François J.-B. Martin (1733-1817) lui consacra sa vie, complétant considérablement les collections du jardin, plantant des graines venues d’outre-mer et récupérant des spécimens d’autres jardins. En 1791, il rédigea un Mémoire sur le jardin botanique de Toulon (Muséum d’histoire naturelle, Ms 312), avant d’entreprendre un Catalogue des jardins botaniques de Tarbes et Toulon (Muséum d’histoire naturelle, Ms 1430). Après la Révolution qui le contraignit à émigrer en 1793, il continua de développer le jardin. Il cultiva notamment le cotonnier, ressource capitale pour l’industrie, et favorisa son ensemencement partout dans le pays, mais principalement autour de Toulon, publiant en 1808 une Instruction sur la culture du coton dans la partie méridionale du département du Var. La même année, il reçut pour ses travaux de naturalisation une médaille d’or de la Société d’agriculture de la Seine.
Le jardin s’enrichit de plantes d’outre-mer, dont celles rapportées de la Guyane, du Brésil et de la Martinique par "L'Ariège" en 1808, ou plus tard en 1825, après le voyage autour du monde de "La Coquille", provenant de l'île Maurice, de Sainte-Hélène ou du Chili.
Ainsi, durant sa longue carrière, Martin tira du jardin "un grand parti pour l’acclimatation de plusieurs plantes exotiques utiles", réunissant "une collection assez étendue de végétaux exotiques des pays chauds ; il les a multipliés et répandus parmi les cultivateurs de son département en leur distribuant gratuitement des graines et [en] leur communiquant les instructions nécessaires pour assurer le succès de ces cultures" (Mémoires d’agriculture, vol. 11, 1808, cité par Pierre-Yves Lacour).
Martin a également laissé une "Notice sur la collection de plantes dessinées et coloriées que l'on fait au Jardin botanique de Toulon", document précieux pour comprendre cette collection d'aquarelles réalisées entre 1794 et 1816 : "Tout en commençant le Jardin botanique de Toulon dont me chargea M. Marouet alors intendant de la Marine dans ce département, j'entrepris aussi de former une collection de plantes dessinées et coloriées ; je m'en occupai même pendant mon émigration. Sans moyens, sans facultés, dévoré de chagrin sur l'avenir de mon émigration, je me procurai des dessinateurs bénévoles qui sous ma direction me donnèrent quelques dessins exécutés sur nature", écrit-il, en précisant alors : "Nous en sommes en ce moment au nombre de 330 et quelques dessins" (note citée par J. Vuillet, p. 709-710, nous soulignons). On apprend ainsi que les dessinateurs sont des "dessinateurs bénévoles", aux talents variés.
Martin disant, dans sa notice, avoir fait réalisé quelques 330 dessins, une grande partie est aujourd’hui retrouvée (nous en avons 321 réalisés sous sa direction).
À la fin de sa carrière, Martin fut secondé par Gaspard Nicolas Robert (1776-1857) nommé directeur dès 1812, tout en restant au service du jardin au moins jusqu’en 1815.
Apprenti peintre à l’arsenal de Toulon, jardinier-botaniste en 1794, Nicolas Robert soutint une thèse de pharmacie. En 1802, il fut envoyé en Corse pour y diriger le jardin botanique, puis revint à Toulon seconder Martin. En 1821, il publia un Catalogue des plantes cultivées au jardin botanique de la marine royale du port de Toulon répertoriant 3 289 espèces (Le Voyage des plantes, p. 28). Botaniste renommé, correspondant régulier du Muséum, il quitta ses fonctions en 1847, près de vingt ans après la transformation du jardin de la Marine en parc public.
Parmi les faits d'armes de Gaspard-Nicolas Robert, on mentionne souvent qu'il fut le premier à cultiver le néflier du Japon, mais Martin le décrivit dès octobre 1814 : "Cet arbre que j'avais depuis quelques années, semble avoir fleuri pour la première fois à contre temps, aussi est-il à craindre que son fruit ne noue pas. M. Béraud zélé botaniste mon ami m'a assuré l'avoir vu fleurir au jardin de Draguignan dans le mois de janvier." (n° 297). La plante sera considérée comme un arbre fruitier après le succès des premières plantations dans le jardin de Martin.
L’énumération des plantes et des espèces représentées sur ces aquarelles montrent la variété et la richesse des collections du jardin de Toulon, modèle du genre par la rareté et la beauté des spécimens présentés. Herbes et fleurs locales voisinent avec les agrumiers, les plantes alimentaires avec les fleurs ornementales (lys, narcisse, tulipe), les arbres (oliviers, cyprès) et les arbrisseaux (mimosa, vignes) avec un grand nombre de plantes exotiques (pistachier, ananas), cactus ou succulentes (plusieurs aloès, agave d'Amérique), etc. Liste sur demande.
Sous le dessin principal, sont représentés divers détails : pétales, feuilles, graines.
Voir ci-dessous pour plus de détails sur les dessins.
P.-Y. Lacour, La République naturaliste, collection d d’histoires naturelles et Révolution française, Paris, Publications scientifiques du Muséum, 2014 [en ligne : https://books.openedition.org/mnhn/5424?lang=fr ].
Fr. Martin — G.-N. Robert. Correspondance des jardiniers de la marine de Toulon, La Seyne-sur-Mer ; Paris, Muséum national d'histoire naturelle, 2008.
G.-N. Robert. Catalogue des plantes cultivées au Jardin botanique de la marine royale du port de Toulon, à l'usage des élèves de l'école de médecine. Avignon, Seguin aîné, 1821.
J. Vuillet, "Les Jardins royaux de Provence et le Jardin botanique et d'acclimatation de la Marine de Toulon", in Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1940, n° 230-231, p. 694-721 [en ligne : https://www.persee.fr/doc/jatba_0370-3681_1940_num_20_230_1591 ].
Le voyage des plantes. Le jardin botanique de la Marine : 1766-1890, sous la dir. de H. Bourilhon et J. Gomez-Estienne, La Seyne-sur-Mer, Musée Balaguier, 3 février-31 décembre 2008.
"les jardins botaniques des hôpitaux maritimes", site de l’Association amicale navale d’Outremer [en ligne : https://www.asnom.org/oh/fr/0850_jardins_botaniques.php?PHPSESSID=2b557c30eb94f87ebe954c5e90258d94 ].
Parmi ces 415 dessins, 4 ensembles peuvent être distingués :
[1] Environ 321 aquarelles réalisées sous la direction de François Martin, principalement signées "Garnier", entre 1794-1816.
À partir de 1807, elles sont presque tous signées Garnier tandis qu’entre 1794 et 1819, on trouve les signatures de Dubuisson, Lepelletier, Lemaire, Guerin, Mme Caron, Gueit, etc.
Souvent savantes, les annotations au verso précisent la date de réalisation du dessin ("dessiné sur nature en pot au jardin botanique de Toulon à la ½ novembre 1811", pour le n° 169), détaillent les différents éléments de la plante représentée et sa provenance. Ainsi, le citron doux (n° 349) a été envoyé de Gênes, le liquidambar (n° 350) vient du jardin du roi d’Hyères ("quand nous fûmes chargés de faire le déblaiement de ce jardin et nous le transportâmes") tandis que l’anémone ordinaire "croit naturellement dans nos champs" (n° 303). Les notes concernent aussi la culture (n° 105 : l’antholyse d'Ethiopie se conserve "en pot, en serre et aussi en pleine terre quand les hivers ne sont pas bien froids"), la floraison, les problèmes de croissance, la mortalité, etc.
Ce premier ensemble est homogène par son format et sa présentation : une légende en latin figure sous le dessin, tandis qu'au verso figurent des informations, sur deux colonnes : à gauche les explications botaniques et à droite, une numérotation (entre 1 et 364), la date de réalisation du dessin, le nom de l’artiste et le nom du directeur du Jardin, avec leurs signatures.
Les planches sont principalement numérotées en chiffres arabes, parfois en chiffres romains (probablement pour les premières réalisées). Les dessins sont pour la plupart réalisés à pleine page sur feuillets blancs (environ 550 x 375 mm), parfois sur des feuillets plus petits, puis contrecollés ou épinglés sur un feuillet bleuté, harmonisant ainsi le format de l'ensemble : dans ce cas, il arrive que la légende figure au verso du feuillet blanc et qu'elle soit également reportée au verso du feuillet bleuté.
Plusieurs planches sont parfois consacrées à une même plante : par exemple l’orange hermaphrodite (n° 89 qui bénéficie de 6 dessins), l’olivier Caïon, l’agave d’Amérique ou la jacinthe des bois. Pour le bolet, deux dessins différents sont épinglés à un seul feuillet de légende (n° 171).
Quelques planches sont d’un format plus grand (par exemple le n° 14, 464 x 737 mm, feuillet plié en deux), 11 ne sont pas numérotées, et on relève quelques erreurs dans la numérotation, plusieurs plantes portent le même numéro (ainsi les n° 12 et 204 correspondent chacun à deux plantes différentes).
- 8 plantes sont illustrées par une gravure aquarellée, contrecollée sur la feuille de légende, et non pas un dessin (n° 168b, 282-288, 358).
- Une feuille séchée accompagne l’opuntia (n° 302).
- 3 feuillets de légendes présentés seuls, sans illustration (n° 30, 288 et 289), et un béquet avec longue légende sur la Didynamie angiospermie.
[2] Environ 35 aquarelles, réalisées sous la direction de Gaspard-Nicolas Robert, la plupart signées Bassière, entre 1817-1819.
Réalisés sur des feuilles de format plus disparate que l’ensemble précédent (de 330 x 246 à 664 x 447 mm), ces dessins, de facture homogène, sont tous encadrés d’un élégant double filet gras et maigre. Exécutée sous la direction du second directeur, auteur du premier d'entre eux, en 1810.
Les commentaires sont ici plus succincts et figurent sous le dessin lui-même. Pour une Sedum corsicum, Robert annonce par exemple : "je considère cette espèce comme nouvelle et je lui donne le nom du pays ou elle a été trouvée par moi".
[3] Environ 37 aquarelles, réalisées sous la direction de Gaspard Nicolas Robert, non signées, 1818-1827.
Réalisés principalement dans les années 1818-1827, toujours sous la direction de Robert, portant souvent une légende en latin, ces dessins sont de formats très variés (de 292 x 206 mm à 560 x 450 mm) et ne portent, au verso, aucune explication ou signatures.
[On joint :]
4 dessins de même facture, non signés, non datés.
[4] Divers : 28 dessins, 9 gravures et 3 planches d’herbier :
- 9 gravures, par différents artistes (2 par James Sowerby), certaines probablement destinées à être collées sur un feuillet à la place d'un dessin ;
- 10 aquarelles signées E. Garnier, peut-être le même artiste qui travailla pour Martin entre 1807-1816 [1] ;
- Grand dessin représentant la fructification de l’encephalartus altenstein, réalisé en 1868 (584 x 864 mm, très endommagé).
- 4 planches aquarellées de champignons. Vers 1815. Non signées.
- 4 planches aquarellées de roses (3) et sumac luisant (1), d’un autre format que celles listées supra.
- 2 planches d’herbier pour le Mimosa lebeck (sur un bifeuillet, comportant à gauche légende et explication, à droite un spécimen de la gousse avec graines avec son dessin). Avec une planche d’herbier plus tardive.
Liste complète sur demande.
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