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Mortier à chanvre, Luluwa, République Démocratique du Congo
Description
- Luluwa
- Mortier à chanvre
- Wood
- haut. 21,5 cm
- 8 1/2 in
Provenance
Collection Jos (Jozef) Walscharts, Anvers (inv. n° 279)
Collection Alexis Bonew, Bruxelles, acquis en 1975
Exhibited
Literature
Olbrechts, Plastiek van Kongo, 1946, pl. 3, n° 18, gravure de Jean Van Noten
Bonew, "Tête gravide, vase capital, ventre à musique..: la clé dans un mortier", De l'art Nègre à l'art africain, 1er colloque européen sur les arts d'Afrique Noire, Paris, 1990, p. 122-126
Catalogue Note
En 1939, Maes attribuait au règne de Kalamba Mukenge, dans les années 1880, l'époque et le contexte dans lesquels furent créés les mortiers à chanvre "à stylisation humaine d'une facture profondément impressionnante", des collections du Musée de Tervuren ("Kambala Mukenge, Fondateur du 'Riamba' ou culte du chanvre", L'Illustration congolaise, 1939, n° 217, p. 7539-7542). Des "singulières sculptures" puisant dans le culte du chanvre Riamba alors érigé en "religion d'Etat", ce mortier constitue l'expression la plus saisissante (idem).
« A Frans M. Olbrechts revint le mérite de publier le stupéfiant mortier de l’ex-collection Henri Lavachery. Sous le n° 279, tabaksmortier met kariatide, cet ustensile de 21,5 cm figurait à l’exposition Kongo-kunst que l’illustre professeur à l’Université de Gand et futur Directeur du Musée de Tervuren mit sur pied en 1937-38. Dans Plastiek van Kongo, il [le confie] à la gravure plutôt qu’aux planches photographiques. Il y apporte, en outre, à l’index p. 138, deux observations. L’une – implicite dans la reproduction – parle d’un torse anthropomorphe. L’autre relève que la cariatide soulève sur ses épaules la moitié inférieure de son propre corps. Soit une figure impossible. […]. S’ajoute à ces deux observations le fait brut de perception que l’écrasante majorité des points de vue sur l’objet offre, en trois dimensions, le spectacle annoncé d’une catastrophe anatomique : loin de l’état d’équilibre, un insistant outrage à la conformité de la représentation. [Mais] si l’observateur se poste dans l’angle de vision idoine, l’arrière-train de la cariatide s’absorbe dans le poitrail à l’instant où les bras disparaissent derrière les jambes, celles-ci remplaçant ceux-là, les pieds devenus mains.. cariatide et charge s’évanouissent ; à leur place : un ustensile-humain, une cavité à besogner, Dame-mortier. [.. ] La figure humaine est tantôt complète, mais informe (le monstre), tantôt conforme, mais incomplète (le torse). A ce dilemme, Dame-mortier impose la réponse : la réalité est autre. Instabilité et transformisme parcouraient en effet la culture Luluwa, exacerbée encore par le chanvre catalyseur. Une telle radicalité qui instaure le réel dans l’imaginaire a peu d’équivalents ».
Extrait de : Alexis Bonew, « Tête gravide, vase capital, ventre à musique : la clé dans un mortier » in Lehuard, « De l’art nègre à l’art africain », 1er colloque européen sur les arts d’Afrique Noire, 1990, p. 122-126.
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