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SEGALEN. LA PAIX À L'OPIUM – AUTOUR DE L'OPIUM. ENS. 2 MANUSCRITS AUTOGRAPHES SIGNÉS [1906-1907], 4 P. IN-4

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  • Segalen, Victor
  • La Paix à l’Opium — Autour de l’Opium. Deux manuscrits autographes, chacun signé V. S., [1906-1907].
4 pages in-4 et une page in-4 (272 x 215 mm), écrites au recto à l’encre brune, sous chemise demi-maroquin noir moderne. Très rares et étonnants manuscrits d’un article et d’une note sur l’opium. Importants manuscrits, confirmant la récente découverte que Segalen est bien l’auteur de cet article signé de ses seules initiales. L’article parut au Mercure de France le 1er décembre 1906, suivi, dans celui du 15 avril 1907, d’une note sur le même sujet. Restés inconnus, ces deux textes ont été restitués à Segalen par Gilles Manceron dans sa biographie de l’écrivain (Segalen, Lattès, 1991, p. 230-232). Segalen, qui terminait alors Les Immémoriaux, réagit ici contre un article de Jean Ajalbert (Le Matin, 5 octobre 1906), en faveur d’un récent décret chinois proscrivant l’usage de l’opium. Son article, très ironique, et même démysthificateur, provoqua une polémique, qui se poursuivit dans la revue en 1907, et l’obligea à rédiger une note pour clore le débat. Segalen était, tout comme son ami Claude Farrère, un adepte convaincu de l’opium. Ces textes, très personnels, montrent également tout l’intérêt qu’il attachait déjà à la Chine, où il ne se rendra qu’en 1909. Le début, très sarcastique, donne le ton de l’article : L’opium, entre autres vertus, a cette dernière, & singulière : de laisser intacte la raison de ceux qui le fument ; de faire divaguer, en revanche, tous ceux-là qui parlent de lui. Ce serait donc une première invite à se taire à son endroit. Segalen va cependant réfuter successivement diverses assertions douteuses. D’abord, la Chine et l’opium : cet édit chinois n’est en réalité destiné qu’à gagner du temps : ce délai de dix années suffisant pour leurrer dès maintenant et décevoir dans le futur l’évidente pression de la “vertu” occidentale. […] Dans dix ans ! Là-bas, le recul vers l’avenir est tout avantage pour le présent. Quant au “subtil opium” : cette magie ne pèse et n’opère que sur l’épilogueur : l’opium l’hallucine, littéralement, et puis le déchaîne. Cependant que le fumeur, l’esprit libre, dispos, aiguisé un peu, lit sans sourciller ni sourire la chronique où il est parqué parmi le “bétail proscrit”. Lequel des deux est vraiment l’halluciné ? Puis Segalen se moque de l’administration métropolitaine des tabacs qui spécule sur “les hideux abus” — style d’anti-opiomane-du nicotinisme ; qui bénéficie sur les probables accidents cardiaques, l’affaiblissement de la mémoire, les stomatites, les ulcères et les cancers possibles ! Et il termine de manière fort amusante, en préconisant l’opium diplomatique : Il serait le grand pacificateur […] donnez aux dits représentants des pipes, des lampes, des aiguilles, des nattes et de l’opium. Puis, laissez-les fumer à loisir. — Vous serez étonnés de l’ingéniosité courtoise des débats […] Et l’on aurait ainsi obtenu, du même coup, la paix à l’opium, et la paix par l’opium. Dans sa note Autour de l’Opium, il s’amuse de voir vérifiée son assertion précédente, que l’opium faisait divaguer (au sens propre) ceux qui en parlent, et notamment Ajalbert dans ses répliques. En plus, l’opium transforme en graves vérités historiques de simples informations qu’on pouvait tenir comme provisoires. Il conseille donc de relire les fortes déclarations de M. Carl Siger, qui rassérèneraient le plus inquiet des fumeurs, — à supposer qu’un fumeur ait besoin d’autre recours que l’opium lui-même. Comme l’indiquent des indications typographiques d’une autre main, ces deux manuscrits ont servi à l’impression dans le Mercure de France. D’une grande rareté. La presque totalité des manuscrits de Segalen se trouvent à la BnF, légués par sa fille Annie Joly-Segalen.