拍品 106
  • 106

DALI. L.A.S. EN CATALAN, PROBABLEMENT À JAUME MIRAVITLLES, [CALIFORNIE], 1946. INÉDITE, AVEC DESSIN LÉGENDÉ . 3 P.

估價
4,000 - 7,000 EUR
Log in to view results
招標截止

描述

  • 薩爾瓦多·達利
  • Lettre autographe signée, illustrée, probablement à Jaume Miravitlles, dit "Met". [Californie, Pebble Beach], 1946.
3 p. in-8 (177 x 133 mm) sur un bifeuillet à l’en-tête du Del Monte Lodge-Pebble Beach California. Sur l'avenir de la Catalogne. Lettre inédite en catalan ornée d’un dessin légendé et d’une grande signature. De Californie, Dalí évoque à l'intention d’un compagnon de jeunesse des souvenirs et des amis communs. Il se remémore d'abord un après-midi théâtral chez Xarau au cours duquel son "intuition irrationnelle" lui a permis de voir le véritable visage de la tragédie en regardant jouer leur ami Joan (Xirau i Palau), ce qui lui donne l’occasion d’un jeu de mots sur les noms "Xarau / Xauxa / Pagau", etc. en évoquant le Front et la "paix" populaires. Il ironise sur le fait que Joan Rebull (1899-1981) soit considéré comme le meilleur sculpteur du monde depuis qu’il a exposé à Barcelone. Sur la situation politique au lendemain de la guerre. Mêlant catalan et français approximatif, Dalí promet un "avenir politique ébluissant" [sic] à celui qui se mettrait à écrire, en cette période où Franco semble s’en sortir : "Sembla que Franco esta desencallant ; i seria el moment de que algun gran home (escriu !) home del nostra pais, en Met, per exemple, es posses de cara a la feina -- Il i a devan celui qui osere ajurdui, bien si posible un avenir politique ebluisant -- mai il faut tout de suite rompre avec ceux qui de “fet”, seront juges dans un cart d’heure comme des antipatriotes". Il suggère qu’on traduise en anglais "El Profeta de Port Lligat" qui trouverait facilement un éditeur (cet article de Joan Sales consacré à Dalí et à la lumière catalane avait paru le 17 décembre 1945 dans la revue des intellectuels catalans en exil Quaderns de l'exili). Suit le dessin d’une curieuse carte géographique reliant Perpignan et son Castellet aux côtes africaines, en passant par Figueras ("Per Figueras si a de paser per força"). Y sont indiqués les mers bordant l’Espagne, avec une allusion à l’écrivain catalan Maragall, l’une "morveuse" et l’autre "des ruines" ; on distingue la silhouette d’un pêcheur à la ligne, et, en Afrique, celle d’un Maure filiforme, surmonté du croissant de l’Islam. Suivent quatre lignes relativement optimistes quant à l’avenir de leur pays. Au verso du dernier feuillet, une autre main a inscrit une somme en millions convertie selon plusieurs pays. Durant les années passées aux États-Unis, Salvador et Gala Dalí séjournaient parfois à l’hôtel Del Monte Lodge, à tel point que ce luxueux établissement californien fut parfois surnommé le "Port Lligat américain". La période de l’après-guerre fut également celle au cours de laquelle s’amplifièrent les provocations et l’ambiguïté de Dalí vis-à-vis du pouvoir politique et notamment du régime franquiste. Jaume Miravitlles (Figueras, 1906-Barcelone, 1988), indépendantiste catalan de gauche, exilé en France en 1939 puis à New York, seconda Dalí dans la publication de son Dalí News (voir lot 109). Portraituré par le peintre à plusieurs reprises, il figure dans la distribution d’Un Chien andalou et de L’Âge d’or. Il fit partie, notamment avec Xirau i Palau et Fages de Climent (voir lot 104), de la revue estudiantine Studium où Dali aiguisa ses premières armes de critique en 1919. Provenance : José Santiago Irarrázaval Donoso (1926-2008), peintre et écrivain chilien, que Dalí fréquenta à Paris, en Espagne puis aux États-Unis, notamment en Californie. Nous remercions M. Francesc Josep de Rueda Roige, M. Josep Massot et Mme Magali Stoll de l’aide qu’ils ont apporté à la compréhension de cette lettre. Nous remercions M. Nicolas Descharnes d'avoir confirmé oralement l'authenticité de ce dessin. ---- Transcription du passage de la la seconde page :"Sembla que Franco esta desencallant ; i seria el moment de que algun gran home (escriu !) home del nostra pais, en Met, per exemple, es posses de cara a la feina -- Il i a devan celui qui osere ajurdui, bien si posible un avenir politique ebluisant -- mai il faut tout de suite rompre avec ceux qui de “fet”, seront juges dans un cart d’heure comme des antipatriotes. Per que no trodaiexis a un ratu perdut. El Profeta de Port-Lligat a l'ingles ; ens el publicarian deseguida. M'agradaria escriure mes roblles als seus autors pero e perdut, revista i direccio ; dones mela. Recorts i un abras a la Peña i el nostra afecta per la teva dona. La Gala os saluda i jo t’envio un abras als teus. Dalí. 1946 Molt obtimista per l’avenir del nostra pais, si no es per el senys que sera lo principal de tot el bo que ja s’haura de fer els 20 anys que viurem." ---------------------- Traduction de ce passage :"Il semble que Franco soit en train de s’en sortir. Ce serait le moment que quelque grand homme (écris !), un homme de notre pays qui serait là par exemple, se mettre au travail – Il y a devant celui qui oserait [le faire], bien si possible, un avenir politique éblouissant – mais il faut tout de suite rompre avec ceux qui “en fait” seront jugés dans le quart d’heure comme des antipatriotes. Pour ne traduirais-tu pas, à tes moments perdus, Le Prophète de Port-Lligat, en anglais. Ce serait immédiatement publié. J’aimerais bien écrire davantage aux auteurs, mais j’ai perdu les coordonnées de la revue. Donne-les-moi. Salutations et une embrassade à Peña et toute notre affection pour ton épouse. Gala vous salue et je te charge d’une accolade pour tous. Dalí. Très optimiste pour l’avenir de notre pays. Mais l’essentiel c’est ce qui ce sera fait dans les 20 ans à venir."