拍品 66
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MASQUE, BAULÉ / YAURÉ, CÔTE D'IVOIRE |

估價
1,000,000 - 1,500,000 EUR
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招標截止

描述

  • haut. 35 cm ; 13 3/4 in

來源

Collection Helena Rubinstein (1870-1965), New York / Paris / Londres (selon Merton D. Simpson)
Merton D. Simpson (1928-2013), New York
Collection Marceau Rivière, Paris, acquis ca. 1984

展覽

Paris, Musée Dapper, Chefs-d'œuvre inédits de l'Afrique noire, octobre 1987 - mai 1988
Paris, Ecole Supérieure Internationale d'Art et de Gestion,  Art Africain, 23 avril - 3 mai 1991
La Flèche, Château de Carmes, Arts premiers de Côte d'Ivoire, 11 janvier - 3 mars 1997 / Nogent-le-Rotrou, Musée municipal du Château Saint-Jean, 8 mars - 28 avril 1997
New Haven, Yale University Art Gallery, Baule: African Art, Western Eye, 30 août 1997 - 4 janvier 1998 / Chicago, The Art Institute of Chicago, 14 février - 10 mai 1998 / New York, Museum for African Art, 11 septembre 1998 - 3 janvier 1999 / Washington, Smithsonian, 7 février 1999 - 9 mai 1999
Paris, Galerie Ratton-Hourdé, Baoulé. Collection de Marceau Rivière, 14 juin - 27 juillet 2002
Le Mans, Carré Plantagenêt, musée d'archéologie et d'histoire, Masques d'Afrique, 12 mai - 29 août 2010

出版

Berjonneau, Sonnery et allii, Chefs-d'œuvre inédits de l'Afrique noire, 1987, p. 132, n° 81
Robbins et Nooter, African Art in American Collections, 1989, p. 180, n° 357
Rivière et Lehuard, Art africain, 1991, n° 20
Boyer, Girard et Rivière, Arts premiers de Côte d'Ivoire, 1997, p. 89 et 131, n° 83
Vogel, Baule: African Art, Western Eyes / L'Art baoulé, du visible et de l'invisible, 1997, p. 141
Ratton, Hourdé et Vogel, Baoulé. Collection de Marceau Rivière, 2002, p. 48-49
Arts d’Afrique noire, Eté 2002, n° 122, p. 36-37
Boyer, Baule, 2008, p. 97 et 149, n° 14
Joubert et Rivière, Masques d'Afrique, 2010, p. 31 et 90, n° 24
Neyt, Trésors de Côte d’Ivoire, 2014, p. 182, n° 122

拍品資料及來源

Ndoma, "masque portrait" des Baulé / Yauré
Par Bertrand Goy
Le précieux masque décrit dans ces lignes a figuré dans de nombreuses et prestigieuses publications dès la fin du XXe siècle. Il y était présenté comme provenant du petit groupe Yauré dans la mesure où il respectait point pour point les critères de Bohumil Holas, inévitable arbitre des attributions en Côte d’Ivoire : « Le motif trilobé gravé au front, le méandre qui ceint leur visage oblong… le minuscule appendice en forme de losange, de rectangle ou de cylindre, placé en bas du menton. »

Autre trait distinctif, les sculpteurs Yauré rehaussaient leurs masques gyè d’éléments de cuivre - triangles ornant les joues et clous de tapissier –  métal de substitution utilisé pour symboliser la richesse des filons aurifères de leurs montagnes. Tous ces marqueurs identitaires sont désormais contestés au point que deux autres exemplaires aussi emblématiques que celui qui nous occupe, les masques « à l’oiseau picoreur » du musée du quai Branly et de la fondation Barnes, anciens fleurons de la collection de Paul Guillaume, ont pu être considérés comme baulé.

Les Yauré, qui vivent dans quelques villages situés entre le Bandama et son affluent la Marahoué, sont parfois assimilés aux Gouro dont ils partagent les racines linguistiques, ou, le plus souvent, noyés dans la masse des 4 millions de Baulé, seulement éloignés d’une « étape » à pied par les chemins de brousse. C’est pourtant sans doute par le truchement de ce petit groupe que les Baulé développèrent une tradition des masques, à l’origine inspirée des Gouro.
La question de l’identité de notre masque, encore Yauré en 1997 dans le riche ouvrage Arts premiers de Côte d’Ivoire, était tranchée la même année quand Susan Vogel illustra la couverture de son livre  African Art, Western Eyes d’ un masque Baulé d’une irréfutable parenté avec celui qui nous occupe aujourd’hui.
On pouvait dès lors attribuer avec certitude, une fois n’est pas coutume, une œuvre à un maître, celui du village de Kami, un des bastions historiques de la branche Akoué des Baulé, situé au nord de Yamoussoukro, capitale du pays et berceau du président Houphouet Boigny. Madame Vogel y avait rencontré une vieille dame, Moya Yanso, qui avait servi de modèle pour un masque portrait mblo façonné en 1913 par un sculpteur du nom de Owie Kimoh. Cet accessoire dansait encore en 1972 lors des cérémonies festives du Gbagba. À quelques différences près, ce masque de l’avis même de l’auteure était la première des répliques connues de celui de la collection Marceau Rivière conçu au cours du XIXe siècle si l’on se réfère à son état d’usage. Outre l’effet visible du temps, la nervosité du trait, la précision des détails, la fermeté des contours distinguent l’original de ses remplaçants successifs. L’artiste a également marqué sa différence en doublant la ribambelle de triangles ceignant le galbe du visage, motif repris en écho dans l’aplat des tresses de la coiffure alors que la même figure géométrique orne les joues, et le riche décor sommital sous la forme de pleins et de vides.

Si ces ornements et les petits cylindres coudés couronnant le crâne se retrouvent de façon récurrente sur d’autres produits de la culture baulé, en revanche le traitement de l’espace entre la base du nez et la lèvre supérieure, mettant en valeur l’arc de Cupidon, semble la marque de fabrique de la lignée de sculpteurs de Kami.

Ces derniers et leurs commanditaires, les habitants de ce petit village Baulé, très sensibles aux «belles choses », ont eu à cœur de perpétuer cette image fondatrice, idéal de grâce féminine, qu’il nous est donné d’admirer aujourd’hui.   

Ndoma, Baule / Yaure "portrait mask"
By Bertrand Goy


This precious mask has appeared in many prestigious publications since the late 20th century. The famous scholar Holas places the origin within a small Yaure group : "The trilobe pattern carved into the forehead, the meander crowning their oblong face... the minuscule diamond-shaped, rectangle or cylindrical appendix placed beneath the chin."

One of the most unique features : Yaure sculptors enhanced their gyè masks with copper elements - triangles adorning the cheeks and upholstery tacks - a substitute metal used to symbolize the richness of the gold veins of their mountains. All these identity markers are now disputed ; two related masks - the "pecking bird" masks of the Quai Branly museum and of the Barnes foundation, both jewels of the former Paul Guillaume collection – are now considered Baule.

The Yaure, who live in a few villages located between the Bandama and its tributary the Marahoue, are sometimes assimilated with the Guro, whose linguistic roots they share, or, most often, lumped in with the 4 million Baule, who live only one "stop" away on foot through the bush paths. Through this small group it’s likely that the Baule developed a tradition of masks, originally inspired by the Guro.

The question surrounding the identity of our mask, still deemed to be Yaure in the rich reference work Arts premiers de Côte d’Ivoire, was definitively identified  the same year when Susan Vogel put a Baule mask on the cover of her book African Art, Western Eyes, which visibly resembled the one at hand here. 

It is therefore possible to attribute with certainty, for once, this mask to the hand of a master, that of the village of Kami, one of the historical bastions of the Baule Akou branch, located north of Yamoussoukro, the capital of the country and home town to President Houphouet Boigny. Mrs Vogel had met an old lady there by the name of Moya Yanso, who served as a model for a mblo portrait mask created in 1913 by a sculptor called Owie Kimoh. This accessory still danced in 1972 during the festive Gbagba ceremonies. With a few variations, this mask was the first of the known substitutes to that of the Marceau Rivière collection, created during the nineteenth century. In addition to the visible effects of time, the vibrancy of the outline, the precision of the details, the firmness of the contours mark out the original from its successive replacements. The artist also showed his unique style by doubling the string of triangles hemming in the curve of the face, a pattern echoed in the flat braids of the coiffure, while the same geometric figure adorns the cheeks and the rich crowning decor in a combination of solid spaces and voids.

Although the latter and the small angled cylinders atop the skull are a recurrent occurrence on other productions in Baule culture, the treatment of the space between the base of the nose and the upper lip, highlighting the face’s Cupid’s bow, seems a trademark of the Kami sculptors’ lineage, definitively identifying the hand of a master carver.