拍品 54
  • 54

MASQUE, DAN, CÔTE D'IVOIRE |

估價
700,000 - 1,000,000 EUR
招標截止

描述

  • haut. 22 cm ; 8 5/8 in

來源

Collection Roger Bédiat (1897- 1958), Abidjan
Collection Henri et Hélène Kamer, Cannes/Paris/New York, acquis auprès de ce dernier en 1958
Henri Kamer, Paris
Collection Marceau Rivière, acquis ca. 1974

展覽

Thouars, Bibliothèque municipale de Thouars, Exposition d’Art Africain, 13 - 16 avril 1979
Nîmes, Chapelle des Jésuites, Masques d'Afrique, mai 1986
Paris, Ecole Supérieure Internationale d'Art et de Gestion, Art Africain, 23 avril - 3 mai 1991
La Flèche, Château de Carmes, Arts premiers de Côte d'Ivoire, 11 janvier - 3 mars 1997 / Nogent-le-Rotrou, Musée municipal du Château Saint-Jean, 8 mars - 28 avril 1997
Turin, Galleria d'Arte Moderna, Africa. Capolavori da un continente, 2 octobre 2003 - 15 février 2004
Monaco, Grimaldi Forum Monaco, Arts of Africa. 7000 ans d'art africain, 16 juillet - 4 septembre 2005
Le Mans, Carré Plantagenêt, musée d'archéologie et d'histoire, Masques d'Afrique, 12 mai - 29 août 2010
Milan, Museo delle Culture, Africa. La Terra degli Spiriti, 27 mars - 30 août 2015

出版

Meauzé, L'Art Nègre, 1967, p. 161, n° 3
Rivière, Exposition d’Art Africain, 1979, n° 15
Valbert, "L’avenir des danses traditionnelles", Arts d'Afrique Noire, Printemps 1979, n° 29, p. 10
Rivière, Masques d'Afrique, 1986, p. 52-53
Rivière et Lehuard, Art africain, 1991, n° 7
Arts d'Afrique Noire, Hiver 1992, n° 84, p. 16 ; Printemps 1993, n° 85, p. 22 ; Eté 1993, n° 86, p. 27 ; Hiver 1993, n° 88, p. 44 ; Printemps 1994, n° 89, p. 46
Boyer, Girard et Rivière, Arts premiers de Côte d'Ivoire, 1997, p. 42-43 et 127, n° 24
Arts d'Afrique Noire, Printemps 1997, n° 101, p. 17 ; Automne 1997, n° 103, p. 8 ; Hiver 1997, n° 104, p. 12
Bassani, Africa. Capolavori da un continente, 2003, p. 196 et 356, n° 3.25
Bassani, Arts of Africa. 7000 ans d'art africain, 2005, p. 327 et 329, n° 34c
Joubert et Rivière, Masques d'Afrique, 2010, p. 21 et 89, n° 12
Neyt, Trésors de Côte d'Ivoire, 2014, p. 43, n° 17
Bassani, Homberger, Pezzoli et Zevi, Africa. La Terra degli Spiriti, 2015, p. 283

拍品資料及來源

Dehanglé, « Masque de danse » des Dan Par Marguerite de Sabran

« Le motif ou le sujet est constant et exclusif, et représente invariablement le visage humain. N'est-ce point remarquable que cette unique source inspiratrice, au lieu de tarir, […] de dépérir dans une abstraction sans vie, se révèle être une fontaine de jouvence éternelle ? » (Vandenhoute, Classification stylistique du masque Dan et Guéré de la Côte d'Ivoire occidentale, 1948, p. 3). Depuis les années 1920, la richesse du vaste corpus des masques Dan n’a cessé de fasciner. Pour autant, parmi les innombrables visages qui en composent la mosaïque, rares sont ceux dont la grâce, au-delà de la seule beauté, convoque – comme ici - cette part d’éternité qui les élève au rang de chef-d’œuvre. 

En 1938-39, Pieter Jan Vandenhoute entreprend, sur les pas de son professeur Frans Olbrechts et dans le cadre de « l’expédition à la Côte d’Ivoire » co-organisée par l’Université de Gand, une étude de terrain dans la région du Haut-Cavally, en pays Dan. L’objet de ses recherches est unique – le masque – et son champ, immense : l’institution du masque est omniprésente chez les Dan, occupant chaque sphère de la vie sociale et cultuelle. Dans sa Classification stylistique du masque Dan et Guéré de la Côte d'Ivoire occidentale publiée dix ans plus tard, il oppose d’emblée deux courants régionaux majeurs : le style méridional des Guéré Ouobé, à tendance expressionniste, et celui septentrional observé dans le Cercle de Man, naturaliste et distingué comme « le véritable noyau, c’est-à-dire le style nucléaire Dan, constituant réellement l'art ‘classique’ » (idem, p. 11).

Le masque de la Collection Marceau Rivière incarne l’apogée de ce style « classique » conjuguant, dans une clarté remarquable, veine naturaliste et signes d’une beauté idéalisée. Alors que l’ampleur du front, l’avancée des lèvres entrouvertes sur deux griffes symbolisant les dents taillées en pointe, les nervures du philtrum et le menton effilé défient le naturel, le visage exalte une remarquable harmonie. A propos d’un masque apparenté, en 1919 Clouzot et Level qualifiaient de « lunaires » ces visages aux formes pures et parfaitement équilibrées, s’animant dans la tension des courbes, dans l’extrême sensibilité des modelés et les reflets de la patine sombre, laquée (« L’art Nègre », Gazette des Beaux-Arts, vol. 15, n° 61). Ezio Bassani, quant à lui, louait la « beauté émouvante » du masque Rivière, traduisant « une spiritualité que l'on pourrait qualifier de monacale » (Bassani, Arts of Africa. 7000 ans d'art africain, p. 329). 

 

L’essentiel du corpus des masques Dan relevant du style « classique » est caractérisé par de larges yeux ronds et ajourés. Vendenhoute y estime à seulement quatorze pour cent la proportion des visages qui se singularisent - comme ici - par des yeux plissés, et les identifie à des « masques féminins ». Lorsque ce – rare - caractère est accentué par cette coiffure à deux tresses traditionnellement portée par les femmes Manding, le masque féminin tient alors une fonction de divertissement (Verger-Fèvre in Barbier, Arts de la Côte d’Ivoire, vol. II, p. 62). Sculpté d’après un modèle vivant, il célèbre tant la beauté féminine que le talent de son auteur. Artiste par vocation, le sculpteur Dan établit sa renommée sur la reconnaissance, par la communauté, de la valeur esthétique de ses œuvres. Quand le masque a la beauté pour sujet, alors se révèle sans filtre le degré de son génie créatif. Dans cette émouvante épure l’artiste a livré son chef-d’œuvre - dont la portée est universelle.

Le nom de Roger Bédiat est lié à l’histoire de plusieurs autres trésors de Côte d’Ivoire, aujourd’hui conservés au musée des Civilisations de Côte d’Ivoire et de par le monde. Né en Martinique en 1897, il s’installe comme planteur, à la fin des années 1920, dans un village Attié situé au nord d’Abidjan. Au développement de ses activités suit celui de son goût pour les arts et les cultures des régions qu’il parcourt (Goy et de Fabry, Côte d’Ivoire. Premiers regards sur la sculpture, 1850-1935, 2012, p. 214). S’il collabore avec Charles Ratton dans la période de l’entre-deux-guerres, c’est à Hélène et Henri Kamer qu’il écrira en janvier 1958, quelques mois avant sa mort, pour leur vendre une majeure partie de sa collection (Hélène Leloup, communication personnelle). De cet exceptionnel ensemble entré dans leur collection, Henri Kamer cèdera, au cours des années 1970, notamment le masque-double et le couple de statues Baulé, comptant respectivement parmi les joyaux des collections Barbier-Mueller et du Metropolitan Museum of Art.

Dehanglé, Dan « Dance mask » 

By Marguerite de Sabran

"The motif or subject is constant and exclusive, and invariably represents the human face. Is it not remarkable that this sole source of inspiration, rather than dry up, [...] withering away into a lifeless abstraction, reveals itself as a fountain of eternal youth?" (Vandenhoute, Classification stylistique du masque Dan et Guéré de la Côte d'Ivoire occidentale, 1948, p. 3). Ever since the 1920s, the abundance of Dan masks within a vast corpus has been a source of continued fascination. However, amongst the innumerable faces that make up its mosaic, there are few with a grace that transcends mere beauty, bestowing upon them a sense of timelessness and elevating them to the rank of masterpiece. This mask is one of those masterpieces.

In 1938-39, Pieter Jan Vandenhoute undertook a field study in the Upper Cavally region, in Dan country, following in the footsteps of his teacher Frans Olbrechts and as part of the "Expedition to Côte d'Ivoire" organised with the University of Ghent. The object of his research was singular, focused on the mask, yet his field was immense: the institution of the mask is omnipresent amongst the Dan, occupying each and every sphere of social and cultural life. In his Classification stylistique du masque Dan et Guéré de la Côte d'Ivoire occidentale (Stylistic classification of the Dan and Guere mask in western Côte d'Ivoire), published ten years after the field study, Vandenhoute juxtaposed two major regional currents: the southern style of the Guere Ouobe, which has an expressionist tendency, with the northern style observed in the Circle of Man, more naturalistic and distinguished as “the true core, that is the nuclear Dan style, that can really be thought of as ‘classical’ art” (ibid, p.11).

The Marceau Rivière Collection mask embodies the epitome of this "classical" style combining, with remarkable clarity, a naturalist vein with signs of idealised beauty. Although the scale of the forehead, the protruding parted lips revealing two claws symbolising teeth carved to a point, the ridges of the philtrum and the tapered chin defy the natural order, the face nevertheless displays a remarkable harmony. Writing about a related mask, in 1919 Clouzot and Level described these faces as "lunar", with their pure and perfectly balanced forms, coming to life in the tension of the curves, in the extreme sensitivity of the outlines and in the reflections of the dark lacquered patina (« L’art Nègre », Gazette des Beaux-Arts, vol. 15, No. 61). Ezio Bassani praised the "stirring beauty" of the Rivière mask that conveys "a spirituality that could best be described as monastic" (Bassani, Arts of Africa. 7000 ans d'art africain, p. 329). 

 

Most Dan masks made in the "classical" style display large, round, openwork eyes. Vandenhoute evaluates that only fourteen per cent of the masks, including the present work, are distinguished by their narrowed eyes, and he identifies them as "female masks". When this rare feature is emphasised by the double-braided coiffure traditionally worn by Manding women, the female mask realises an entertainment function (Verger-Fèvre in Barbier, Arts de la Côte d’Ivoire, vol. II, p. 62). Based on a living model, the mask is a celebration both of feminine beauty and of the talent of its author.

As artists by vocation, Dan sculptors established their reputation through the aesthetic value of their work as recognised by the community.

When the mask’s subject was beauty, the degree of their creative genius could be revealed without restriction. In this stirring, quintessential work, the artist has delivered his masterpiece, the scope of which is universal.

The name Roger Bédiat is associated with the history of several other treasures from Côte d'Ivoire, today preserved in the Musée des Civilisations de Côte d'Ivoire and in other collections worldwide. Born in Martinique in 1897, he settled as a farmer in the late 1920s in an Attie village north of Abidjan. After developing his business, his taste for the arts and cultures of the regions he travelled through began to assert itself. (Goy and de Fabry, Côte d’Ivoire. Premiers regards sur la sculpture, 1850-1935, 2012, p. 214). Although he collaborated with Charles Ratton between the two world wars, he wrote to Hélène and Henri Kamer in January 1958, a few months before his death, to sell them a major part of his collection (Hélène Leloup, personal communication). In the 1970s, Henri Kamer donated the double mask and pair of Baule figures from this exceptional group to the Barbier-Mueller and the Metropolitan Museum of Art collections.