

Acheté par le grand-père des propriétaires actuels, probablement au précédent.
La figure féminine devient prédominante dans l'œuvre de Zandomeneghi à partir de 1894, année charnière dans sa carrière : l'artiste signe en effet un contrat avec le célèbre marchand d'art français, Paul Durand-Ruel, qui l’incite à produire davantage d'œuvres représentant des jeunes femmes, afin de satisfaire le goût de la bourgeoisie nouvellement enrichie. Durand-Ruel allait organiser trois expositions consacrées à Zandomeneghi en 1893, 1897 et 1903 et s’occuper de vendre une bonne partie de son œuvre, dont Lucie.
Si les sujets et les compositions de Zandomeneghi le rattachent à l’Impressionnisme, son œuvre possède un style bien spécifique et l’influence italienne est présente. La palette riche et la technique évoquent le Divisionnisme italien contemporain, tandis que le désir de capter l’instant qui passe et l’expression fugace d’un visage, rappelle les Macchiaioli et, surtout, l’art de Silvestro Lega, autre peintre de la femme qui sut porter sur la réalité de leur vie un regard lucide et poétique.
Le visage de Lucie, au nez spirituel et au lourd chignon d’un brun clair et chaud, se détache sur un fond coloré qui contraste avec la teinte blanche du corsage. Cette toile, que Piceni date des années 1894-1905, est caractéristique de l’art de Zandomeneghi à la fin du XIXe siècle. Contrairement à ses compatriotes vivant à Paris, tels Giuseppe de Nittis et Giovanni Boldini, qui aiment peindre d’élégantes Parisiennes en promenade ou dans des intérieurs luxueux, Zandomeneghi préfère les atmosphères plus intimes et peint les femmes occupées à leurs activités quotidiennes ou bien plongées dans la rêverie ou la méditation. De fines touches de peinture ont été soigneusement juxtaposées pour créer le portrait exquis de cette jeune fille qui respire le parfum d’une fleur tandis que les nuances de couleur mettent en évidence sa jeunesse et sa vivacité.