

PROVENANT D'UNE COLLECTION PARTICULIÈRE ANGLAISE
En 1946, Alberto Giacometti réalise une série de portraits de personnalités des arts et des lettres. Simone de Beauvoir, Marie-Laure de Noailles ou encore Georges Bataille figurent parmi ses modèles.
Giacometti saisit ici Louis Aragon dans une attitude familière, installé dans son salon. Au-delà du témoignage de l’amitié qui unissait les deux hommes, cette œuvre est une illustration magistrale de l'art du dessin chez Giacometti. Le dessin, pour ce dernier, est le moyen le plus immédiat de capter la vérité de l'être qui lui fait face. "Ce qu'il faut dire, ce que je crois, c'est que, qu'il s'agisse de sculpture ou de peinture, il n'y a que le dessin qui compte. Il faut s'accrocher uniquement, exclusivement au dessin." (Alberto Giacometti, Entretien avec Georges Charbonnier, Ecrits, Paris, 1951). Ainsi que le décrit si justement Florian Rodari ("Giacometti l'ajusteur", catalogue de l'exposition Alberto Giacometti. Le dessin à l'œuvre, Paris, Centre Pompidou, 2001), l'artiste se concentre principalement sur le rendu du regard de son modèle qui émerge d'un lacis de traits vibrants et hachurés. Nerveux, le trait se transforme en un vaste réseau dans lequel est pris le motif. La silhouette du poète et écrivain, d'une présence remarquable, semble ici modelée par de multiples lignes acérées concentrant toute l'intensité du dessin sur le visage du modèle. Dans cette composition, Giacometti rend un hommage émouvant à la relation passionnelle qui unit Louis Aragon à Elsa Triolet, femme de lettres et muse du poète ici représentée dans un cadre posé au-dessus de la cheminée.