

Quatre ans après son arrivée à Paris, Judit Reigl rencontre André Breton. Subjugué par ce qu'il voit de son oeuvre si spatiale et animée, le théoricien du surréalisme, figure de proue de la vie artistique parisienne de l'époque, lui propose sur le champ de l'exposer à l'Etoile Scellée, la fameuse galerie dont il assure la programmation. Dans la préface de Le Surréalisme et la Peinture, il y célèbre « la beauté des figures », ou encore « le rythme pur » des œuvres de Reigl à laquelle il porte une admiration infinie.
Exécutée en 1958 et issue de la série Centre de dominance, cette toile évoque à la fois l’instantanéité, la rapidité et la spontanéité de l’apport pictural de Reigl. La partie centrale du tableau, travaillée en mouvement circulaire, structure l’espace et procure aux spectateurs un incroyable sentiment d’infini. Dans sa technique, l'artiste joue avec les textures et les formes avec le même brio, alternant traitement brut et tout en finesse. Avec seulement quelques touches, Reigl fait naître une passion violente sur un fond de douceur, signant une œuvre d’une énergie rare malgré l'évidente économie de moyens employée. Témoignage de l’engagement de l'artiste dans un travail qu'elle exerce avec ardeur et puissance, l’artiste déclare en 1990 à Jean-Paul Ameline : « Je peins et dessine avec tout le corps, avec chaque centimètre carré, jusqu’au bout des ongles. »