

Il est intéressant de remarquer que le socle en marqueterie fait l’objet d’une description particulière, la mention du nom de l’horloger Gilbert dissipant définitivement le moindre doute sur l’identification. Il est cependant impossible de préciser à quelle date le bureau et le cartonnier furent séparés de la pendule, mais il semble acquis qu’ils n’apparaissent déjà plus dans l’inventaire Vogüé de 1877. Il faut à cet égard se rappeler que les collections rassemblées rue Fabert du temps du marquis de Vogüé comptaient également un autre ensemble bureau, cartonnier, pendule, provenant de Machault d’Arnouville et photographié in situ avant la destruction de l’hôtel (voir V. Pruchnicki, Arnouville, le château des Machault au XVIIIe siècle, Paris, 2013, p. 39), la pendule du modèle du Temps couché d’André-Charles Boulle. Machault possédait également un autre ensemble comparable, la pendule du modèle aux Parques, toujours intact au moment de la vente de mademoiselle de Choiseul, descendante de Machault, le 21 mai 1896 à Paris, lot n°3.
Originaire du Berry, la famille d’Etienne Perrinet de Jars (1670-1762) s’illustrait dans le commerce du vin. Fortune faite en tant que fermier général, il acheta en 1746 son hôtel de la rue du Faubourg Saint-Honoré, remanié au XIXe siècle, aujourd’hui le Cercle Interallié. L’hôtel avait été bâti par l’architecte Pierre Grandhomme en 1714 pour le président Chevalier, transformé par Jean-Michel Chevotet (1698-1772) pour Perrinet de Jars et finalement de nouveau restauré pour le baron Henri de Rothschild au milieu du XIXe siècle.
L’ameublement de l’hôtel à l’époque d’Etienne Perrinet de Jars comprenait notamment de nombreux objets montés, des tapisseries des Gobelins, une belle commode en marqueterie de cuivre et écaille et deux bas d’armoire ornés des figures d’Apollon, Daphné et Marsyas.
On répertorie un certain nombre de pendules de ce modèle : l’une de Lepaute est conservée à l’hôtel de Soubise à Paris et provient des princes de Condé (fig. 3 ; reproduite dans J.P. Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille, Genève, 1979, p.229 et dans J.D. Augarde, Les Ouvriers du Temps, Paris, Genève, 1996, p. 197, n°158) ; une autre d’Etienne Le Noir, a été vendue à Paris étude Kohn le 17 décembre 2012, lot 31. Une troisième a été vendue par Christie's à Monte-Carlo le 1er juillet 1995, lot 98 et une dernière aussi chez Christie’s Monte-Carlo le 13 décembre 1998, lot 400.
Dans l’inventaire après décès d’André-Charles Boulle dressé en 1732 apparaît sous le n° 90 : « Les modèles de la pandulle avec les figures de Michel-Ange pezant soixante-huit livres, prisés à raison de cent sols la livre ». Par ailleurs, deux dessins de Boulle, l’un conservé initialement au musée d’Art industriel de Berlin (fig. 2, aujourd’hui détruit) et l’autre à l’Ermitage de Saint Pétersbourg (fig. 4), montrent des pendules construites sur le même modèle et placées au sommet d’un meuble.
Au XVIIIe siècle plusieurs pendules similaires sont répertoriées, l’une livrée pour Machault d’Arnouville, une autre au prince de Condé, une troisième pour le duc de La Vrillère ; on en retrouve également un exemplaire chez le président de Nicolaÿ, ainsi que chez Jean de Julienne, le comte de Lauraguais et Randon de Boisset.