Statue de jumeaux, Dogon, Bombou Toro, Mali | Dogon Bombou Toro Twin Figure, Mali

Christine Schoffel et Réginald Groux, Paris

Collection Jean-Paul Chazal, Paris, acquis en 1981

Arts d’Afrique Noire, Vol. 37, printemps 1981, p. 35 (publicité Christine Schoffel & Reginald Groux)

African Arts, Vol. XIV, no. 3, mai 1981, p. 6 (publicité Christine Schoffel & Reginald Groux)

Leurquin et Dulon, Objetos-Signos de Africa, 2000, p. 40, n° 2

Leloup, Dogon, 2011, p. 273, n° 45

Saragosse, Centro de Exposiciones y Congresos, Objetos-Signos de Africa, 11 avril-24 juin 2000

Paris, Musée du quai Branly-Jacques Chirac, Dogon, 4 avril-24 juillet 2011

Deux figures aux attributs physiques symétriques, les genoux légèrement fléchis, les mains réunies dans une position hiératique, et une ancienne patine épaisse encore suintante : autant de caractéristiques qui font de cette œuvre un archétype de l’art des falaises du plateau de Bandiagara. Ici en particulier un style de sculpture des plus singuliers s’impose : le style Bombou Toro. Ce style s’observe sur des sculptures retrouvées dans le centre de la falaise sud qui partagent toutes des similarités : tête aux lignes géométriques souvent agrémentée d’une petite barbe, des épaules droites et développées d’où partent des bras en angle droit, et des excroissances sur le nombril et les genoux. Très reconnaissable, ce style reflète un courant artistique auquel appartiennent plusieurs chefs-d’œuvre de l’art dogon telle que la statue de la Menil Collection ou celle de l’ancienne Collection Jacob Esptein.[1]

En plus de pouvoir la relier à ce style, cette statue présente une iconographie importante dans la cosmogonie dogon : deux figures hermaphrodites présentant des attributs masculins comme la barbe et féminins comme la poitrine. L’interprétation privilégiée de ce type de sculpture est celle de la représentation de jumeaux – mythe étudié dès les premières missions chez les Dogons : « L'union idéale, mythiquement parlant, est celle d'un couple de jumeaux dont le prototype surgit de l'œuf du monde »[2]. La symbolique des jumeaux chez les Dogons est si forte qu’elle a par ailleurs fait l’objet d’une étude approfondie par Anne Mayor dans l’ouvrage Des jumeaux et des autres publié en 1995.

Enfin, il est important de souligner la taille relativement importante de cette œuvre qui écarte l’hypothèse du fragment. Il s'agit bien d'une sculpture monoxyle complète. Bien que son style permette de la rapprocher des représentations figurant sous le siège de certaines grandes statues Bombou-Toro connues[3], cette sculpture est probablement une figure indépendante d’autel ou de sépulture. Son importante patine et son style encore très géométrique permettent de la classer dans le corpus restreint des sculpture très anciennes antérieures à l’introduction d’éléments plus naturalistes annonçant l’affaiblissement du style.

[1] Leloup, Statuaire Dogon, n° 75 et 77

[2] Griaule, Les Dogons, 1954, p. 36

[3] Leloup, Statuaire Dogon, n° 79