Maternité, Dogon, Mali | Dogon Maternity, Mali

Collection Tristan Tzara (1896-1963), Paris

Collection Sandro Volta (1900-1986), Milan

Collection Christophe Tzara (1927-2018), Paris

Loudmer et Poulain, Paris, Arts Primitifs. Collection Tristan Tzara et divers amateurs, 24 novembre 1988, lot 197

Collection Jean-Paul Chazal, Paris, acquis lors de cette vente

Tristan Tzara fut l’un des fondateurs du mouvement Dada pendant l’entre-deux guerres. Il émigre à Paris dès 1919 et se lie rapidement avec les Surréalistes tels qu’André Breton et Louis Aragon. Dans ce contexte, il est immédiatement confronté aux arts d’Afrique et d’Océanie qui exercent une influence notoire sur la scène artistique de ce début de XXe siècle. Tristan Tzara constitue alors une collection qu’il expose dans son bureau et qu’il prête à l’occasion d’expositions comme celle organisée au Palais Miramar à Cannes en 1957.

D’un œil exigeant, il sélectionne les meilleurs objets dans leur catégorie, alors même que les connaissances sur ces arts sont encore limitées. L’art Dogon est très présent dans sa collection et fait de Tristan Tzara l’un des collectionneurs les plus précoces, avant la vogue des années 60, à la suite des découvertes de Marcel Evrard et Pierre Langlois. Cette maternité est l’un de ces objets exceptionnels, d’une grande ancienneté, et d’une iconographie rare.

Plusieurs éléments de cette sculpture permettent de l’attribuer à un style rare : le style Tintam, dont les sculptures ont été retrouvées principalement à l’Est du plateau Dogon.[1] Un style naturaliste, doux aux volumes tout en courbes, l’absence de vêtements, une importante poitrine, des avant-bras et des cuisses suivant une même diagonale, autant d’éléments qui caractérisent le style Tintam.

Enfin, l’iconographie de maternité est un thème privilégié dans l’art Dogon, symbolisant la fertilité, l’attachement des hommes à leur partie féminine, ou célébrant les ancêtres. Le sculpteur livre ici une interprétation plus rare mais plus dynamique avec l’enfant dans le dos – iconographie que l’on retrouve dans quelques chef-œuvres de l’art Dogon tel que le couple Wunderman au Metropolitan Museum (1977.394.15) ou la maternité provenant aussi de la Collection Wunderman, faisant la couverture de Statuaire Dogon, 1994.

[1] Leloup, Statuaire Dogon, 1994, pp. 175-176