Un autre regard : Collection Edric van Vredenburgh, Part I

Un autre regard : Collection Edric van Vredenburgh, Part I

View full screen - View 1 of Lot 6. Tsonga staff, attributed to the Master of the Baboon, Zimbabwe | Sceptre attribué au Master of the Baboon, Tsonga, Afrique du Sud.

Tsonga staff, attributed to the Master of the Baboon, Zimbabwe | Sceptre attribué au Master of the Baboon, Tsonga, Afrique du Sud

Auction Closed

April 13, 03:37 PM GMT

Estimate

12,000 - 18,000 EUR

Lot Details

Description

Tsonga staff, attributed to the Master of the Baboon, Zimbabwe


Haut. Height. 96 cm ; 37 4/5 in

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Sceptre attribué au Maître Babouin, Tsonga, Afrique du Sud

Finch & Co March, London, 2010

Edric van Vredenburgh Collection, acquired from the above in 2012

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Finch & Co March, Londres

Collection Edric van Vredenburgh, acquis au précédent en 2012

Ce magnifique sceptre en bois est l’œuvre du « Baboon Master », un sculpteur Tsonga de la fin du XIXe siècle, qui aurait établi son atelier aux alentours de Pietermaritzburg ou Durban dans la région de KwaZulu/Natal, une province côtière d’Afrique du Sud. Dans une contribution au catalogue Art and Ambiguity, Sandra Klopper a attribué au sculpteur un ensemble de sceptres surmontés de babouins et de figures humaines.[1] Artiste itinérant et prolifique, il semble avoir produit un corpus important de pièces en bois d’une qualité remarquable avec l’aide de ses élèves-apprentis. En effet, les variations stylistiques observables parmi le grand nombre de sceptres aujourd’hui conservés dans des collections publiques ou privées, laissent à penser que cette production a été réalisée à plusieurs mains. Si le style varie, les motifs représentés, eux, se limitent à quelques possibilités : on retrouve des figures simples, humaines ou simiesques, ou, comme c’est le cas ici, une paire de bustes masculins surmontés d’un babouin en majesté. Par le passé, de telles œuvres étaient indifféremment attribuées aux peuples « Tsonga » ou « Zoulou ». La chercheuse Sandra Klopper préfère qualifier leur style « d’hybride », présentant des caractéristiques propres à l’art des deux peuples, résultant des habitudes migratoires et du style de vie parfois nomade de ces derniers.[2]

 

Si l’on ignore tout de la vocation rituelle de l’objet, il s’impose néanmoins - par l’élégance de sa forme et la qualité de son ornementation - comme une œuvre d’art à part entière. Les figures masculines se distinguent des autres exemplaires du corpus, grâce à la finesse inégalée de leurs traits. L’artiste a en effet pris soin de définir toutes les parties de l’oreille, du lobe jusqu’à l’hélix. De même, le nez naturaliste est percé de deux trous dessinant des narines, et les pupilles sont délicatement cernées par les paupières sculptées en relief. La couleur sombre des yeux, de la coiffe et de la barbe tranche avec le reste de l’objet, conférant ainsi toute son expressivité au regard, renforcée par le dessin subtil des sourcils. Le remarquable état de conservation du sceptre sublimé par une patine exceptionnelle, ainsi que l’extrême attention portée aux détails des figures, indiquent que son possesseur était d’un rang social élevé, peut-être un chef ou un devin.

 

Bien qu’il nous soit aujourd’hui impossible de reconstruire le contexte exact dans lequel ces objets étaient produits, nous savons qu’ils ont toujours attiré les collectionneurs : selon Sandra Klopper, on trouve des amateurs de sceptres de ce type dès la fin du XIXe siècle.[3] Certains furent exposés en Europe dès 1907, et assignés à la catégorie des « Arts Natifs ». Un exemplaire appartenant à la collection de Terence Pethica, collectionneur éminent, a fait l’objet d’une publication en 2007. D’autres sont conservés au Ackland Art Museum, Chapel Hill, et au Cleveland Museum of Art, Cleveland.


[1] Johannesburg Art Gallery, Art and Ambiguity: Perspectives on the Brenthurst Collection of Southern African Art : p. 78.

[2] Ibid.

[3] Ibid