Un autre regard : Collection Edric van Vredenburgh, Part I
Un autre regard : Collection Edric van Vredenburgh, Part I
Auction Closed
April 13, 03:37 PM GMT
Estimate
20,000 - 30,000 EUR
Lot Details
Description
Luba Neckrest, Attributed to The Master of The New Orleans Maternity, Republic Democratic Of The Congo
Haut. Height 16 cm ; 6¼ in
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Appuie-nuque, attribué au Maitre de la maternité de la Nouvelle-Orléans, Luba, République démocratique du Congo
Yanick van Ruysevelt, Brussels
Edric van Vredenburgh Collection, acquired from the above
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Yanick van Ruysevelt, Bruxelles
Collection Edric van Vredenburgh, acquis au précédent
Claessesn B., Notes on a Luba headrest from the Master of the New Orleans maternity, mars 2015, inédit.
La fonction première des appuie-nuques est de préserver les coiffes élaborées des femmes durant leur sommeil. Les Luba sont à ce titre connu pour la richesse des coiffures et leur importance dans la définition du rang, de la fonction ou même du statut marital occupé dans la société. Les appuie-nuques durant la nuit en plus de protéger une coiffure, permettait de garder la tête surélevée au frais, à l’abris des insectes et reliait la tête au sol tel un stéthoscope alertant le dormeur en cas de bruit ou de mouvements inhabituels. Symboliquement, en tant que « support des rêves »[1], les appuie-nuques relient le vivant au monde des esprits nocturnes. Cet objet occupe ainsi un rôle majeur dans les rituels de divination et est ainsi souvent utilisé comme support au katatora. Il est enfin un insigne de pouvoir et brandi tels les sceptres lors des événements importants rythmant la vie de la cour et de la société. Les plus beaux et précieusement sculptés étaient ainsi réservés à l’élite dirigeante.
Le style de cet appuie-nuque Luba attribué au Maître de la Maternité de la Nouvelle-Orléans et se situe à la croisée entre les aires stylistique Hemba et du style Shankadi. Bruno Claessens dans une étude inédite qu’il consacre à cet appuie-nuque a ainsi justement souligné que « les rondeurs du visage peuvent être envisagées sous influence Hemba, tandis que les petits yeux en forme de grains de café s’apparentent en particulier au style Shankadi ».[2] Il a par ailleurs rapproché le style de cet appuie-nuque d’un atelier situé dans la région de Mwanza et Kisula. Un atelier identifié auparavant par François Neyts qui s’appuie entre-autre sur un siège caryatide figurant une maternité conservé dans les collections du New Orléans Museum of Art (inv. 77.140). François Neyts a mis en évidence que les siège et appuie-nuques de ce style réalisés dans la région étaient une production contemporaine du règne du roi Ilunga Sungu (décédé ca. 1810).[3]
A partir de l’exemple emblématique du siège caryatide figurant une maternité du Musée d’Art de la Nouvelle-Orléans, Bruno Claessens a établi un corpus d’œuvres qui peuvent être attribuées à un même sculpteur anonyme en se basant sur une trame de caractéristiques stylistique communes à ces œuvres. Ainsi dénommé le Maître de la Maternité de la Nouvelle-Orléans ou Master of the New Orleans Maternity, est un artiste actif dans la région entre Mwanza et Kisula dans les premières décennies du XXème siècle.[4]
L’appuie-nuque Luba de la Collection d’Edric van Vredenburgh attribué au Maître de la Maternité de la Nouvelle-Orléans figure tout comme le siège de la Nouvelle-Orléans, une figure féminine accroupie, les jambes en arrières posées sur la base circulaire. Elle présente des scarifications très travaillées sur le ventre et deux cicatrices parallèles horizontales sur les deux côtés du bas de l’abdomen, de petits seins pointus, le bras droit est levé et tient fermement le bord de l’assise, la tête se tient légèrement en avant sur un cou massif. Les traits du visage enfin sont caractéristiques, d’un visage rond émergent en triangle le petit nez et la bouche lippue légèrement boudeuse, et des yeux ovales dont les paupières sont nettement marquées. Le visage ne présente en revanche aucune scarifications ce qui est typique. La coiffure se termine en un chignon polygonal et les cheveux sont rasés sur les côtés.
Bruno Claessens a pu également attribuer au Maître de la Maternité de la Nouvelle-Orléans entre autres un appui-nuque caryatide figurant une maternité conservé dans les collections de l’University of the Witwatersrand Art Galleries – Museum of Ethnology (Inv. WME BPC07B.1.), un siège de la Collection Marc Léo Félix, Bruxelles ou encore une statuette des collection du Musée de Tervuren, (Iv. EO.1955.94.3).[5]
L’appuie-nuque Luba de la Collection d’Edric van Vredenburgh attribué au Maître de la Maternité de la Nouvelle-Orléans prend ici une place de premier rang dans le corpus de ce sculpteur. Il s’inscrit dans une tradition stylistique bien connue des ateliers de la région de Mwanza et en fournit un exemple remarquable dans la précision de la sculpture et la beauté de sa patine. Il occupe dans la collection de Monsieur van Vredenburgh une place de premier ordre et reflète la précision et la justesse du choix du collectionneur.
[1] Expression empruntée à Falgayrettes Ch., Supports de rêves, Fondation Dapper, 1989.
[2] Claessesn B., Notes on a Luba headrest from the Master of the New Orleans maternity, mars 2015, inédit : p. 11.
[3] Neyts F., Luba. To the source of the Zaïre, Paris, Musée Dapper, 1993 : p. 80.
[4] Claessesn B., Ibid. : p. 18.
[5] Claessesn B., Ibid. : pp. 20-23.