Splendeurs : Chefs-d’oeuvre des Arts d’Afrique
Splendeurs : Chefs-d’oeuvre des Arts d’Afrique
Auction Closed
June 8, 01:00 PM GMT
Estimate
150,000 - 250,000 EUR
Lot Details
Description
Coupe anthropomorphe, Kuba, République démocratique du Congo
haut. 21,5 cm ; 8 2/5 in
Kuba Anthropomorphic Cup, Democratic Republic of the Congo
Charles Ratton (1895-1986), Paris
Collection Pierre Matisse (1900-1986), New York
Collection Frank Crowninshield (1872-1947), New York
Julius Carlebach, New York
Collection Albert Gallatin (1880-1965), New York
Collection Oliver et Pamela Cobb, Seattle, reçu en héritage du précédent
Sotheby's, Paris, Arts d'Afrique et d'Océanie, 12 juin 2012, n° 17
Christie's, Paris, Splendors : Chefs-d'oeuvre d'Afrique, d'Amérique du nord et d'Océanie, 30 octobre 2019, n° 26
Collection privée
Basler A., L'Art Chez les Peuples Primitifs, 1929 : pl. 46a.
Matisse P., African Sculpture from the Ratton Collection, March 1935 : probably n° 31.
Vanity Fair, June 1935 : p. 38.
Spinden H., African Negro Art from the collection of Frank Crwoninshield, 1937 : n° 43.
Robbins W. and Nooter N., African Art in American Collections, 1989 : p. 431, n° 1110.
Par David Binkley
De nombreuses espèces de palmiers sont cultivées en Afrique dans le but d'en extraire une boisson fermentée, communément appelée vin de palme et très appréciée comme rafraîchissement. Dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, le palmier à raphia est le plus apprécié. On entaille un palmier à raphia arrivé à maturité deux fois par jour : tôt le matin et à nouveau en fin d'après-midi. Le liquide est recueilli dans un récipient et acheminé vers le village à l'aide de grandes gourdes ou de récipients en plastique pour être partagé ou mis en vente à la tasse. Ce liquide, sucré mais aussi acidulé, commence à fermenter immédiatement après l'extraction et peut être mélangé à d'autres ingrédients à base de plantes comme de l'écorce par exemple. Un groupe d'individus assoiffés rassemblés autour d'un tireur de vin de palme avec un récipient fraîchement rempli ne sirote pas tranquillement la tasse ou le verre qui leur est offert, ils étanchent leur soif en deux ou trois gorgées rapides. Lorsque l'on a sa propre coupe, on peut prendre son temps pour le savourer. En outre, certains individus de haut rang, notamment les membres des clans aristocratiques (mbangaat) et les chefs à plumes d'aigle (kum apoong) chez les Kuba, devaient disposer de leurs propres récipients car ils ne buvaient ni ne mangeaient en présence d'autres personnes.
A partir du milieu du XXe siècle, des tasses et des gobelets en calebasse ou en plastique commencèrent à être utilisés pour consommer le vin de palme. Mais au XIXe siècle, ces récipients étaient faits de bois, décorés et créés expressément à cet effet. Ils étaient le fruit d'un système politique et économique très stratifié et compétitif. En effet, la renaissance des arts décoratifs kuba, y compris dans la production textile, le travail du métal et la sculpture sur bois, a commencé dès le début du XVIIIe siècle et semble avoir été favorisée par une prospérité accrue et le développement des titres de propriété dans la capitale kuba de Nsheng et dans les chefferies kuba voisines.
Chez les Kuba, qui ont fait l'objet d'études plus approfondies que les autres peuples de la région, la concurrence était féroce, chacun s’efforçant d’obtenir de l’avancement au sein du système et des titres de haut rang. Chacun de ces titres comportait diverses formes d'insignes, témoignages du rang et du succès de l’individu en question. Il s'agissait notamment de plumes d'oiseaux spécifiques qui étaient arborées sur divers chapeaux et coiffures, d'ornements et de bijoux chargés de perles et de cauris, ainsi que de toute une gamme de tissus décorés avec raffinement et d'autres formes de parure personnelle. Des artisans créatifs fabriquaient également des objets décoratifs en bois, en argile, en métal et dans divers autres matériaux. Parmi ceux-ci figuraient des boîtes à couvercle de formes diverses, des pipes à tabac, des appuie-tête et des appuie-dos, des tabourets, des récipients en argile, des paniers, des nattes, des couteaux courts et longs, ainsi qu’une large gamme d'instruments de musique que s'empressaient d'acquérir les individus désireux de faire valoir leur rang et d'afficher leur prospérité économique.[1] Les artisans de la région rivalisaient pour vendre leurs produits à une clientèle de plus en plus nombreuse.
Dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, des contenants décorés pour les boissons étaient fabriqués par les Yaka, les Suku, les Pende, les Wongo, les Lélé et les différents peuples désignés collectivement sous le nom de Kuba. Les œuvres les plus novatrices sont celles produites dans les régions wongo, lélé et kuba. Les récipients étaient sculptés dans le bois et présentaient une grande variété de formes caractéristiques - gobelets, verres à bec et coupes, avec ou sans anse. La surface de ces récipients était souvent rythmée par des motifs géométriques complexes empruntés aux dessins abstraits que l'on retrouve également sur les textiles en raphia des femmes. Certains prennent aussi des formes zoomorphes, comme le corps d'un charançon ou la tête et les cornes d'un céphalophe. Ces éléments sont devenus des incontournables des motifs abstraits gravés sur la surface de certains des récipients ainsi décorés.
Au cours du XIXe et du début du XXe siècle, les sculpteurs wongo, lélé et kuba ont également créé des coupes anthropomorphes masculines et féminines ayant l'apparence de grandes têtes humaines, de têtes avec des jambes et des pieds raccourcis, ou même de têtes reposant sur un seul grand pied. Ces réceptacles pleins d'imagination témoignent de l'inventivité des sculpteurs, mais aussi du désir des personnes qui les achetaient et qui recherchaient des objets originaux, visuellement attrayants et uniques tant pour leur usage personnel que pour pouvoir les exhiber.
Plus rarement fabriqués dans la région à cette époque, certains récipients figuratifs prenaient la forme de corps humains entiers. On distingue un petit nombre de coupes attribuées à un maître sculpteur en particulier dont le style est inimitable. L'ethnographe hongrois Emil Torday, qui collectait des pièces pour le British Museum, a acquis trois coupes Wongo de cet artiste inconnu lors de son expédition au Congo entre 1907 et 1909. L'explorateur et ethnographe allemand Leo Frobenius, qui avait précédé Torday de quelques années, avait également acquis au moins une coupe réalisée par cet artiste. Les coupes anthropomorphes collectées par Torday, Frobenius et d'autres au début du XXe siècle sont devenues célèbres lorsqu'elles ont été exposées au British Museum, au Musée africain de Tervuren et à l'Ethnologische Museum de Berlin. D'autres exemples de ce style apparaissent dans les collections du Dallas Museum of Art, du Buffalo Science Museum et du musée d'archéologie et d'anthropologie de l'université de Pennsylvanie.
Les pièces conservées dans ces musées sont toutes apparentées formellement : personnages féminins plantureux avec une tête hypertrophiée et une silhouette corpulente. Le visage est doté de sourcils arqués, d'yeux en « grains de café », d'un nez triangulaire, de lèvres pincées et de grandes scarifications en cercles concentriques sur chaque tempe, juste en avant de l'oreille. En revanche, les bras sont de taille réduite, écartés, les mains reposant sur les cuisses. Le personnage, avec son abdomen renflé, s'appuie sur des jambes et des pieds très raccourcis. Deux de ces - rares - réceptacles conservent un cordon attaché à leurs pieds, ce qui suggère qu’ils n'avaient pas vocation à être utilisés seuls. En outre, ce cordon servait de poignée pour transporter la coupe d'un endroit à un autre lorsqu'elle n'était pas en usage.
L'une des caractéristiques les plus frappantes de ces coupes figuratives est la grande diversité des motifs de scarification qu’elles présentent. Les scarifications corporelles étaient très répandues chez les femmes et, dans certaines régions, chez les hommes. Cette pratique a été décrite chez les Kuba, les Kete et d'autres peuples voisins, dont les Ndengese, les Lulua, les Tetela et les Luba, tant dans des journaux de voyage et des ouvrages ethnographiques, que grâce à des photographies et des croquis détaillés. Cependant, sous l'effet d'influences extérieures, cette mode s'est tarie pendant la période coloniale. Dans la région de Kuba, seules les femmes assez âgées arboraient encore ces types de marques décoratives sur le corps vers la fin du XXe siècle.
À l'instar des rares coupes figuratives collectées par Torday, Frobenius et d'autres, le sculpteur de cette superbe coupe, qui faisait autrefois partie de la collection de Frank Crowninshield, a choisi de représenter la forme féminine de manière plus naturaliste.[2] La tête et le torse larges reposent solidement sur des cuisses, des mollets et des pieds trapus. Les épaules et les omoplates sont clairement définies. Les bras, placés le long du corps, présentent une musculature subtilement travaillée, les biceps, les avant-bras et les poignets très marqués, et des mains relativement larges qui reposent pensivement sur un abdomen renflé. Si les deux styles correspondent à des coupes figuratives dont les volumes intérieurs sont suffisamment grands pour contenir une dose de vin de palme, le sculpteur inconnu a choisi de représenter le personnage sous les traits d'une femme enceinte. Le modelé de la poitrine généreuse accentue encore davantage la perception de sa grossesse. Certains réceptacles étaient créés comme un jeu de mots visuel frappant ou pour évoquer un adage ou un proverbe populaire commun au sculpteur et au propriétaire de la coupe. Celle-ci en est peut-être un exemple, bien que sa signification précise nous échappe aujourd'hui.
La pièce présente une surface riche et brillante ainsi qu'une patine sous-jacente qui laisse supposer des applications répétées de pâte de bois de cambre rouge et d'huile de palme sur une longue période. Le rebord court surmonte un décor gravé quadrillé qui représente des cheveux. La racine des cheveux caractéristique forme une ligne droite sur le front et s'achève en angle droit abrupt au niveau de chaque tempe - une particularité que l'on retrouve dans la sculpture figurative chez les Kuba et certains peuples voisins. Un angle supplémentaire encadre et met en valeur les oreilles magnifiquement ciselées. Deux lignes de motifs en relief placés juste devant chaque oreille représentent des scarifications couramment pratiquées sur les tempes des hommes et des femmes, car elles étaient censées aider à soulager les maux de tête récurrents qui accompagnent les crises de malaria. Les yeux « en grain de café » relativement larges figurent sous l’arche élégante des sourcils. Les sourcils crénelés viennent savamment faire écho au décor de cheveux gravés et aux scarifications rectangulaires qui ponctuent le cou, la partie supérieure du torse et le dos du personnage. La bouche du personnage est entrouverte sur une rangée de dents où manque une incisive supérieure. Cela correspond à une pratique courante pour les hommes et les femmes de la région, l'incisive en question étant arrachée à la puberté.[3]
L'expression du visage sur cette coupe est radicalement différente des autres coupes figuratives provenant de la région et diverge considérablement des rares coupes collectées par Torday, Frobenius et d'autres. La bouche ouverte, plutôt que représentée avec des lèvres pincées, les pommettes hautes et la mâchoire forte et anguleuse lui confèrent une expression aussi déterminée que distante : caractéristiques particulièrement pertinentes pour une femme devant assumer ses responsabilités au sein du foyer tout en étant enceinte. Les mains placées solidement sur l'abdomen semblent également évoquer cette situation.
La partie inférieure de l'abdomen est recouverte d'un seul motif décoratif récurrent. Cette répétition, ainsi qu'un certain nombre d'autres scarifications, ont été consignée dans l'un des carnets ethnographiques de Leo Frobenius lors de son expédition en 1905-06. Il en a pris note dans une communauté Lélé près du confluent des rivières Kasai et Lulua.[4] Le même motif a également été relevé par Emil Torday dans un village Ngongo situé à plus de cent kilomètres au nord-est.[5] Cela laisse penser qu'il était utilisé par les femmes de la région pour décorer leur corps et qu'il était également bien connu de l'artiste qui a créé cette coupe. Cette répétition du motif ainsi que d'autres caractéristiques stylistiques de ce magnifique récipient figuratif suggèrent qu'il a très probablement été créé par un artiste Lélé novateur, qui se trouvait vraisemblablement à l'ouest des terres Kuba. Les artistes migrant souvent vers des centres qui leur permettaient de développer leur production artisanale, celui qui a sculpté cette coupe a probablement résidé chez les Kuba ou dans une région avoisinante où ses créations innovantes ont été accueillies favorablement. Il s’agit là d'une œuvre singulière créée par un maître sculpteur inconnu. Le fait de la présenter ici aujourd'hui pourrait susciter un regain d'intérêt et d'autres œuvres de cet artiste sont susceptibles d'être reconnues.
Références bibliographiques :
Binkley, David A. et Patricia Darish.
2009 Kuba. Visions of Africa series, 5Continents Editions, Milan.
Frobenius, Leo
1987 Ethnographische Notizen aus den Jahren 1905 und 1906. II: Kuba, Leele, Nord-Kete. Comp. et ed. Hildegard Klein (Stuttegart: Franz Steiner Verlag Wiesbaden GMBH).
Torday, Emil
1925 On the Trail of the Bushongo. London: Seeley, Service and Co., Ltd.
Torday, Emil et T.A. Joyce.
1910 Notes ethnographiques sur les peuples commenement appelés Bakuba, ainsi que sur les, peuplades apparentées. Les Bushongo. Annales du Musee Royal de l'Afriques Centrale, sciences humaines, série in-4 , série IV, II, Tervuren.
[1] Binkley et Darish (2009, 160)
[2]Crowninshield a été rédacteur en chef du magazine Vanity Fair de 1914 à 1936 et fut l'un des administrateurs fondateurs du Museum of Modern Art en 1929. Il a exposé sa vaste collection de sculptures africaines au Brooklyn Museum en 1937.
[3] Torday (1925, 100)
[4] Frobenius (1987, 166)
[5] Torday et Joyce (1910, 160, fig. 203)
By David Binkley
Several species of palm trees are cultivated in Africa for the purpose of extracting a fermented liquid commonly known as palm wine that is widely enjoyed as a refreshment. In the southwestern region of the Democratic Republic of the Congo the raffia palm is preferred. A mature raffia palm is tapped twice a day: early in the morning and again in the late afternoon. The liquid is collected in a container and transported to the community in large gourd or plastic containers to share or be sold by the cupful. The sweet, but tart, liquid begins to ferment immediately after extraction and may be steeped with other herbal ingredients such as tree bark. A group of thirsty individuals gathered around a palm wine tapper with a fresh container of palm wine do not leisurely sip from the cup or glass offered to them but rather quench their thirst in two or three quick gulps. With one’s own cup the palm wine can be relished a bit longer. In addition, certain ranked individuals, including members of aristocratic clans (mbangaat) and eagle feather chiefs (kum apoong) among the Kuba required their own personal vessels as they did not drink or eat in the presence of others.
By the mid-twentieth century, gourd or plastic cups and drinking glasses were used to consume palm wine. But during the nineteenth century decorated wooden cups or beakers were created expressly for this purpose. These drinking vessels were the product of a highly stratified and competitive political and economic system. Indeed, the renaissance in Kuba decorative arts including textile production, metalworking, and wood carving--commenced at least by the beginning of the eighteenth century and appears to have been fostered by increased prosperity and the elaboration of titleholding at the Kuba capital of Nsheng and in the neighboring Kuba chiefdoms.
Among the Kuba, which have been more thoroughly studied than other peoples in the region, competition was fierce as individuals strove to advance within the system and gain a high-ranking title. Each title had various forms of regalia that displayed an individual’s rank and success. These included specific bird feathers that were worn in a variety of hats and headdresses, beaded and cowrie laden ornamentation and jewelry, and a range of elaborately decorated textiles and other personal adornments. Creative artisans also produced ornamented objects in wood, clay, metal, and other media. These included lidded boxes in various shapes, tobacco pipes, head and backrests, stools, pottery containers, baskets, mats, short and long knives, and a range of musical instruments that were eagerly acquired by individuals who wished to demonstrate their rank and display their economic prosperity.[1] Creative artisans across the region competed to sell their wares to an expanding clientele.
In southwestern Democratic Republic of the Congo decorated drinking containers were produced by the Yaka, Suku, Pende, Wongo, Leele, and the various peoples collectively designated as Kuba. Among the most innovative creations were those produced in the Wongo, Leele, and Kuba regions. The vessels were carved from wood in a wide variety of distinctive shapes including goblets, beakers, and cups both with and without handles. The surface of these vessels were often enlivened with complex geometric patterns borrowed from abstract designs found on women’s raffia textiles. Some examples also included certain zoomorphic forms such as the body of a weevil or the head and horns of a duiker. These details became integral elements of the abstract designs carved on the surface of some decorated vessels.
During the nineteenth and early twentieth century Wongo, Leele, and Kuba sculptors also created both male and female anthropomorphic drinking vessels in the form of large human heads, heads with abbreviated legs and feet, or even heads resting on a single large foot. These imaginative vessels speak to the creative inventiveness of the carvers and also to the desire of those individuals who purchased them and demanded original objects that were visually eye-catching and unique for their own personal use and display.
Less frequently produced in the region during this period were figurative vessels carved to represent entire human bodies. There are a small number of cups attributed to one master carver whose style is unmistakable. The Hungarian ethnographer Emil Torday, who collected for the British Museum, obtained three Wongo vessels by this unknown artist during his Congo expedition between 1907–9. The German explorer and ethnographer Leo Frobenius who preceded Torday by several years also collected at least one vessel by this artist. The anthropomorphic cups collected by Torday, Frobenius and others in the early twentieth century gained recognition as they were exhibited in the British Museum, Africa Museum Tervuren, and the Ethnologische Museum Berlin. Other examples in this style are found in the collections of the Dallas Museum of Art, Buffalo Science Museum, and the University of Pennsylvania Museum of Archeology and Anthropology.
These museum examples share a similar form: a rotund female figure with enlarged head and corpulent body. The face displays arched eyebrows, coffee bean-shaped eyes, triangular shaped nose, pursed lips, and large scarification markings composed of concentric circles placed on each temple just in front of the ear. In contrast, the arms are attenuated, akimbo, with hands resting on the thighs. The figure with its swollen belly rests upon very short abbreviated legs and feet. Two of these rare vessels retain a cord secured to the vessel’s feet suggesting the sculpture could not stand independently. The cord further served as a handle to carry the vessel from place to place when not in use.
Among the most striking features of these figurative vessels is the variety of scarification patterns depicted on the surface. Bodily scarification was widely practiced by women and in some regions by men. The practice was documented among the Kuba, Kete, and other neighboring peoples including the Ndengese, Lulua, Tetela and Luba in travel journals, ethnographic literature and in photographs and detailed drawings. However, through external influences the fashion came to an end during the colonial period. In the Kuba region only quite elderly women displayed these forms of body decoration toward the end of the twentieth century.
Similar to the rare figurative vessels collected by Torday, Frobenius and others, the carver of this superb cup that was once in the Frank Crowninshield collection chose to create a more naturalistic representation of the female form.[2] The large head and torso rest firmly on stocky thighs, calves, and feet. The figure’s shoulders and shoulder blades are clearly defined. The arms, resting at the sides of the body, display subtly rendered musculature with pronounced biceps, forearms, and wrists with relatively large hands that rest perceptively on a swollen abdomen. While both styles represent figurative vessels with interior volumes that are ample enough to hold a serving of palm wine, this unknown carver chose to represent the figure as an expectant woman. The rendering of full breasts further reinforces the interpretation of the figure as pregnant. Some drinking vessels were created as a striking visual pun or to evoke a popular adage or proverb shared by both the carver and the cup’s owner. This example may be one of those although its precise meaning escapes us today.
The figure displays a rich glossy surface with an underlying patination which suggests the application of red camwood paste and palm oil over an extended period of time. The abbreviated lip of the vessel rests upon cross-hatched incised decoration that represents hair. The distinctive hairline runs in a straight line over the forehead and ends in abrupt right angles at each temple--a feature that is found on figurative sculpture among the Kuba and some neighboring peoples. An additional angle frames and gives added emphasis to the beautifully rendered ears. Two rows of raised marks just in front of each ear represent scarification patterns commonly applied to the temples of both men and women as it was thought to help alleviate the recurring headaches that accompany attacks of malaria. The figure’s relatively large coffee bean-shaped eyes appear below elegantly arched eyebrows. The serrated eyebrows skillfully repeat the incised decoration of the hair and box-like scarification patterning that appears on the figure’s neck, upper torso, and back. The figure’s mouth is slightly open which reveals the teeth and the absence of an upper incisor. This corresponds to a common practice for both men and women in the region as the upper incisor was removed at the age of puberty.[3]
The facial expression on this cup is dramatically different from the other figurative cups from the region and deviates dramatically from the rare cups collected by Torday, Frobenius, and others. The open mouth, rather than pursed lips, high cheek bones, and strong angular jaw line suggests an expression of both determination and aloofness: appropriate attributes for a woman who must maintain her household responsibilities while pregnant. The hands firmly placed on the abdomen seem to suggest this as well.
The figure’s lower abdomen is covered with a single repeated decorative design. This design repeat, together with a number of other scarification patterns, was recorded in one of Leo Frobenius’ ethnographic notebooks from his expedition in 1905-06. He recorded the design in a Leele community near the confluence of the Kasai and Lulua Rivers.[4] The same pattern was also recorded by Emil Torday in an Ngongo village more than 100 kilometers to the northeast.[5] This suggests that the design was chosen by women across the region to decorate their bodies and was also familiar to the artist who created this cup. This design repeat together with other stylistic features of this magnificent figurative vessel suggests that it was most likely created by an innovative Leele artist, who may have resided to the west of the Kuba heartland. As artists often migrated to centers that supported their craft production, the artist who sculpted this cup may have resided among the Kuba or in a neighboring region where he found enthusiastic support for his innovative creations. The cup is a singular work created by an unknown master carver. Its presentation here may ignite renewed interest and other examples by this artist may be acknowledged.
References from text:
Binkley, David A. and Patricia Darish.
2009 Kuba. Visions of Africa series, 5Continents Editions, Milan.
Frobenius, Leo
1987 Ethnographische Notizen aus den Jahren 1905 und 1906. II: Kuba, Leele, Nord-Kete. Comp. and ed. Hildegard Klein (Stuttegart: Franz Steiner Verlag Wiesbaden GMBH).
Torday, Emil
1925 On the Trail of the Bushongo. London: Seeley, Service and Co., Ltd.
Torday, Emil and T.A. Joyce.
1910 Notes ethnographiques sur les peuples commenement appelés Bakuba, ainsi que sur les, peuplades apparentées. Les Bushongo. Annales du Musee Royal de l'Afriques Centrale, sciences humaines, série in-4 , série IV, II, Tervuren.
[1] Binkley and Darish (2009, 160)
[2] Crowninshield was editor of Vanity Fair magazine from 1914-1936 and one of the founding trustees of the Museum of Modern Art in 1929. He exhibited his large collection of African sculpture at the Brooklyn Museum in 1937.
[3] Torday (1925, 100)
[4] Frobenius (1987, 166)
[5] Torday and Joyce (1910, 160, fig. 203)