Art Contemporain Evening Auction

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View full screen - View 1 of Lot 38. Chipie.

Auction Closed

June 8, 05:57 PM GMT

Estimate

220,000 - 320,000 EUR

Lot Details

Description

Jean Fautrier

1898 - 1964

Chipie


signed and dated 55

oil and mixed media on card laid down on canvas

73 x 54 cm ; 28 ¾ x 21 ¼ in.

Executed in 1955.

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Jean Fautrier

1898 - 1964

Chipie


signé et daté 55

huile et technique mixte sur papier marouflé sur toile

73 x 54 cm ; 28 ¾ x 21 ¼ in.

Exécuté en 1955.

Please note that this work is guaranteed and has received an irrevocable bid. Please also note that the new estimate of the lot is 220 000 - 320 000 euros. Veuillez noter que ce lot est garanti et a reçu un ordre d'achat irrévocable. Veuillez également noter que la nouvelle estimation de ce lot est 220 000 - 320 000 euros.

Sami Tarica, Paris

Acquired from the above by the present owner

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Sami Tarica, Paris

Acquis auprès de ce dernier par le propriétaire actuel

Palma Bucarelli, Jean Fautrier Pittura e Materia, Verona 1960, p. 330, no. 228, illustrated

Yves Peyré, Fautrier ou les Outrages de l'Impossible, Paris 1990, p. 259, illustrated in colour

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Palma Bucarelli, Jean Fautrier Pittura e Materia, Vérone, 1960, p. 330, no. 228, illustré

Yves Peyré, Fautrier ou les Outrages de l'Impossible, Paris 1990, p. 259, illustré en couleurs

Executed in 1955, Jean Fautrier's Chipie is a superlative work belonging to the corpus of paintings succeeding the Otages (Hostages); the body of work which truly cemented the artist's reputation as a formidable and important practitioner. Representing a remarkable conflation of abstract lyricism and intense melancholia, the present work stands as a truly stunning response to human embodiment and experience in the post-war period.


In repudiating the canon of cool geometric abstraction with its detachment from immediate reality, Fautrier and Art Informel opened an artistic dialogue entrenched in visceral materiality and directly tied to raw human experience. In the present work, the thickly textured suggestion of a head lays prostrate and powerless; the hieroglyphs of suffering baring the trace of a fractured and scarred corporeality. The ovoid structure occupying the centre of the picture plane is rendered in fleshy tones, surrounded by a sea of diluted azure. Via his developed technique of Haute Pâte or Matter Painting, Fautrier conjures a direct sensory and physical experience, a reality founded in material tension. Strongly influenced by Art Brut and together with artists such as Jean Dubuffet and Wols, Fautrier pursued an improvisatory methodology and highly gestural technique freed from the conventions of classical easel painting.


The technique was achieved by a rejection of canvas painting; instead Fautrier worked the Haute Pâte onto paper which would then be laid on canvas using a spatula. As outlined by the artist: "The canvas is now merely a support for the paper. The thick paper is covered with sometimes thick layers of a plaster – the picture is painted on this moist paper – this plaster makes the paint adhere to the paper perfectly – it has the virtue of fixing the colours in powder, crushed pastels, gouache, ink, and also oil paint – it is above all thanks to these coats of plaster that the mixture can be produced so well and the quality of the matter is achieved" (Jean Fautrier cited in: Karen Butler, 'Fautrier's First Critics: André Malrauz, Jean Paulhan and Francis Ponge', London 2002, pp. 43-44). It is to this end that Fautrier considered himself a sculptor rather than a painter, carving and moulding his teasingly tangible surfaces to achieve spectral luminosity and raw presence.


Through a mournful testament to the worst betrayals of mankind, the poetic relation between the thick crackled strata and the delicate pastel tones posit Chipie as among the most poignantly elegant of Fautrier's distinguished oeuvre.

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Exécutée en 1955, Chipie de Jean Fautrier, est une œuvre exceptionnelle s’inscrivant dans le corpus qui succède aux Otages, une série d’œuvres qui a particulièrement participé à consolider la réputation de l’artiste en tant que créateur de renom. Représentant une formidable union entre abstraction lyrique et intense mélancolie, cette œuvre se présente comme une réponse à l’incarnation et à l’expérience humaine dans la période de l’après-guerre


En réfutant le canon de l’abstraction géométrique froide de la réalité immédiate, Fautrier et l’Art Informel ont ouvert un dialogue artistique ancré dans la matérialité viscérale, directement liée à l’expérience humaine dans toute sa brutalité. Dans cette œuvre, la suggestion d’un tête prostrée et impuissante, rendue dans une texture épaisse ; les hiéroglyphes de la souffrance, portent la trace d’une corporalité fracturée et meurtrie. La structure ovoïde qui occupe le centre de la composition est rendue dans des tons charnels, flottant dans une mer d’azur délayée. Par le biais de sa technique de « Haute Pâte », Fautrier évoque une expérience physique et sensorielle, une réalité fondée sur la tension matérielle. Fortement influencé par l’Art Brut et des artistes tels que Jean Dubuffet et Wols, Fautrier a poursuivi une méthodologie de l’improvisation et une technique extrêmement gestuelle libérées des conventions de la peinture de chevalet classique.


Cette technique est le résultat d’un rejet de la peinture sur toile ; à la place Fautrier a travaillé la « Haute Pâte » sur du papier qui est ensuite appliqué sur la toile à l’aide d’une spatule. Comme l’a décrit l’artiste : « La toile n’est plus qu’un support pour le papier. Le papier épais est recouvert de couches parfois épaisses d’un enduit – c’est sur cet enduit humide que le tableau est peint, cet enduit fait adhérer d’une manière parfaite la peinture au papier, il a la qualité de fixer les couleurs en poudre, pastels broyés, gouache, encre, et aussi la peinture à l’huile – c’est surtout grâce à ces enduits que le mélange est aussi bien réalisable et que la qualité de la matière est réalisée. » (Jean Fautrier cité dans : Karen Butler, Fautrier’s First Critics : André Malraux, Jean Paulhan and Francis Ponge, Londres, 2002, pp.43-44). C’est dans ce but que Fautrier s’est plutôt considéré comme un sculpteur que comme un peintre, sculptant et modelant ses surfaces tangibles pour en obtenir une luminosité spectrale et une présence brute.


A travers un testament funèbre des pires trahisons de l’humanité, la relation poétique entre les épaisses strates craquelées et les délicats tons pastel place Chipie parmi les œuvres les plus poignantes et élégantes de l’œuvre prestigieuse de Fautrier.