Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques
Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques
Lot Closed
December 16, 01:13 PM GMT
Estimate
18,000 - 25,000 EUR
Lot Details
Description
Siège d'orateur, Iatmul, Fleuve Sépik, Papouasie-Nouvelle-Guinée
haut. 73 cm, long. 30 cm et larg. 30 cm ; 28 3/4 in, 11 6/8 in and 11 6/8 in
Iatmul Speaker Stool, Sepik River, Papua New Guinea
Acquis in situ lors de l'expédition "La Korrigane" (1934-1936) organisée sous les auspices du musée d'ethnographie du Trocadéro
Collection Robert Durand, Pau, ca. 1970
Collection Dominique Delmas, Guetary
Serge Reynes, Paris, ca. 1980
Collection Robert Schrimpf, Paris
Fraysse et associés, Succession de Monsieur Robert Schrimpf, Paris, 26 septembre 2007, n° 94
Galerie Punchinello - Jacques Lebrat, Paris
Collection Loïc Malle, Paris, acquis du précédent en 2004
Dans les sociétés Iatmul, afin de régler des litiges ou des controverses concernant des possessions agricoles ou encore le lignage ancestral, les orateurs se réunissaient dans la Maison des Hommes. A côté du poteau central figurant l’ancêtre clanique soutenant la construction, se trouvait le pupitre qui représentait le frère cadet de l’ancêtre. Au moment où un homme voulait prendre la parole, celui-ci se rapprochait du pupitre et entamait son discours. En langue vernaculaire les pupitres d’orateur sont désignés sous le nom de Kawa Teget, « siège des feuilles » faisant référence au geste de l’orateur qui pour ajouter de la verve à son discours jetait énergiquement des feuilles sur le plateau du pupitre.
Ces joutes verbales étaient l’occasion pour les hommes de faire étalage de leurs connaissances. Gregory Bateson a rapporté en qu’en une soirée les orateurs étaient capable de « garder en mémoire entre dix et vingt mille noms polysyllabiques et [leur] érudition en matière de système totémique est un sujet de fierté pour tout le village » (Naven. A Survey of the problems suggested by a Composite Picture of the Culture of a New Guinea Tribe drawn from Three Points of View, 1936, p. 137). Milan Stanek a également fait l’échos de ces verbiages intellectuels : « Agrembe nous a cité 600 noms de son clan Wenguansap, complétés par plus de 150 noms du clan Yatmel. Sa prestation fut bien plus impressionnante que celle de Maso, Nagwan et Abran car il était seul » (Stanek, Das system der Eigennamen und die Erscheinungsformen der Ahnen, 1983, p. 175, cité dans Sépik, Arts de la Paouasie-Nouvelle-Guinée, 2016).
Sculptés dans des bois durs afin d’en pérenniser l’usage, ces figures représentaient l’un des biens les plus précieux de la communauté. Ils étaient par ailleurs présentés lors d’importantes cérémonies telles que le lancement d’une pirogue de guerre, ou pour être consulté en vue d’une chasse aux têtes.
Comme sur la plupart des pupitres Iatmul on peut voir ici des scarifications dessinées sur le corps de la sculpture. En effet, selon le mythe de la création Iatmul, les hommes ont été engendrés par la bouche d’un crocodile, laissant des traces de crocs et de dents sur tout le pourtour du corps. La figure d’ancêtre de ce pupitre est représentée enfoncé à mi-corps dans le plateau circulaire et quadripède aux pieds arqués. Le caractère exceptionnel de ce pupitre, au-delà de ses qualités esthétiques remarquable, réside dans leur grande rareté ainsi que l’anthropologue Otto Reche l’a rapporté. Celui-ci en particulier a été rapporté, comme en atteste une ancienne étiquette, par la fameuse mission de la Korrigane qui entre 1934-1936, fut un voyage scientifique effectué sous les auspices du musée d'Ethnographie du Trocadéro, Paris.