Art d'Afrique, d'Océanie, d'Indonésie et des Amériques

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View full screen - View 1 of Lot 87. Cimier, Idoma, Nigeria | Idoma Head Crest, Nigeria.

Cimier, Idoma, Nigeria | Idoma Head Crest, Nigeria

Lot Closed

December 16, 02:25 PM GMT

Estimate

40,000 - 60,000 EUR

Lot Details

Description

Cimier, Idoma, Nigeria


haut. 31 cm ; 12 1/6 in


Idoma Head Crest, Nigeria

Christian Duponcheel (1941-2004), Belgique

Peter Adler, Londres

Collection Jenny Armit, acquis au précédent ca. 1977-1979

Rossdale Fleur, Classic Meets Contemporary : Twelve Top Designers Create Interiors for Today, 1998

Los Angeles Times, 13 février 2000 : p. 15.

Trocmé Suzanne, The New Classics. Fresh Ideas for Rooms that Endure, Stewart Tabori & Chang, 2002


C’est en 1958 que Roy Sieber acquiert auprès de la famille d’un sculpteur un masque janiforme désigné sous le terme Ungali. Ce nom fait référence à la flute qui annonçait l'arrivée du porteur de ce cimier lors de funérailles de notables ou cérémonies de divertissement (Central Nigeria Unmasked : Art of the Benue River Valley, Fowler Museum, Los Angeles, 2011 : p.83, fig. 2.53). Ce masque janiforme conservé au National Museum de Lagos présente six têtes réunies par trois sur deux niveaux. Le crâne est surmonté d'un semi de boutons de bois fixés, qui pourraient figurer des fruits ou des graines, et trois représentations d’oiseaux picoreurs. Ce précieux témoignage permet de relier cet exemplaire à celui du Musée de Lagos et à ce corpus de cimiers, considérés par Francois Neyt comme des symboles de fertilité (Neyt F., Les arts de la Benué aux racines de la tradition, 1985) ou de moisson selon Syndey Kesfir (Kesfir S., Art du Nigéria, RMN, Paris, 1997 : pp. 192 et 193).

Bien que ne présentant pas en son sommet de boutons et d’oiseaux, notre cimier porte les anciennes traces de fixation des boutons ainsi que deux trous plus importants sur les parties latérales laissant penser qu'il portait des oiseaux, à l’image du cimier des collections du Musée du Quai Branly (Inv. 73.1996.1.47). De même, la présence d’orifices avec des restes de matières sur les parties latérales des têtes inférieures, pourrait confirmer l’ancienne présence de sections sculptées en forme de bec (voir fig. III 42, p. 125, dans Neyt F., Les arts de la Benué aux racines de la tradition, 1985).


Le nombre de têtes janus pouvant varier selon les modèles, les quatre têtes sphériques disposées ici de façon symétrique sont à rapprocher d’un exemplaire similaire publié dans Central Nigeria Unmasked : Art of the Benue River Valley (p. 83, fig. 2.52). Francois Neyt voit dans la multiplicité des visages « l’ubiquité de l’esprit du masque à qui rien ne peut échapper » (Neyt F., Les arts de la Benué aux racines de la tradition, 1985, p. 129).

Ce cimier de comparaison porte aussi des traces de pigments bleus, juxtaposé au blanc et au rouge, récurrents dans la sculpture au Nigéria. Notre cimier porte plusieurs couches de ces pigments rouge et blanc, qui soulignent un « visage en cœur enveloppé dans une sortie de guimbe » (Neyt F. Les arts de la Benué aux racines de la tradition, p. 124). À cela s’ajoute une belle patine, crouteuse par endroits, témoin de son très ancien usage.

Un exemple de ce type de cimier avec sa polychromie provenant de l’ancienne collection Tishman est conservé au Smithsonian Museum (Inv. 2005-6-89).

L’analyse plus récente de ce corpus très restreint par Sydney Kasfir permet d’attribuer la production de ces cimiers à un maître-sculpteur Igede ou Ogoja de l’aire culturelle de la Cross River.


Ce cimier Idoma est exceptionnel à plus d'un titre. Il compte tout d'abord parmi les rares exemplaires connus de ce corpus, il exemplifie ensuite la qualité d'une sculpture qui retranscrit dans un équilibre saisissant cette symbolique de l'abondance.