Jannis Kounellis

Galeria Carles Taché, Barcelona

Acquired from the above by the present owner

Exh. Cat., Galeria Carles Taché, Kounellis, Barcelona, 2002, p. 25, illustrated 

D’apparence brute et dépouillée, Sans titre témoigne de l’importance octroyée à la figure humaine dans l’œuvre de Jannis Kounellis. Ce dernier place l’individu au cœur de son travail notamment par la présence de pièces vestimentaires qui s’immiscent régulièrement dans son œuvre.

Née au Pirée en 1936, l’artiste fuit la guerre civile qui sévit en Grèce pour s’installer à Rome à l’âge de vingt ans et intègre l’Accademia di Belle Arti. Au cours des années 1960, Kounellis devient une figure de proue de l’Arte Povera aux côtés des artistes Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti et Giuseppe Penone. Ce courant trouve un terreau favorable dans l’Italie d’après-guerre et se construit en lutte avec la culture industrielle et l’idéalisation du consumérisme prônée aux Etats-Unis à dessein de faire émerger une nouvelle identité esthétique authentique et spontanée.

Artiste pluridisciplinaire, l’œuvre foisonnante de Kounellis est dans un premier temps essentiellement dédiée à la peinture puis se diversifie ensuite avec les apports du collage, de la sculpture, de l’installation et de la performance. A partir de 1963, il introduit l’utilisation de matériaux du quotidien dans sa création, et notamment des objets trouvés, élaborant ainsi une production à la lisière entre la peinture, la sculpture et l’installation. Cette pratique lui permet de réduire au minimum son intervention dans la conception de l’œuvre et d’exprimer l’aliénation de la société contemporaine construite sur la civilisation urbaine et industrielle de masse.

Par leur dénuement, les œuvres de Kounellis interpellent et sollicitent l’imaginaire du spectateur. L’absence de titre, caractéristique de l’ensemble de son œuvre, renforce cette idée et permet une interprétation florissante car affranchie du carcan de l’art traditionnel. Dans Sans Titre, l’artiste explore le thème de l’absence et de l’attente. La figure humaine s’insinue par la présence des manteaux – trois sont suspendus au cadre de l’œuvre par des crochets et le dernier est disposé à la hâte sur une étagère – suggérant qu’au terme d’une durée indéterminée ils seront à nouveau endossés par leurs propriétaires, dont l’identité nous est inconnue.

Cette œuvre murale contient de nombreux éléments caractéristiques du vocabulaire artistique de Kounellis faisant écho à la production sérielle et à la froideur industrielle : le panneau ou « feuille de métal » exploitée par l’artiste à la manière d’une toile et à partir de laquelle se déploie la composition, les étagères en acier, les crochets et les manteaux noirs, similaires. Ce dernier élément a eu une importance majeure dans la trajectoire de l’artiste, notamment au cours des dernières années de sa vie. Une exposition intitulée « Jannis Kounellis – Les manteaux » fût ainsi consacrée à ce pan de sa création par la galerie Lelong au début de l’année 2019 rassemblant un ensemble de douze gravures – des empreintes de manteaux imprimées sur de grandes plaques de métal – exposé aux côtés de trois œuvres uniques constituées de manteaux.

A l’automne 2022, le Walker Art Center de Minneapolis présentera une sélection exceptionnelle des œuvres de Jannis Kounellis, constituant la plus grande exposition consacrée à l’artiste aux Etats-Unis depuis sa mort.

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Untitled is a raw and uncluttered work that shows the importance given to the human figure in the work of Jannis Kounellis. He places the individual at the heart of his work, notably through the presence of clothing, which regularly intrudes into his work.

Born in Piraeus in 1936, the artist fled the civil war in Greece to Rome at the age of twenty and joined the Accademia di Belle Arti. In the 1960s, Kounellis became a leading figure in Arte Povera alongside artists such as Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti and Giuseppe Penone. This movement found a favourable breeding ground in post-war Italy and was built in opposition to the industrial culture and the idealisation of consumerism advocated in the United States in order to bring out a new authentic and spontaneous aesthetic identity.

A multidisciplinary artist, Kounellis's abundant work was at first essentially dedicated to painting, then diversified with the contributions of collage, sculpture, installation and performance. From 1963 onwards, he introduced the use of everyday materials into his work, in particular found objects, thus developing a production on the borderline between painting, sculpture and installation. This practice allows him to reduce his intervention in the conception of the work to a minimum and to express the alienation of contemporary society built on mass urban and industrial civilisation.

Through their bareness, Kounellis' works challenge and solicit the viewer's imagination. The absence of a title, which is characteristic of his work as a whole, reinforces this idea and allows for a flourishing interpretation because it is freed from the shackles of traditional art. In Untitled, the artist explores the theme of absence and waiting. The human figure is insinuated by the presence of the coats - three of which hang from the frame of the work on hooks and the last of which is hastily placed on a shelf - suggesting that at the end of an indeterminate period they will be put on again by their owners, whose identity is unknown to us.

This wall piece contains many elements characteristic of Kounellis' artistic vocabulary that echo serial production and industrial coldness: the panel or 'sheet metal' that the artist uses as a canvas from which the composition unfolds, the steel shelves, the hooks and the similar black coats. This last element was of major importance in the artist's career, especially in the last years of his life. An exhibition entitled "Jannis Kounellis - Les manteaux" was thus devoted to this part of his creation by the Galerie Lelong at the beginning of 2019, bringing together a set of twelve engravings - prints of coats printed on large metal plates - exhibited alongside three unique works made up of coats.

In autumn 2022, the Walker Art Center in Minneapolis will present an exceptional selection of works by Jannis Kounellis, constituting the largest exhibition devoted to the artist in the United States since his death.