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Canoe Prow Figure, Malagan, New Ireland | Proue de pirogue, Malagan, Nouvelle-Irlande

Auction Closed

April 22, 02:09 PM GMT

Estimate

50,000 - 70,000 EUR

Lot Details

Description

Canoe Prow Figure, Malagan, New Ireland, Height 34 cm, wood and shell


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Proue de pirogue, Malagan, Nouvelle-Irlande

haut. Height 34 cm ; 13 2/6 in

Acquis in istu par le Capitaine Frederick John Mann (1919-1907), HMS Nelson en 1894
Gallery Stephen Kellner, Sydney
Collection Dr. Hugh Gallagher, Sydney, acquis au précédent en 1973
Collection Christopher et Anna Thorpe, Sydney
Kevin Conru, Bruxelles
Collection privée, Paris
Gallery Stephen Kellner, 1970 : pl. 5/448.
AD - Allemagne, décembre 2019.

Spectaculaires et éphémères, les sculptures malagan de la Nouvelle-Irlande, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, comptent parmi les plus complexes d'Océanie. Chef d’œuvre malagan, cette figure aviaire en bois polychrome ornait autrefois la proue de canoés, appelés « naho ».  La production artistique de cette île de l’archipel Bismarck, a attiré les collectionneurs européens depuis le XIXe siècle. En effet, dans la très célèbre carte « Le Monde au temps des Surréalistes », attribuée à Paul Eluard et publiée par André Breton en 1929, l’archipel se situe au centre de ce monde idéal fantasmé. Cette fascination des Européens pour ces îles d’Océanie ne peut guère nous surprendre, au regard de l’extraordinaire inventivité dont ses artistes font preuve, produisant de magnifiques objets colorés et délicatement gravés.

 

Moyen de transport indispensable aux habitants de l’île, les canoés étaient notamment utilisés pour pêcher et combattre. Objets du quotidien, ils étaient non moins richement ornés par leurs propriétaires. La proue en constituait la pièce maitresse, et représentait généralement une figure animale, connue sous le nom de nguzu nguzu, musu musu, ou toto isu. Celle-ci présente un oiseau sculpté. Michael Gunn écrit à ce sujet : « On ignore aujourd’hui pourquoi certains animaux sont représentés dans l'art du nord de la Nouvelle-Irlande et pourquoi d'autres ne le sont pas. Les poissons, les oiseaux et les serpents constituent une grande partie du répertoire, plusieurs variétés de lézards sont également représentées, de même que la pieuvre occasionnelle. Mais les chiens, les requins et les crocodiles sont tous absents de l'iconographie. Les poissons volants sont probablement l'animal le plus souvent représenté […] Plusieurs spécialistes de la tradition malagan nous ont dit que le poisson volant représente le discours d'un chef, voyageant loin ».[1]

 

Outre sa fonction utilitaire, celle de fendre la mer de façon à assurer une meilleure avancée du bateau, la proue était auréolée d’une fonction symbolique, celle de protecteur surnaturel garant du succès de l’expédition. Elle était censée représenter, ou au contraire protéger, des dangereux esprits marins appelés kesoko. Celle-ci présente un haut degré de raffinement : on distingue très nettement le bec légèrement entrouvert de l’oiseau, de même que les membres de son corps fléchi, sublimé par la magnifique polychromie marquée par un contraste entre le noir et les couleurs chaudes. Les yeux immenses de l’animal rendent sont regard hypnotique, voire inquiétant, de manière à susciter la crainte des adversaires rencontrés sur les mers.

 

Deux pièces similaires se trouvent actuellement au Met Museum de New York (1979.206.1577 et 1978.412.726) et une autre au Museum of Fine Art Boston (1991.1073). 


[1] Gunn, M., et Peltier, Ph., New Ireland: Art of the South Pacific, Paris, 2006 : p. 223.