Livres et Manuscrits : de Cervantès à Houellebecq
Livres et Manuscrits : de Cervantès à Houellebecq
De la bibliothèque de la comtesse de Provence
Six sonates à violon seul. [Vers 1770]. In-4. Maroquin rouge aux armes de la ctsse de Provence.
Lot Closed
June 25, 01:23 PM GMT
Estimate
3,000 - 5,000 EUR
Lot Details
Description
De la bibliothèque de la comtesse de Provence
[Musique] ─ Gioacchino Traversa
Six sonates à violon seul avec la basse dédiées à Madame la Princesse de Provence. Gravé par Mlle Fleury.
[Vers 1770].
In-4 (335 254 mm). Maroquin rouge, large dentelle dorée en encadrement avec pièces d'armes couronnées aux angles, armes poussées au centre des plats, dos à nerfs orné de fers dorés et pièces d’armes, doublure et gardes de tabis bleu (Reliure de l’époque).
Reliure frottée et voilée, un mors fendu, coins légèrement émoussés.
SÉDUISANT EXEMPLAIRE DE DÉDICACE AUX ARMES DE LA COMTESSE DE PROVENCE.
Entièrement gravé, l’ouvrage comporte un titre, un feuillet de dédicace et 29 pages de musique.
Violoniste et compositeur piémontais, né à Bra vers 1745, Gioacchino Traversa fut élève de Pugnani avant d'être nommé premier violon de Victor-Amédée II de Savoie, prince de Carignan. "Il brilla au concert spirituel de Paris, en 1770. On admirait la belle qualité du son qu’il tirait de l’instrument, l’expression de son jeu, et sa facilité dans les traits" (Fétis, p. 390).
Provenance : Marie Joséphine Louise de Savoie, comtesse de Provence (armoiries ; OHR 2549, fer n° 6). ─ La Béraudière (Porquet, 1883, n° 123). ─ André F. Aude (ex-libris armorié avec la devise "Sapere Aude").
Référence : Quentin Bauchart II, p. 317, n° 8 ("Très beau volume"). ─ Fétis, Biographie universelle des musiciens, Bruxelles, 1844, t. VIII.
La bibliothèque de la comtesse de Provence (lots 65 à 97).
Marie Joséphine Louise de Savoie (1753-1810), fille du duc Victor Amédée III, épousa le 14 mai 1771 Louis Stanislas Xavier comte de Provence (futur Louis XVIII), frère cadet de Louis XVI.
"Animée d’un esprit libéral, Louise de Savoie eut son heure de faveur populaire, en défendant au début de la Révolution, ce qu’elle-même appelait, alors, les droits de la nation, et le bruit des explications assez vives qu’elle eut, à ce sujet, avec la reine Marie-Antoinette, lui valut plus d’une fois les applaudissements de la foule" (Quentin Bauchart, II, p. 313-314).
La comtesse de Provence termina sa vie en exil, parcourant l’Allemagne et l’Europe de l’est. Elle mourut en Angleterre en 1810, quelques années avant que son mari ne retrouve le trône.
Cette princesse, qui possédait une bibliothèque à Versailles mais également dans sa résidence de campagne à Montreuil, partageait, avec son époux, le goût des lettres et des arts. Sa bibliothèque comptait plus de 1600 volumes, dispersés pendant la Révolution. Versailles et Fontainebleau se partagèrent les plus importants, d’autres furent vendus ou volés.
Soigneusement reliés en maroquin rouge à ses armes, en pleine ou demi-peau, ses livres témoignent de l’éclectisme de ses goûts : belles-lettres, histoire, géographie, sciences, théologie, musique, etc.
En 1780, la comtesse de Provence avait acheté à Versailles, dans le quartier de Montreuil, un pavillon appartenant au prince de Montbarey. D’autres acquisitions lui permirent ensuite de constituer un vaste domaine de plus de vingt hectares, le Grand Montreuil, où elle aimait se retirer loin des tumultes de la cour. Elle y fit dessiner un parc à l’anglaise ponctué de nombreuses fabriques dont le pavillon de musique, érigé en 1784 par l’architecte Chalgrin.
Les propriétaires de ce pavillon se sont attachés, dès les années 1970, à faire revivre cet élégant bâtiment, unique vestige du Grand Montreuil. Au fil des années, ils ont acquis de nombreux livres provenant de la bibliothèque de la princesse, tentant de reconstituer son environnement familier. Les ouvrages présentés dans cette vente y ont été précieusement conservés jusqu’à aujourd’hui.