Livres et Manuscrits : de Cervantès à Houellebecq

Livres et Manuscrits : de Cervantès à Houellebecq

View full screen - View 1 of Lot 121. Ex-libris lithographié pour Le Corbeau [1875]. Avec envoi à Philippe Burty de Mallarmé et Manet.

Manet, Édouard -- Stéphane Mallarmé

Ex-libris lithographié pour Le Corbeau [1875]. Avec envoi à Philippe Burty de Mallarmé et Manet

Lot Closed

June 25, 02:01 PM GMT

Estimate

2,400 - 3,000 EUR

Lot Details

Description

Manet, Édouard -- Stéphane Mallarmé


Ex-libris lithographié pour Le Corbeau. [1875.]


249 x 283 mm. Papier fin, contrecollé sur carton.

Déchirure latérale gauche sur 35 mm. Brûlure par l'encre à quelques lettres de la dédicace.


EXEMPLAIRE DU CRITIQUE PHILIPPE BURTY, AVEC UN ENVOI DE MALLARMÉ ET DE MANET.


Ex-­libris autographié par Edouard Manet, destiné à illustrer la traduction de Mallarmé du Corbeau d'Edgar Poe (Paris, Lesclide, 1875). Pour cette édition luxueuse, le peintre avait conçu quatre grandes compositions, une vignette pour la page de titre, ainsi que cet ex-libris, destiné à être complété au moment de l'acquisition de l'ouvrage.


Envoi autographe signé de Mallarmé, contresigné par Manet :

"A M. Philippe Burty (la République Française)

Exemplaire offert

par MM. Stéphane Mallarmé.

E. Manet".


L'exemplaire du Corbeau de Philippe Burty n'a pas été répertorié, même si l'on sait qu'il en a possédé un, comme en témoigne cet envoi conjoint de Mallarmé et de Manet, ainsi que la promesse que l'éditeur Lesclide lui avait adressée en mai 1875 : "Le Corbeau ne paraîtra que la semaine prochaine et je vous promets l’un des premiers exemplaires". L'éditeur justifia ce cadeau en écrivant à Auguste Delâtre : "M. Philippe Burty du journal La République française, est en ce moment à Londres, et obtiendra de plusieurs journaux des réclames en notre faveur." (Lettres citées par M. Pakenham). D'autres ex-libris ont été signés conjointement par Manet et Mallarmé avec les mêmes termes (voir celui de John H. Ingram, reproduit par J. Wilson-Bareau & B. Mitchell, p. 280, fig. 122). Proche de Manet, Burty a aussi possédé un des premiers essais lithographiés pour la tête du Corbeau, réalisé en janvier 1875 (aujourd'hui au British Museum, voir idem, p. 114, fig. 114 et p. 286).


Critique d'art, Philippe Burty (1830-1890) contribua, par ses nombreux articles parus d’abord dans la Gazette des beaux-arts jusqu'en 1870-1871, puis dans La République Française, à l'émergence du japonisme (terme qu'il aurait inventé en 1872) ainsi qu'à la renaissance de l'eau-forte et du livre illustré. En 1869, il avait été l'instigateur du volume Sonnets et eaux-fortes (Alphonse Lemerre), recueil pour lequel Édouard Manet donna l'une de ses plus belles gravures ; de son côté, Mallarmé avait proposé son "Sonnet allégorique de lui-même", mais qui était parvenu trop tard à Burty pour faire partie de cette publication (J.-L. Steinmetz, Stéphane Mallarmé, p. 122).


Soutien indéfectible des impressionnistes, Philippe Burty a été l'un des plus fervents défenseurs de Manet ; peut-être est-ce par son intermédiaire que Manet et Mallarmé se rencontrèrent en octobre 1873 (voir J. Wilson-Bareau et B. Mitchell, p. 261 ; J.-M. Nectoux, p. 17). C'est aussi grâce à Burty, qui l'avait hébergé plusieurs fois près de Fontainebleau, que Mallarmé eut l'idée d'installer ses quartiers d'été à Valvins à partir de 1874 (, p. 163).


Provenance : Philippe Burty (envoi).


Référence : J. Wilson-Bareau & B. Mitchell, "Tales of a Raven, The Origins and Fate of Le Corbeau by Mallarme and Manet", Print Quarterly, VI, n° 3, 1989, p. 258-307 (l'exemplaire de Philippe Burty n'y est pas répertorié). ─ M. Pakenham, "A Couple of Feathers from Raven's Tale", Print Quarterly, VII, n° 4, 1990, p. 434-436. ─ J.-L. Steinmetz, Stéphane Mallarmé, biographie, Fayard, 1998.


Nous remercions Mme Juliet Wilson-Bareau et M. Samuel Rodary pour les renseignements qu'ils nous ont aimablement communiqués.


Sur Les Poèmes d'Edgard Poe, Manet et Mallarmé, voir lot 119 et 120.


À propos de Philippe Burty.

Antonin Proust, dans son Édouard Manet, souvenirs (1913), rend cet hommage à Philippe Burty : "son esprit d'initiative a rendu à l’art les plus réels services. Joignant un goût très sûr à une ardeur de polémiste qui se traduisait par des campagnes de presse conduites avec un véritable talent de lettré, il a ouvert à ses contemporains des horizons qui leur étaient presque inconnus. C'est lui qui s'est fait l'un des premiers apôtres de l'art japonais et, dans l’enthousiasme de son apostolat, il ne s’est jamais départi de la prudence avec laquelle on devait recommander les chefs-d'œuvre de l’Extrême-Orient. Mais ce dont je sais, pour ma part, le plus grand gré à Burty, c’est d’avoir soutenu la doctrine de l'unité de l'art, d’avoir affirmé avec une persistance inébranlable que la matière et le procédé sont choses indifférentes et que les expressions de l’art ne se doivent distinguer que par leur degré d’élévation. Cette campagne, il l’a menée avec une maëstria qui lui a valu des témoignages de sympathie de la part de tous ceux qui ont le culte de la vérité et le dédain des préjugés".