La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

View full screen - View 1 of Lot 51. Vêtement d’homme selimut, Amanuban, Niki Niki, Centre du Timor, Indonésie, début du 20e siècle | Man's wrapper selimut, Amanuban, Niki Niki, Central Timor, Indonesia, early 20th century.

Vêtement d’homme selimut, Amanuban, Niki Niki, Centre du Timor, Indonésie, début du 20e siècle | Man's wrapper selimut, Amanuban, Niki Niki, Central Timor, Indonesia, early 20th century

Lot Closed

April 9, 12:51 PM GMT

Estimate

2,000 - 3,000 EUR

Lot Details

Description

Vêtement d’homme selimut, Amanuban, Niki Niki, Centre du Timor, Indonésie, début du 20e siècle


179 x 110 cm (sans franges), 203 x 110 cm (avec franges) ; 70 ½x 43 in (w/o fringe), 79 5/6 x 43 in (w/fringe)

Collection privée, Suisse, avant 1980

Indianapolis Museum of Art, Indianapolis (prêt long terme)

Adams, Threads of Life A Private Collection of Textiles from Indonesia and Sarawak, The Katonah Gallery, 1981 : n.p., n° 29

The Katonah Gallery, Westchester, Threads of Life A Private Collection of Textiles from Indonesia and Sarawak, 7 juin-26 juillet 1981, n° 29

Le territoire indonésien peut s’enorgueillir d’un éventail textile d’une richesse et d’une versatilité incomparable. Dans ce vaste échantillon, les étoffes cérémonielles, dont la dimension intrinsèquement sacrée les conduit parfois à être transmises de génération en génération, répondent à une large variété d’objectifs. Alors que certaines remplissent une fonction décorative, d’autres jouent un rôle central dans divers rites de passage – naissance, transition vers l’âge adulte, mariage, décès… – et d’autres encore deviennent des pièces d’habillement dont le port est souvent régi par un système de lois coutumières, propre à chaque région.


A Timor, la plus vaste des petites îles de la Sonde, l’un des vêtements les plus caractéristiques est le selimut, grand châle porté par les hommes autour des hanches. Si l’étoffe n’est pas unique à l’île, elle se distingue des autres selimut indonésiens par sa taille, particulièrement grande mais également par l’habilité dont font preuve les tisserandes capables d’associer harmonieusement plusieurs techniques de création dans une seule et même pièce. Ce bel exemplaire, qui démontre une grande maitrise de la technique de l’ikat, suit une structure typique des selimut de Timor. La bande centrale, qui s’étend d’une extrémité à l’autre de l’étoffe, présente un décor stylisé bleuté, vaguement anthropomorphe, symétriquement répété selon un axe transversal. Le contraste avec les bandes régulières qui ornent les deux parties latérales n’en est alors que plus visuellement frappant. Les subtils rappels bleutés qui jaillissent parmi le rouge dominant de ces dernières ajoutent à la beauté et à l’équilibre de cette pièce.


Véritables marqueurs sociaux et identitaires, les motifs utilisés pour les selimut puisent très peu dans un répertoire extérieur indien ou chinois. Au contraire, les tisserandes, et particulièrement celles d’Amanuban ou de Miomafo, placent leur environnement immédiat au centre de leur inspiration. Les décors sont ainsi peuplés de figures zoo- et anthropomorphes ou d’éléments traditionnels comme l’arbre à crânes, reflet de la chasse aux têtes pratiquée jusqu’au début du XXe siècle. Au-delà des motifs mêmes, ce sont les couleurs qui assurent au selimut toute sa puissance symbolique.


Si le recours au fil commercial et aux colorants chimiques se fait plus fort depuis le début du XXe siècle, la production des selimut garde la beauté et la maestria qui ont font une des plus reconnues de ce monde insulaire.