La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

View full screen - View 1 of Lot 31. Trois sarongs, Java, Indonésie, début du 20e siècle | Three hip wrappers sarong, Java, Indonesia, early 20th century.

Trois sarongs, Java, Indonésie, début du 20e siècle | Three hip wrappers sarong, Java, Indonesia, early 20th century

Lot Closed

April 9, 12:35 PM GMT

Estimate

5,000 - 7,000 EUR

Lot Details

Description

Trois sarongs, Java, Indonésie, début du 20e siècle


206 x 106 cm ; 81 x 41 4/6 in ; 200 x 104,5 cm ; 78 4/6 x 41 in et 194 x 105 cm ; 76⅜x 41⅓in

Collection privée, Suisse, avant 1980

Indianapolis Museum of Art, Indianapolis (prêt long terme)

Pièce essentielle du vestiaire masculin, comme féminin, indonésien, le sarong se revêt avec une double intention esthétique et identitaire. Si la beauté et la versatilité des motifs teints ou brodés sur ces pièces de coton et de soie en font des pièces résolument et indéniablement belles, elles s’accompagnent d’un subtil message. Arborer un sarong à Java c’est proclamer au monde son identité, son appartenance à une famille ou une communauté, son rang social…


Les trois pièces qui composent cet ensemble remarquable se distinguent par une minutie des détails ; le soin apporté à la composition de chacune de ces sarongs en font véritablement des pièces d’exception. Présentant un décor d’animaux de basse-cour, le premier sarong affecte une subtile déclinaison de teintes rouges et bleues, rehaussée en certains endroits d’un vert plus sombre. La partie principale, au fond méticuleusement orné de minuscules virgules vermeilles, est encadré d’une délicate frise florale. A un décor aviaire plus diversifié encore, le deuxième sarong ajoute tout un bestiaire mythologique qui jouit de la même finesse de représentation que l’ensemble de la composition.


Rompant avec les nuances de bleu et de rouge, le dernier sarong de cet ensemble apparaît comme typique des Chinois Peranakan, descendants des tout premiers immigrants venus de Chine et établis dans les colonies britanniques des Détroits à Malacca, Penang et Singapour. Le motif qui orne sa surface dit kotak seribu (« une centaine de cubes »), variation sur un ancien motif cuken, est synonyme d’abondance ce qui en fait un présent de mariage particulièrement coûteux et apprécié. Quasiment exclusive à la ville de Cirebon, cette singulière forme cubique soigneusement répétée serait un petit clin d’œil à une spécialité locale – des gâteaux réalisés à base de soja fermenté…en forme de petits cubes. Plus large que les motifs qui ornent traditionnellement les sarongs, ces kotak seribu sont véritablement introduits à partir du milieu des années 1870 par les femmes Peranakan, cherchant à affirmer leur différence face à des immigrants chinois fraichement installés.