La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

La Trame du Rêve : l’Art du Textile en Asie du Sud-Est

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Jupe de femme tapis, Lampung, Sumatra, Indonesia, ca.1900 | Woman’s wrapper tapis, Lampung, Sumatra, Indonesia, about 1900

Lot Closed

April 9, 12:10 PM GMT

Estimate

7,000 - 10,000 EUR

Lot Details

Description

Jupe de femme tapis, Lampung, Sumatra, Indonesia, ca.1900


108,5 x 59 cm ; 42⅔ x 23 1/6 in

Collection privée, Suisse, avant 1980

Indianapolis Museum of Art, Indianapolis (prêt long terme)

Breguet et Martin, Art textile traditionnel d'Indonésie : dans les collections privées et publiques de Suisse romande, 1983, couv.

Musée des Arts Décoratifs de la Ville de Lausanne, Art textile traditionnel d'Indonésie : dans les collections privées et publiques de Suisse romande, 15 avril-29 mai 1983.

A la pointe sud de l’île de Sumatra, la province de Lampung a longtemps joui de sa localisation idéale, à la croisée des routes commerciales maritimes. Avec l’essor du négoce du poivre, se développe une noblesse locale, principalement constituée de propriétaires terriens, qui n’hésitent pas à se faire réaliser d’onéreux ornements et vêtements cérémoniels. Parmi ces derniers, les tapis, qui ne sont autres que des sarongs tubulaires abondamment ornés, occupent sans aucun doute une place de choix. Tissés à la main et teints selon les traditions ancestrales, ils se distinguent par les broderies en soie, les incrustations de miroirs ou de mica et les décors aux fils d’or et d’argent qui les embellissent. Les tapis, s’ils appartiennent à un vaste corpus d’étoffes cérémonielles indonésiennes, n’en demeurent pas moins exceptionnels. Leur grande finesse et la multiplicité des techniques utilisées pour les réaliser en font une des plus belles prouesses textiles d’Indonésie.


C’est un système de lois coutumières, dit adat, qui dicte l’usage des tapis comme vêtement rituel. Porté enroulé autour des hanches, il est revêtu par les jeunes femmes durant les rites de passage qui marquent la transition vers l’âge adulte et préparent au mariage. L’adat veut également que les tapis les plus anciens, perdant leur qualité utilitaire, constituent un héritage ancestral sacré et puissant, que l’on consulte avant chaque importante décision.


Le travail décoratif des tapis participe certes de leur puissance rituelle mais agit surtout comme une chatoyante indication visuelle, un moyen subtil de réaffirmer son identité, celle de sa famille et de son clan, son statut social et ses éventuelles connexions. Souvent les compositions intègrent des figures humaines, des animaux mythiques ou réels mais aussi des éléments plus symboliques, comme le motif de la barque rituelle, parfois interprété comme étant la barque des morts.


Ici, à la belle régularité des bandes colorées s’ajoute le travail de broderie, très fin, qui orne cette jupe en deux endroits. Sur un fond noir rehaussé de motifs abstraits au fil blanc, se détache un décor fantasmagorique peuplée de figures qui ne semblent ni tout à fait humaines ni tout à fait animalières. Mise en valeur par des inclusions de rouge, d’ocre et de bleu, la composition brodée nous rappellent la valeur associée à ces pièces pour celles qui, les portant, achevaient leur transition vers le monde des femmes.