Tableaux Dessins Sculptures 1300-1900
Tableaux Dessins Sculptures 1300-1900
Lot Closed
June 30, 04:36 PM GMT
Estimate
30,000 - 50,000 EUR
Lot Details
Description
EMILE FRIANT
Dieuze 1863 - 1932 Nancy
A WOOD-LINE (PORTRAIT OF PÈRE PIDOLE)
Oil on panel; signed and dated lower right E. Friant.85
37 x 46 cm ; 14 1/2 by 18 1/8 in.
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EMILE FRIANT
Dieuze 1863 - 1932 Nancy
UNE LISIÈRE DE BOIS (PORTRAIT DU PÈRE PIDOLE)
Huile sur panneau ; signé et daté en bas à droite E. Friant.85
37 x 46 cm ; 14 1/2 by 18 1/8 in.
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Nancy-Artiste, 25 octobre 1885, no. 34.
Librairie Wiener, Nancy 1885.
We are grateful to the Association Emile Friant who has kindly confirmed the authenticity of this painting, and gave the information on the exhibition and the literature.
Born in 1863 in a village in the Meurthe, at a young age Emile Friant was enrolled in the Ecole des Beaux-Arts in Nancy, where he studied under Théodore Devilly. His gifts were apparent: he exhibited at the local Salon when he was fifteen years old and obtained a scholarship to study in Paris. There, Friant entered Alexandre Cabanel’s studio. An upholder of academism, Cabanel was nevertheless reputed to have an open mind: although he taught his own style, he allowed his young pupils to go their own way as they explored their talents. At the 1880 Salon, Émile Zola described Cabanel’s studio as ‘the school that furnishes naturalism with its recruits’. Émile Friant would indeed subscribe to naturalism, following in the path of Bastien-Lepage, his compatriot from Lorraine, while at the same time he was won over by the approach of the Impressionists, freer than his master’s glacial technique. In 1883, he was awarded the second Grand Prix for Oedipus Cursing his Son Polynices and a few years later he won a gold medal for All Saints’ Day at the 1889 Exposition Universelle. In this work, Friant displays his technical prowess, playing with light variations while not shying away from leaving large areas of black and white. This is also the moment when he establishes himself as a painter of real life – life that is simple but worthy of contemplation.
The painting, exhibited in 1885 and titled Une lisière de bois (a wood-line; on the background, we can recognize the village Bouxières-aux-Dames), shows a fisherman, who can probably be identified as ‘père’ Pidole, whom he had known since his childhood. Elderly caretaker of a lake near Nancy, it is easy to imagine the painter’s heart softening as the old man talked about the lake that none could have cherished more dearly, even though he did not own it. When in 1930 the newspaper L’Est Républicain reported on the conversations between the painter and his model, the journalist could not help but transcribe the simple and sincere love that père Pidole felt for what he described as ‘a pearl from the purest Orient’ – a pearl to which he devoted all his efforts.
In 1904, Friant decided to modify his composition, in accordance with his technique of making alterations based on prints taken from his compositions (ill. 1).
Père Pidole undoubtedly held a place of affection in the artist’s childhood memories, so it is no surprise that he decided to portray him again in a similar setting. This time he is no longer in his boat, but carries a basket and fishing rod slung casually over his shoulder: he is surely returning from the lake for which he is responsible. Presenting an amusing figure, his pose does not seem to have been artificially contrived, but discreetly taken from life. Nature has almost entirely taken over the composition, giving the painter the freedom to play with light in the shadows of the bushes and the bright plain in the background. The brushstroke has become looser, giving a sense of the light breeze that gently ruffles the vegetation.
There is no allegory here, but a work that is surely full of affection for this old man enjoying his familiar pastime, fishing. In the same way as Courbet, Millet and Breton, Friant takes pleasure in depicting this French peasantry, as yet spared from the experience of modern city life. Neglected for a long time in favour of the Italian countryside and Italian models, with the quest for ‘authenticity’ sometimes even leading to staged scenes, rural France attracted a new generation of painters from the middle of the nineteenth century. Seeking to get to the heart of their subject and to the essence of the people who had apparently been forgotten by progress, the naturalist painters strove to get close to real life, a life that did not need to be staged in order to evoke the timelessness of these people who had for so long been disregarded. Pictorial naturalism is expressed here in the social subject, while the symbolism certainly relates to the affection and childlike tenderness that the artist feels for his model.
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Nous remercions l’association Émile Friant qui nous a aimablement confirmé l’authenticité de cette œuvre et communiqué les informations sur l’exposition et la bibliographie.
Né en 1863 dans un village de la Meurthe, Emile Friant entre tôt à l’Ecole des Beaux-Arts de Nancy où il étudie auprès de Théodore Devilly. Doué, il expose au Salon local dès l’âge de quinze ans et obtient une bourse d’étude afin de venir étudier à Paris. Là, Friant entre dans l’atelier d’Alexandre Cabanel. Tenant de l’Académisme, le maître est néanmoins réputé ouvert et quoiqu’il enseigne sa manière, il laisse ses jeunes peintres suivre leur propre voie dans l’exploration de leurs talents. Au Salon de 1880, Émile Zola écrit à propos de l’atelier de Cabanel qu’il était « l’Ecole qui fournit au naturalisme ses recrues ». Ce naturalisme, Émile Friant devait l’adopter et se placer dans la lignée de son compatriote lorrain Bastien-Lepage, tandis que de même, il allait se laisser séduire non par la touche glacée de son maître mais par celle plus libre des Impressionnistes. En 1883, il remporte ainsi le second Grand Prix avec Œdipe maudissant son fils Polynice puis une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889 avec La Toussaint. Dans cette œuvre, Friant s’impose comme un grand technicien en jouant des variations de la lumière tandis qu’il n’hésite pas à laisser de grandes plages de blanc et de noir. Par ailleurs, il s’affirme dès lors comme un peintre de la vie réelle, simple mais digne de contemplation.
Le tableau, exposé en 1885 sous le titre Une lisière de bois (l’on voit dans le fond se détacher le village de Bouxières-aux-Dames), met en scène un pécheur dans lequel on doit sans doute reconnaître le père Pidole, personnage connu de son enfance. Vieux gardien d’un étang près de Nancy, nous imaginons le peintre attendri lorsque le vieil homme lui parlait de cet étang qui, bien qu’il ne le possédât pas, n’eût pu trouver personne le chérissant tant. Lorsque L’Est Républicain rapporte les échanges entre le peintre et son modèle en 1930, le journaliste ne peut s’empêcher de retranscrire l’amour simple et sincère que le père Pidole porte à ce qu’il nomme une « perle du plus pur Orient », perle à laquelle il porte tous les égards.
En 1904, Friant choisit de retoucher sa composition selon sa technique de repentir grâce aux épreuves tirées de ses compositions (ill. 1). Personnage sans doute cher à ses souvenirs d’enfant, il n’est pas étonnant que le peintre décide de le représenter une nouvelle fois et dans des circonstances similaires.
Non plus dans sa barque mais une canne à pêche nonchalamment jetée sur son épaule, son panier sous le bras, le père Pidole s’en revient sûrement de l’étang dont il avait la garde. Figure amusante, le vieil homme apparaît comme un modèle dont la pose ne semble pas avoir été contrainte mais discrètement saisie sur le vif. La nature a presqu’entièrement gagné notre composition, laissant au peintre la liberté de jouer avec une lumière à l’ombre des buissons et brillante dans la plaine en arrière-plan. Le pinceau se fait plus libre et nous offre à sentir la brise légère qui agite délicatement la végétation.
Ici, nulle allégorie mais une œuvre sans doute pleine d’affection pour ce vieil homme s’adonnant à son plaisir habituel de la pêche. A l’instar de ce qu’avaient pu faire Courbet, Millet ou Breton, Friant se plaît à représenter ce peuple paysan français encore épargné par la modernité de la ville. Longtemps délaissée pour une campagne et des modèles italiens, ce parfois jusqu’à une mise en scène en quête d’« authenticité », la ruralité de notre pays attire une nouvelle génération de peintres dès la moitié du XIXe siècle. Souhaitant aller au cœur du sujet, au cœur de l’incarnation d’un peuple que le progrès semble avoir oublié, les peintres naturalistes désirent se rapprocher de la vie véritable, de celle qui n’a pas besoin de mise en scène pour incarner le peuple et son intemporalité longtemps mise de côté. Le naturalisme pictural s’exprime ici dans le sujet social tandis que le symbole se rapporte certainement à l’affect du peintre et la tendresse d’enfant qu’il a pour son modèle.
Ill. 1, Emile Friant, Le pêcheur, inv. 2006.2.9.(39), Nancy, Musée des Beaux-Arts © Ville de Nancy, cliché P. Buren.