Tableaux Dessins Sculptures 1300-1900
Tableaux Dessins Sculptures 1300-1900
Auction Closed
December 3, 07:24 PM GMT
Estimate
30,000 - 50,000 EUR
Lot Details
Description
GIUSEPPE CADES
ACHILLES AMONG THE DAUGHTERS OF LYCOMEDES
Signed lower right Giuseppe Cades / Roma (?)
Black chalk, brown ink, grey and brown wash on paper
44,6 x 62,3 cm ; 17½ by 24½ in.
__________________________________________________________________
GIUSEPPE CADES
Rome 1750 - 1799
ACHILLE ET LES FILLES DE LYCOMÈDE
Signé en bas à droite Giuseppe Cades / Roma (?)
Pierre noire, encre brune, lavis gris et brun sur papier
44,6 x 62,3 cm ; 17½ by 24½ in.
Probably collection of Jean-Pierre Marcassus de Puymaurin (1757-1841), major collector in Toulouse.
In the same aristocratic family since several generations.
__________________________________________________________________
Probablement collection de Jean-Pierre Marcassus de Puymaurin (1757-1841), grand collectionneur toulousain et amateur d’art.
Resté dans la même famille aristocratique depuis plusieurs générations.
This masterly leaf and the two that follow, representing scenes in the life of Achilles, are major discoveries informing the œuvre of Giuseppe Cades and fitting perfectly into the ensemble of known drawings by the artist.
Maria Teresa Caracciolo dates this series to the 1770s; Cades was then only around twenty years old, but he had already won a drawing prize in 1765 at the Accademia di San Luca in Rome, which he left at last the following year to visit Florence. There he particularly admired works by Raphael and Michelangelo, who were a profound influence on his work.
Cades found his connection with the Mannerism of the Renaissance, making a clean break with traditional Roman painting of the eighteenth century. His independent career now began as he received his first official commissions, and in the Roman artistic milieu he made the acquaintance of painters and sculptors who left their mark on his development, for example Johann Heinrich Füssli (1741-1825) and Antonio Canova (1757-1822).
The three present drawings are a particularly accomplished example of the original style that Cades had made his own, combining the Mannerism of the sixteenth century with the influence of the artists in his entourage. The power that radiates from his compositions, the emphasis on musculature, the attention paid to the abundant drapery, the figures who project out of the foreground thanks to their emphatic contours – these characteristics all recall Renaissance Mannerism, but there are also stylistic elements that owe a debt to the art of his contemporaries, and especially to Füssli, whose influence stands out particularly in some of the expressions of the figures in profile.
In these three drawings, the Mannerist forms, the expressive force and the nervous energy of the figures are no less important than the elegant line characterising the Neo-Mannerist style that the artist made his own, going against the tide of Italian academic art in the second half of the eighteenth century.
Subject matter drawn from the Iliad was particularly favoured by Cades during the 1770s, perhaps in response to the recent translation of the poem by Melchiorre Cesarotti (1730-1808). There are many works that reflect this, notably the very fine drawing of Briseis Leaving Achilles’ Tent, from the Jeffrey E. Horvitz collection, sold at Sotheby’s New York (23 January 2008, lot 102; sold for 253,000USD). See also the drawing of Achilles Receiving the Ambassadors of Agamemnon, in the Musée du Louvre in Paris (inv. 2948), as well as Achilles and Briseis, in the Musée Fabre, Montpellier (inv. 877-I-8).
The three drawings depict complementary episodes: firstly the education of Achilles, then his discovery by Ulysses with the daughters of Lycomedes, and finally, after his death, the suicide of Ajax.
Masterpieces of energy and power, these three drawings are perfect examples of Cades’ youthful work, as he adapted Renaissance Mannerism to define his own style, at a time when Neo-Classicism was just beginning to emerge.
When a soothsayer predicts that Thetis’ son Achilles will die while fighting in the Trojan War, she sends him for his protection to the court of King Lycomedes, where he must disguise himself as a woman so as to remain concealed from the warriors. Ulysses, charged with finding the man who would be the hero of the war, uses trickery to achieve his ends. When he arrives at the court of Lycomedes, he brings gifts of jewels, but slips weapons among them. Achilles immediately picks a weapon, revealing his identity. Cades shows the very moment when the young man brandishes a sword and puts on a helmet, with a shield at his feet, while behind him the daughters of Lycomedes admire the necklaces and jewels that Ulysses has brought. Meanwhile Ulysses, on the right of the composition, recognises Achilles. Although dressed as a woman, Achilles’ look of determination is unmistakable, contrasting with the expressions of the women behind him. These are reminiscent of Füssli’s strange, captivating female figures.
__________________________________________________________________
Découvertes majeures dans l’œuvre de Giuseppe Cadès, cette feuille magistrale et les deux suivantes s’inscrivent parfaitement dans l’ensemble de dessins que nous connaissons de l’artiste, représentant des scènes de la vie d’Achille.
Maria Teresa Caracciolo date cette série des années 1770 ; Cadès n’a alors qu’une vingtaine d’années, mais il a déjà remporté un prix de dessin en 1765 à l’Accademia di San Luca, qu’il quitte finalement l’année suivante pour voyager à Florence. Il y admire notamment les œuvres de Raphaël et Michel-Ange, qui influencent son art en profondeur.
Cadès renoue en effet avec le maniérisme de la Renaissance, rompant totalement avec la peinture traditionnelle romaine du XVIIIe siècle. Il commence alors un parcours indépendant, recevant ses premières commandes officielles, et il rencontre au sein du milieu artistique romain des peintres et sculpteurs qui marquent son évolution, tels que Johann Heinrich Füssli (1741-1825) ou encore Antonio Canova (1757-1822).
Les trois dessins que nous présentons sont un exemple particulièrement abouti de ce style original et propre à Cadès, combinant à la fois le maniérisme du XVIe siècle, et l’influence des artistes de son entourage. Si la force qui se dégage de ses compositions, l’accent mis sur les musculatures, le soin apporté aux drapés abondants, la présence des figures qui ressortent au premier plan grâce à leurs contours fortement marqués, rappellent le maniérisme de la Renaissance, nous retrouvons également des éléments stylistiques issus de l’art de ses contemporains, et notamment de Füssli dont l’empreinte est particulièrement notable dans les expressions de certains profils.
Dans ces trois dessins, les formes maniéristes, la puissance qui se dégage de ces œuvres, la nervosité des figures ne cèdent en rien à l'élégance des traits qui caractérise le style néo-maniériste propre à l’artiste, à contre-courant de l’art académique italien de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Quant au thème de l’Iliade, il est l’un des sujets privilégiés de Cadès dans les années 1770, peut-être suite à la récente traduction du poème par Melchiorre Cesarotti (1730-1808). De nombreuses œuvres s’en font l’écho. Jusqu’alors, nous était parvenu notamment le très beau dessin représentant Briséis quittant la tente d’Achille, issu de la collection de Jeffrey E. Horvitz et vendu chez Sotheby’s à New York (vente du 23 janvier 2008, lot 102 ; vendu pour 253.000 dollars). Citons également Ulysse et Nestor venant chercher Achille sous la tente de Patrocle, conservé au musée du Louvre à Paris (inv. 2948) ou encore Achille et Briséis, conservé au musée Fabre, à Montpellier (inv. 877-I-8).
Les trois dessins représentent des épisodes complémentaires : d’abord l’éducation d’Achille, puis sa découverte par Ulysse auprès des filles de Lycomède, et enfin après sa mort, le suicide d’Ajax.
Chefs-d’œuvre de force et de puissance, ces trois dessins sont une parfaite illustration de l’œuvre de jeunesse de Cadès, qui s’empare du maniérisme de la Renaissance pour définir son style propre, à l’orée du néo-classicisme naissant.
Lorsqu’un devin prédit à Thétis que son fils mourrait en participant à la guerre de Troie, elle l’envoie pour le protéger, à la cour du roi Lycomède, où Achille doit se déguiser en femme afin de ne pas être reconnu par les guerriers. Ulysse, chargé de trouver celui qui devait être le héros de la guerre, emploie la ruse pour parvenir à ses fins. Lorsqu’il arrive auprès de Lycomède, il présente des bijoux, mais glisse parmi les parures des armes dont s’empare immédiatement Achille, ce dernier trahissant ainsi sa couverture. Cadès représente ce moment précis où le jeune homme brandit l’épée et se coiffe d’un casque, un bouclier à ses pieds, alors que derrière lui les filles de Lycomède contemplent les colliers et bijoux apportés par Ulysse. Celui-ci, représenté à droite de la composition, reconnaît Achille. Quoiqu’habillé en fille, son expression ne laisse pas place au doute : son air déterminé contraste avec celui des femmes derrière lui. Celles-ci évoquent quant à elles les étranges et envoûtantes figures féminines de Füssli.