Bibliothèque R. & B. L. : une décennie de ventes

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LEGER. Lettre autographe signée à Léonce Rosenberg, 1918. Sur le contrat qu'il propose à son marchand.

Lot Closed

June 17, 04:09 PM GMT

Estimate

2,000 - 3,000 EUR

Lot Details

Description

LÉGER, FERNAND


LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À LÉONCE ROSENBERG, DATÉE SAMEDI 16 MARS [19]18 - HÔPITAL VL 40 VILLEPINTE (S. ET O.).


7 pages et demie in-12 (173 x 130 mm), sous chemise demi-maroquin bleu moderne.


"J’ai l’intention de faire des tableaux très complets mais à ma manière qui ne sera jamais celle des autres."

Léger expose les grandes lignes du contrat qu’il propose à son marchand.


Comme le peintre le précise dans son post-scriptum, il s’agit là d’une lettre sans équivoque et nette. En désaccord avec son marchand, Léger défend avec une redoutable fermeté son œuvre et ses intérêts. Il réplique aux reproches de Rosenberg en lui soumettant un véritable contrat, qu’il transcrit minutieusement sur les dernières pages de sa lettre.


Votre lettre n° 20.252 me parvient ici où je suis un temps indéterminé en attendant ma réforme. Je suis plus mal fichu que je ne croyais et l’on ne peut paraît-il me renvoyer chez moi que dans certaines conditions physiques. J’attends donc patiemment et comme on refuse toute permission pour Paris j’ai le regret de ne pouvoir aller vous voir et d’être obligé de vous écrire. Ce qui a déterminé ma dernière lettre […] ce n’est pas uniquement votre avant-dernière, non, c’est l’impression que j’avais que vous vous étiez engagé trop rapidement avec moi. (Demande de diminution de prix, objections sur facture, halte sur surproductions) (vous avez de moi 9 toiles en 4 mois) tout cela m’a fait croire à une précipitation de votre part... Vous comprenez bien que je ne suis nullement le monsieur qui veut vous faire avaler sa peinture par surprise […] n’oubliez pas que mon évolution quelle qu’elle soit ira toujours vers une tendance forte et non décorative. J’ai l’intention de faire des tableaux très complets mais à ma manière qui ne sera jamais celle des autres. Je n’ignore pas je vous l’ai écrit les nécessités commerciales nous sommes entendu la dessus […] C’est d’un intérêt commun. Tout ce qui a été convenu entre nous à ce point de vue aussi bien écrit qu’oral. Je n’en déplace pas un mot ni une ligne […] Je considère d’ailleurs nos conventions actuelles comme exactement les mêmes que celles d’un traité complet et j’agis de même c’est-à-dire en évitant de disperser d’une façon maladroite le peu d’œuvres que vous laissez à ma disposition. Je crois que je suis assez clair — en tous cas je m’efforce de l’être […]. Il pense que, dans l’état actuel des choses, le mieux est de fixer sur papier nos conventions que j’envisage comme suit et que je vous propose.


Sur les pages suivantes, Léger établit les bases de sa future collaboration avec le marchand. Rosenberg aura un droit d’achat à première vue sur toute sa production artistique pendant la durée de la guerre ; est aussi prévu un traité de 3 années ferme et complet sur toute la production pendant ou après la guerre. Le marchand s’engage en outre à exposer toujours dans sa galerie des tableaux récents, à organiser à l’étranger […] au moins une exposition annuelle, et à faire dans le délai de 3 ans une exposition générale et totale de toutes les œuvres de M. Léger depuis 1896 […]. Le peintre se réserve un droit absolu d’illustrations d’œuvres littéraires et poétiques, etc. Voilà, conclut-il, et je m’engage à signer cela sur papier timbré demain si vous voulez.

En post-scriptum (signé des initiales), il lui demande une réponse rapide, et ajoute : Je m’organise ici pour pouvoir peindre — le Médecin-chef étant un homme charmant. Je pense pouvoir.


Lettre passionnante de Léger à son marchand, rare de cette époque.


Correspondances, Fernand Léger, Léonce Rosenberg, Correspondance 1917-1937, Paris, Centre Georges Pompidou, 1996, p. 27