Sculpture : Afrique, Océanie, Amériques

Sculpture : Afrique, Océanie, Amériques

View full screen - View 1 of Lot 37. Tabouret, Dan, Liberia | Dan Stool, Liberia.

Tabouret, Dan, Liberia | Dan Stool, Liberia

Lot Closed

December 4, 03:37 PM GMT

Estimate

80,000 - 120,000 EUR

Lot Details

Description

Tabouret, Dan, Liberia


haut. 25 cm ; 9 ⅞ in



Collection Dr. George W. et Winifred J. Harley, Merry Point (Virginia), acquis entre 1925 et 1960
Collection Allen C. Davis, Alexandria, acquis auprès du précédent en 1962-63
Sotheby's, New York, 16 mai 2013, n° 86
Collection privée européenne, acquis lors de cette vente

C’est entre 1925 et 1960 que George Way Harley (1894-1966), en voyage au Liberia, aurait acqui in situ cet exceptionnel siège Dan. Missionnaire, médecin et intellectuel, George Way Harley entreprend ce voyage en Afrique au milieu des années 1920 après ses études de médecine à Yale puis à la London School of Tropical Medecine and Hygiene. Il se rend en Afrique de l’ouest en 1925, accompagné de sa femme Winifred. C’est au cours d’un voyage au Liberia que le couple Harley fonde la Ganta Mission en 1926, ce qui permit la construction d’infrastructures médicales, scolaires, et religieuses dans la région de Ganta. Parallèlement à cette entreprise humanitaire, George Way Harley se consacra à de nombreux travaux de recherche relatifs à l’histoire de la médecine du continent africain et s’intéressa tout particulièrement aux rituels initiatiques auquel s’adonnent certaines populations locales, intérêts qui se concrétisèrent par des publications qui auront permis d’étendre la connaissance européenne de ces peuples Dan et Mano et plus spécifiquement de leurs pratiques rituelles (Notes on the Poro in Liberia, 1941 ; Tribes of the Liberian Hinterland, 1947). C’est dans ce contexte qu’il fit l’acquisition de plus de mille objets, dont une grande partie concentre des objets utilisés par ces populations du Liberia dans le cadre de rituels initiatiques Poro. Parmi l’ensemble des objets dont George W. Harley fit l’acquisition, un important ensemble principalement acquis avant 1946 fut léguée au Peabody Museum of Archaeology and Ethnology de l’Université de Havard.


Les recherches relatives à l’usage de ces tabourets Dan sont relativement rares. Dès lors, notre connaissance de leur fonction précise demeure très partielle. S’il est établi que leur création est en corrélation avec les pratiques rituelles des populations Dan, mais également Mano, on ne peut cependant pas identifier très précisément le type de rituel dont il est question. L’hypothèse de William Siegmann (1943-2011), spécialiste des arts du Liberia et du Sierra Leone, selon laquelle ces tabourets, utilisés par les Dan ainsi que par les autres populations environnantes étaient destinés à des pratiques d’excision et de circoncision des jeunes hommes et des jeunes femmes semble être la plus plausible. En effet, leur petite taille laisse penser que l’on utilisait ces sièges de manière exceptionnelle. Toutefois, nous ne savons pas si ces sièges étaient destinés aux personnes excisées ou bien à ceux qui la pratiquait.


La grande rareté des tabourets Dan, dont moins d’une trentaine d’exemplaires nous sont connus, confère à cet objet un caractère d’exception. Ces sièges se caractérisent le plus souvent par une grande simplicité d’exécution. Nous pouvons en effet en particulier remarquer l’absence d’ornementations de ce siège. S’il existe des tabourets sur lesquels figurent des caractères zoomorphes (Chaim and Renee Gross, New York, 15 mai 2009, Sotheby’s New York), leur structure suit le plus souvent celle d’un sablier. Deux cylindres de taille et au volume identique sont reliés par un élément central sur lequel figurent deux visages anthropomorphes Janus sculptés caractéristique de la statuaire Dan. On distingue ainsi les yeux, sculptés en de minces fentes quasi imperceptibles. Le nez et la bouche sont quant à saillant sur un visage convexe. L’arête du nez est sculptée dans un mouvement de continuité atteignant le front et créant ainsi une certaine symétrie par son alignement à la structure verticale du tabouret. De part et d’autre, des reliefs sont creusés de manière à créer un effet de volume qui suit une fois de plus une certaine symétrie. L’observation attentive de ce rare tabouret Dan et l’étude de la finalité rituelle permettent de saisir la remarquable habileté et créativité des sculpteurs Dan d’une part, ainsi que de saisir la charge symbolique que lui confère le contexte de son utilisation, loin d’être parfaitement élucidée aujourd’hui.