Statue, Hemba, République Démocratique du Congo | Hemba figure, Democratic Republic of the Congo

Lot Closed

December 4, 03:54 PM GMT

Estimate

200,000 - 250,000 EUR

Lot Details

Description

Statue, Hemba, République Démocratique du Congo


haut. 58 cm ; 22 5/6 in



Collection Tony Jorrissen, Hasselt, Belgique, ca. 1972
Alain de Monbrison, Paris, 2008
Sarah de Monbrison, Bruxelles
Collection privée française
Fascinerend Africa Kiik op Cultuur, Hasselt, 1985, couverture, n.p. 
Tribal Art Magazine, n° 82, Hiver 2016, p. 37
Hasselt, Belgique, Kredietbank, Fascinerend Africa Kiik op Cultuur, 19 octobre - 9 novembre 1985
Paris, Grand Palais, XXIVe Biennale des Antiquaires, 11 - 21 septembre 2008
Bruxelles, Tour et Taxis, BRAFA, 21 - 29 janvier 2016

Tony Jorissen est un collectionneur belge bien connu pour son érudition et la qualité des objets sur lesquels il porta son dévolu. Installé à Hasselt, il se consacra principalement depuis les années 1960 à l’art et l’histoire d’Afrique centrale, du Congo en particulier. Il publie en 1985 Fascinerend Afrika : kijk op cultuur dont cette statue d’ancêtre Hemba illustre la couverture. Il organise en 2006 une première exposition de sa collection à Hasselt. Chercheur insatiable il possède une impressionnante bibliothèque de plus 5000 ouvrages consacrés au sujet. Il publie en 2010 De Lunda en de Tshokwe de Shaba à l’occasion d’une exposition au Musée Flamands des Frères Mineurs. Ce livre est le résultat de plus de 10 ans de recherches dans les archives des Frères Mineurs qui furent présents comme missionnaires au Katanga occidental de 1920 à 1950. Cette publication est la première à couvrir en détail cette partie du Congo et fait référence aujourd’hui.


Ces effigies d’ancêtres Hemba représentent des princes Hemba défunts. Elles traduisent par leur force et leur tranquille stabilité le rôle de l’ancêtre veillant sur son lignage et ses terres et dont les mains placées sur le ventre sont signes de source de vie. Neyt souligne que « La statue d’ancêtre revêt une fonction religieuse en même temps qu’elle conserve la mémoire des généalogies et par la reflète un pouvoir socio-politique de génération en génération. » (Neyt, , 1977 : 480). Ces sculptures faisaient, en effet, l’objet d’un culte au sein d’une hutte funéraire, sorte de mausolées de chefs comparable aux huttes d’habitation, mais plus petite ou étaient conservées dans la case de chef de village. Par ailleurs, de par leur statut d’icône fondamentale tournée vers l’au-delà et reliant mystérieusement le monde des vivants à celui des morts, elles maintenaient le souvenir des ancêtres et l’équilibre du lignage assurant ainsi une certaine forme de stabilité politique au sein du clan.


Cette figure d’ancêtre Hemba doit être rapproché du style Niembo méridional de type classique (groupe 1) tel que François Neyt l’a identifié (Neyt, , 1977 : 59-91 et 435-436). En effet, elle présente toutes les caractéristiques lui permettant d’être rattaché au groupe de sculptures produites dans la région de Mbulula située à mi-chemin entre le fleuve Congo et le lac Tanganyika : un visage ovoïde aux lignes sobres, le front largement dégagé jusqu’au sommet du crâne ; les yeux mi-clos dans des orbites circulaires surmontés de sourcils en relief ; nez mince allongé avec des narines légèrement épatées ; bouche aux lèvres épaisses avec le pli du philtre nasale apparent ; petites oreilles rondes décollées ; collier de barbe composé de quatre rangées de losanges taillés, le diadème de trois rangées de carrés bizautés ; la coiffure est ronde légèrement quadrilobée composée de plusieurs tresses enlacées dans un motifs cruciforme ; le cou est strictement cylindrique, massif, avec la pomme d’Adam légèrement saillante ; le haut du dos est arrondi par l’avancement des épaules et des bras qui tombent dans un mouvement de zig-zag rigide sur le ventre ; les mains sont taillées en biseau ; le thorax proéminent se prolonge par un ventre arrondi reposant sur des fesses et des jambes trapues légèrement arquées. Cette description détaillée nous permet de rapprocher très étroitement cette statue de celle de la Collection Sydney Clyman, New York (Neyt, 1997 : 81, n° I, 10) ou dans une moindre mesure de celle de la Collection Pierre Guerre (Sotheby’s, 15 juin 2011, n° 98) ou encore du Musée Royal d’Afrique central de Tervuren (n° 72.1.1) provenant également de la région de Mbulula Cette sculpture s’intègre remarquablement dans le corpus des figures d’ancêtre et reflète par sa beauté et son harmonie le grand style des Niembo méridionaux. Elle traduit le talent de l’atelier d’un maître sculpteur important de Mbulula, centre névralgique coutumier majeur sur l’axe Kongolo-Nyunzu-Niemba. Elle se rapproche des œuvres princières majestueuses et par son ancienneté confirmée par l’enduit noir laqué qu’elle présente, par son élégance et l’harmonie de ses formes et les détails du visage au réalisme idéalisé et de la coiffe en particulier s’affirme en tant qu’œuvre de premier ordre.