Lot 74
  • 74

SINGE, BAULÉ, CÔTE D'IVOIRE |

Estimate
70,000 - 100,000 EUR
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Description

  • haut. 60 cm ; 23 5/8 in

Provenance

Collection Louis-Joseph Barot (1873-1951), Paris, ca. 1903
Merton D. Simpson (1928-2013), New York
Collection Marceau Rivière, Paris, acquis ca. 1984

Exhibited

Paris, Ecole Supérieure Internationale d'Art et de Gestion, Art Africain, 23 avril - 3 mai 1991
Biot, Musée national Fernand Léger, Léger et le spectacle, 1er juillet – 2 octobre 1995
La Flèche, Château de Carmes, Arts premiers de Côte d'Ivoire, 11 janvier - 3 mars 1997 / Nogent-le-Rotrou, Musée municipal du Château Saint-Jean, 8 mars - 28 avril 1997
Paris, Galerie Ratton-Hourdé, Baoulé. Collection de Marceau Rivière, 14 juin - 27 juillet 2002

Literature

"Le 'Globe Trotter' chez le Docteur Barot", Le Globe Trotter - Journal illustré, 1903, vol. 2, n° 68, p. 326
Arts et valeurs, 1989, n° 6, p. 24
Rivière et Lehuard, Art africain, 1991, n° 13
Hédel-Samson, Fernand Léger et le spectacle, 1995, p. 29
Boyer, Girard et Rivière, Arts premiers de Côte d'Ivoire, 1997, p. 103 et 133, n° 103
Ratton, Hourdé et Vogel, Baoulé. Collection de Marceau Rivière, 2002, p. 59-60
Danis et Classens, Singes Baulé, 2016, p. 18-19, n° 11
"Special Pilat", Tribal Art Magazine, Printemps 2017, n° 83, p. 134, n° 2

Catalogue Note

Publié dès 1903 dans Le Globe Trotter - Journal illustré, le singe Baulé de la Collection Marceau Rivière est sûrement l’un des premiers témoins connus de ce corpus si singulier. Antithèse des sculptures anthropomorphes qui, en pays Baulé, reflètent l'acmé de l'idéal de beauté, les statues cynocéphales porteuses de coupe frappent par leur puissance, à la frontière de la sauvagerie et de la férocité. Ces œuvres, longtemps mécomprises et délaissées par les africanistes seraient pourtant, selon une récente étude, l'une des plus anciennes traditions sculpturales des Baulé (Danis et Claessens, Singes baulé, 2016, p. 31). Image d'un esprit de la brousse (amuin), cette figure présente les caractères classiques du corpus :
association hybride, dictée au sculpteur par le devin amuinfwe, d'un corps anthropomorphe et d'une tête zoomorphe (ici du babouin, identifié par son museau carré) ; gestuelle d'offrande des deux mains présentant la coupe et impressionnante patine croûteuse avec des inclusions de matières sacrificielles, signe d'un long usage rituel.

Cette œuvre témoigne magistralement, tant par sa prégnance que par la dynamique sculpturale, du talent individuel du sculpteur. La force ambivalente et incontrôlable, inhérente à l'esprit de la brousse qu'elle personnifie, trouve son apogée dans la puissance expressionniste de la tête simiesque, dont la gueule ouverte aux dents apparentes renforce le regard perçant marqué par des orbites profondes. Par l'ensemble de ses qualités, cette œuvre incarne remarquablement « cet art baulé, que son ancienneté, sa rareté, sa grande taille et sa plastique puissance rendent exceptionnel » (Vogel in Claessens et Danis, Singes baulé, 2016, p. 8).

Published for the first time in 1903 in Le Globe Trotter - Journal illustré, this Baule monkey from the Marceau Rivière Collection is one of the first published pieces from this unique corpus. In contrast to the more common anthropomorphic sculptures that reflect the apex of beauty ideals within the Baule region, these powerful “dog-headed”, bowl-bearing figures border on appearing savage and ferocious. Though these sculptures were long misunderstood and neglected by scholars, a recent study has established them as one of the oldest sculptural traditions of the Baulé (Danis and Classens, Baulé Monkeys, 2016, p. 31).

This figure depicts the image of a bush spirit (amuin) and presents the classic characteristics of the corpus. A hybrid tradition, dictated to the sculptor by the diviner amuinfwe, it is composed of an anthropomorphic body and a zoomorphic head (here, a baboon, with its distinctive square snout) poised in a gesture of offering with both hands bearing the bowl. Its impressive layered patina with inclusions of sacrificial materials is sign of a long ritual use.

This work, in both its importance and its sculptural dynamics, is a masterful testimony to the sculptor’s individual talent. The expressionist power of the simian head, whose open mouth with exposed teeth is compounded by the piercing gaze, embodies the ambivalent and uncontrollable force inherent in the personified bush spirit. This work remarkably embodies the qualities of “these exceptionally old, rare, large and sculptural powerful Baule artworks” (Vogel, idem, p. 9).